Promeneur du Champ de Mars (Le)
Titre original: | Promeneur du Champ de Mars (Le) |
Réalisateur: | Robert Guédiguian |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 116 minutes |
Date: | 16 février 2005 |
Note: | |
Ce film raconte l'histoire d'une fin de règne et d'une fin de vie : celle de François Mitterrand.
Alors que le Président livre les derniers combats face à la maladie, un jeune journaliste passionné tente de lui arracher des leçons universelles sur la politique et l'histoire, sur l'amour et la littérature... Des certitudes sur la vie. Mais le vieil homme n'en a guère à dispenser car c'est pour lui le moment où passé, présent et futur se confondent en un seul temps ; ce temps où seuls les doutes demeurent, ce temps où tous les hommes sont égaux : celui de la proximité avec la mort.
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
Robert Guédiguian n'est pas du tout le réalisateur auquel on aurait pensé pour mettre en scène les derniers jours de Mitterrand. Tel Woody Allen à New York, le cinéaste semblait inséparable de son univers marseillais chéri. Et comme celle d'Allen, sa filmographie était jusqu'à présent une suite de variations sur des thèmes et des personnages récurrents. Ce changement abrupt d'environnement ne pouvait en tout cas que lui être bénéfique, tellement le risque d'enlisement était palpable.
Toutefois, Guédiguian ne cherche nullement à s'improviser en conteur politique. En effet, la politique ne joue qu'un rôle très mineur ici. Ainsi, les thèmes qui tiennent au coeur de ce chant de cygne touchant sont la mort, évidemment, et la mémoire. Au fur et à mesure que la santé de l'ancien président décline, la présence du décès devient de plus en plus présente. Mais justement, face à la mort, le personnage titre éprouve de plus en plus de plaisir de vivre, de refuser cette dernière défaite, pourtant inéluctable. Simultanément, le film paie alors ses respects à la mort et à la dignité avec laquelle Mitterrand l'aurait affrontée, et il s'émerveille devant l'appétit de vie et la sagesse curieusement enfantine du vieil homme. Le choix de Michel Bouquet pour incarner cet être physiquement moribond s'avère magistral, tellement il traduit de façon remarquable la fatigue et la dernière rébellion d'un homme condamné. Paradoxalement, grâce à son interprétation, le film vit et respire, sans se soucier d'une acuité historique.
En effet, ce portrait de la fin d'un règne ne compte pas l'exactitude de la reconstitution parmi ses priorités. Sans même faire l'effort d'un Lè-haut - Un roi au dessus des nuages, qui plaçait au moins des voitures d'époque au premier plan, il ne voit point l'importance d'ajuster les prises extérieures (dans le métro et sur le périf) à un passé proche, et d'autant plus identifiable. Cette négligence n'enlève certes rien à la valeur de la méditation sur la mort, mais elle démontre soit un manque de moyens, soit une indifférence à la perfection gênants.
Toutefois, ces quelques moments qui détournent inutilement l'attention peuvent être considérés comme mineurs en comparaison avec la strucuture globale de l'oeuvre, pas vraiment convaincante. Le dispositif du biographe qui cherche à percer le secret de son objet d'études n'est pas seulement assez usé, mais son emploi ici paraît particulièrement forcé. Toute la partie du récit qui tourne autour du personnage de Jalil Lespert pâlit considérablement par rapport aux rencontres avec le président. Son but supposé, de souligner la différence existentielle entre le jeune homme en plein dans la vie et le vieillard qui pense s'en éclipser, n'est alors nullement atteint. Au contraire, c'est cet aspect-là du film qui manque le plus d'intérêt, tandis que le chant funéraire de Mitterrand devient parfois passionnant.
Vu le 21 février 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 4
Note de Tootpadu: