Sideways

Sideways
Titre original:Sideways
Réalisateur:Alexander Payne
Sortie:Cinéma
Durée:127 minutes
Date:09 février 2005
Note:
Miles, un écrivain raté récemment divorcé, et son ami Jack, un acteur sur le point de se marier, décident de faire la route des vins dans la vallée de Santa Ynez, en Californie. Aussi différents que proches, il n'ont en commun que les ambitions déçues et l'inquiétude face au temps qui passe. De dégustation en dégustation, Miles et Jack se noient dans l'amour du divin nectar et des femmes. Jack tombe sous le charme de Stéphanie, une séduisante serveuse, et met en péril son futur mariage. Miles, lui, entame une liaison avec Maya, sommelière. L'heure des remises en cause a sonné. Alors que la fin du voyage et le mariage approchent, Miles et Jack sont de moins en moins sûrs de vouloir rentrer. Se pose alors la seule vraie question qui vaille : quelle vie choisir ?
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

L'antipathie fait une fois de plus le fond de commerce d'Alexander Payne avec cette comédie mélancolique. Comme c'était déjà le cas avec L'arriviste et Monsieur Schmidt, le cinéaste se délecte à observer les déboires de personnages piteux. Son univers s'enrichit alors d'un écrivain paumé et dépressif et d'un acteur futil, même si, au fond, ils ne modifient en rien la donne du monde selon Payne. Le ton cynique reste en fait partie intégrante du style du réalisateur, qui s'amuse plutôt à étaler le mal-être des protagonistes qu'à nous faire ressentir de la compassion pour eux. Cela marchait remarquablement bien dans sa comédie de lycée, grâce aux rôles exagérés et à la parodie d'un format truffé de conventions. Cependant, la déprime ne se dissipe que rarement dans le cas présent, tellement l'état d'esprit négatif du personnage principal est omniprésent.
A la limite, il nous paraît même inexact de qualifier le film de comédie. Les névroses qu'il déploie amplement ne trouvent que rarement une solution comique. Cela est probablement dû à l'aspect très réaliste de l'histoire. Si l'on excepte la prémisse de départ, avec un couple de personnages que visiblement tout sépare, les actions et les événements qui suivent ont, certes, un côté dérisoire, mais tout à fait crédibles dans leur médiocrité. C'est cette banalité qui confère sa singularité au film, mais qui l'enferme de même dans une tristesse ambiante. Et si Payne s'était pris lui-même au piège de sa condescendance ? S'il commençait réellement à se soucier du sort de ses personnages, au lieu de simplement agrandir leurs souffrances existentielles ? A notre avis, il réussit au moins temporairement à casser son armure d'ironie, sans pour autant rendre son film, dans son ensemble, plus attachant que ses oeuvres précédentes. En tout cas, il sait pour une fois limiter ses tics de mise en scène au minimum. Après l'abondance des arrêts sur image dans L'arriviste et l'histoire cadre pesante et artificielle de la lettre à l'enfant adoptif dans Monsieur Schmidt, il nous impose ici qu'une courte séquence, assez inutile, de 'split screens'.
Si donc le ton du film a beaucoup de mal à nous convaincre, l'interprétation est d'un tout autre calibre. Surtout Paul Giamatti s'approprie son rôle ingrat avec une complexité et une subtilité exceptionnelles. Il traduit admirablement son malaise constant, son désir de vivre sa vie autrement et son incapacité à l'exprimer. A côté de lui, même Virginia Madsen, dans un petit rôle en or (le monologue sur l'effet du vin), a du mal à s'affirmer. Et c'est pourtant elle qui a été retenue aux Oscars, enrichissant encore plus la course au prix du meilleur second rôle féminin, après les prestations tout aussi remarquables, mais très différentes de Cate Blanchett (Aviator) et Natalie Portman (Closer). Ce qui ne signifie point que le couple avec moins de retenue (Church et Oh) serait moins séduisant, au contraire.

Vu le 11 février 2005, au MK2 Nation, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: