Nerfs à vif (Les)

Nerfs à vif (Les)
Titre original:Nerfs à vif (Les)
Réalisateur:J. Lee Thompson
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:31 octobre 1962
Note:
A peine sorti de prison, Max Cady s'installe dans la petite ville où habite l'avocat Sam Bowden, l'homme dont le témoignage l'avait mis derrière les barreaux huit ans plus tôt. Sans les menacer directement, Cady suit Bowden, sa femme et sa fille pendant quelques jours. Puisque la police est incapable d'arrêter Cady pour une raison valable, et que la présence de ce dernier devient de plus en plus inquiétante, Bowden décide de se débarrasser de l'intrus, d'une façon ou d'une autre.

Critique de Tootpadu

Dense et sans trop de fioritures, ce thriller, refait trente ans plus tard avec Robert De Niro et Nick Nolte par Martin Scorsese, est un exemple satisfaisant d'un film de genre des années 1960. Certains éléments y paraissent certainement dépassés, surtout en comparaison avec le remake plus contemporain, mais du point de vue de la tension et de la maîtrise des moyens, le constat est tout à fait positif. En quelque sorte un Hitchcock du pauvre, le film traduit bien la peur face à la menace et l'impuissance de s'en délivrer par des recours légaux. A partir de la prémisse du départ, les choses vont en s'aggravant, sans modification sensible des données. Cette linéarité soulignée par une violence croissante, mais modérée en comparaison avec les bains de sang auxquels nous sommes habitués de nos jours, s'avère être le garant d'une qualité solide et sans excès. Juste à de rares moments (l'interrogatoire d'une des victimes de Cady, par exemple), le récit marque une pause pas vraiment nécessaire, avant d'arriver à une finale également un peu trop molle. Les éternelles résurrections de Cady dans la version de Scorsese nous restent par contre épargnées. Quel soulagement !
Cependant, la clareté de la frontière entre le bien et le mal empêche le film de devenir un portrait aussi irrémédiablement pervers de la nature humaine et de la société que le remake. Ici, le personnage de Bowden trône au-dessus de tout soupçon, un homme parfaitement respectable, une victime désemparée qui est censé mériter toute notre sympathie. Sauf que l'identification par le spectateur ne se laisse plus aussi facilement berner qu'il y a quarante ans, au point de préférer l'ironie du Cady par Mitchum à la rigidité du Bowden par Peck. Alors que ce dernier ne fournit qu'une pâle copie du rôle clef de sa filmographie (Du silence et des ombres, sorti exactement la même année), Mitchum se régale à nous ressortir son méchant célèbre de La Nuit du chasseur. Il y a quelque chose d'animalier, de félin dans son Max Cady, qui manquera à l'interprétation de De Niro, plus brutale et directe, pour ne pas dire cabotine, par moments. Du reste, les rôles féminins servent surtout de décor ici, très loin en intensité et en ambiguïté de ceux de Juliette Lewis et Jessica Lange.
Enfin, la photo qui profite au mieux des ombres et des contrastes et la bande originale, une variation éhontée et efficace des thèmes hitchcockiens de Herrmann, accomplissent notre impression d'un bon thriller dont les valeurs restent inchangées avec le temps qui passe.

Revu le 31 janvier 2005, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: