
Titre original: | Calvaire |
Réalisateur: | Fabrice Du Welz |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 16 mars 2005 |
Note: | |
Marc Stevens est un chanteur itinérant. A l'hospice, le concert est terminé. Celui-ci reprend la route, mais il tombe en panne au milieu de nulle part. M. Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que son épouse Gloria l'a quitté, le recueille.
C'est alors que commence le cauchemar de Marc : M. Bartel voit en lui l'incarnation de son ex-femme et tout le village est persuadé que celle-ci est rentrée au pays.
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
L'horreur à la française n'a pas bonne réputation, ce qui est plutôt dommage en vue de ce film assez inégal, qui distille une inquiétude bien plus subtile que ses confrères américains. Avant que les atrocités n'éclatent, il sait en effet jouer admirablement avec les dissonances dans la vie quotidienne, avec ce petit trouble qui instaure un doute sur la banalité ou le danger des choses. Comme preuve, cette première partie dans la maison de repos qui introduit un aspect sexuel et désespéré dans un environnement dont la pire tare était auparavant la sénilité. Mais ce décalage ne met point en vitrine ses acteurs afin que l'on puisse les admirer comme des bêtes de foire. Non, le ton est bien plus désengagé, l'horreur est autant imbue de banalité que d'imprévisibilité. En tant que spectateur, nous ne pouvons faire face à ce malaise que grâce au personnage principal, d'une passivité inhabituelle.
Tandis que ce manque d'action porte préjudice à ce dernier au cours de la dernière partie du film, - sans même parler des pleurs de Laurent Lucas, difficiles à distinguer du rire - il rend sa première journée d'une beauté trouble. Une fois de plus, l'inquiétude côtoie la banalité, au point de garder le récit, au moins temporairement, dans un état de suspension des plus exitants. En dehors de la mise en scène encore entièrement en contrôle de ses moyens, l'interprétation de Jackie Berroyer est à ce moment simplement magnifique. Tant que la folie de son personnage ne prend pas le dessus, il est le noyau immuable de la boule de peur qui se forme dans notre estomac. Ni pitoyable, ni attachant, et surtout pas transparent, son Bartel correspond pendant ces quelques vingt minutes au pire des méchants : celui qu'il est impossible de cerner.
Malheureusement, la suite, si elle ne manque pas de quelques scènes parfaitement décalées (la danse au bar), rentre davantage dans les sentiers battus du genre. Si le réalisateur est alors encore complètement à même de traduire l'horreur, notamment à travers une bande son positivement agaçante, il laisse l'incertitude se réplier sur le seul personnage vicitime.
Bien qu'un certain manque de moyens soit évident dès le premier des innombrables faux raccords en rapport avec la neige, cette co-production francophone achève une création de la terreur inhabituelle et inquiétante.
Vu le 28 mars 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 8
Note de Tootpadu: