De battre mon coeur s'est arrêté

Titre original: | De battre mon coeur s'est arrêté |
Réalisateur: | Jacques Audiard |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 106 minutes |
Date: | 16 mars 2005 |
Note: | |
A 28 ans, Tom semble marcher sur les traces de son père dans l'immobilier véreux. Mais une rencontre fortuite le pousse à croire qu'il pourrait être le pianiste concertiste de talent qu'il rêvait de devenir, à l'image de sa mère.
Sans cesser ses activités, il tente de préparer une audition.
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
Les rapports de filiation, Jacques Audiard s'y connaît évidemment. Et pourtant, ce n'est pas uniquement de cela que parle son quatrième film, en tant que réalisateur, avec une force brute et vive. Les thèmes se succèdent en effet au fil du temps, sans que l'on puisse catégoriser cette oeuvre curieuse soit comme un film de mélomane ou de drame existentiel. Avec un cinéaste moins impliqué et moins direct, nous aurions du mal à voir au delà de ce foisonnement d'idées, et il nous serait presque impossible de comprendre que ce coeur qui chancelle n'est pas une histoire de thèmes, mais un portrait saisissant de personnages.
Ou plutôt d'un seul, le protagoniste, joué avec une fougue incroyable par Romain Duris. Le coup de génie d'Audiard, ce n'était pas de rester comme scotché au plus près de son héros - qui se promène d'ailleurs sur le terrain incertain entre la gloire et la déchéance la plus minable -, mais de confier ce rôle exigeant à un des comédiens les plus talentueux de sa génération. A de rares exceptions près (comme l'embarrassant Arsène Lupin), Duris sait comme personne d'autre habiter ses personnages, leur conférer à la fois du charme et de la fureur. Ainsi, son Tom, tel un volcan instable, nous garde toujours en état d'appréhension sur sa prochaine action, sur son éclat ou son implosion.
Si la violence n'est pas tellement présente à l'image, elle sous-tend néanmoins tout le film. A partir de l'agitation ininterrompue de Tom, le centre nerveux qui, lui, ne s'arrête jamais de battre, nous, spectateurs, ne sommes jamais en sécurité d'un revirement imprévu ou du déroulement d'une séquence tout juste décalé par rapport à la norme. Car outre son caractère vif et tranchant, le regard d'Audiard nous séduit surtout par sa capacité de nous présenter des situations très conventionnelles (les infidélités, la relation père / fils, le rêve de la gloire loin d'un milieu crasseux) comme si on les découvrait pour la première fois.
En gros, c'est du cinéma qui en a !
Vu le 29 avril 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 5
Note de Tootpadu: