Yeux clairs (Les)

Yeux clairs (Les)
Titre original:Yeux clairs (Les)
Réalisateur:Jérôme Bonnell
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:27 avril 2005
Note:
Fanny habite avec son frère et l'épouse de celui-ci. Mentalement instable et imprévisible, elle mène une existence à part, en dehors de la société, qui la ridiculise ou qui ignore ses actes fantasques. Lorsqu'elle tombe un jour sur des photos de son père, mort en Allemagne vingt ans plus tôt, elle se met en tête de partir à la recherche de ses origines.

Critique de Tootpadu

Le handicap mental ne compte pas parmi les sujets faciles à traiter au cinéma. Les risques de tomber dans le spectacle de foire sont énormes. Il est alors important de trouver la mesure juste, de ne pas trop mettre en avant les frasques du dérèglement mental et de pas non plus faire comme si de rien n'était. Pour son deuxième film, après le charmant Chignon d'Olga, Jérôme Bonnell s'essaie donc à dresser un portrait tout en nuances d'une femme plus très jeune, qui tente de vivre sa vie perturbée sans compromis.
Nathalie Boutefeu, qui comptait jusqu'à présent parmi les seconds rôles solides mais peu distingués du cinéma français, incarne le personnage de Fanny avec une intensité à fleur de peau. Si cette femme garde son aura énigmatique jusqu'à la fin, le jeu remarquable de la comédienne nous rapproche d'elle par ses frissons, ses doutes, ses éclats de colère, et autres formes d'expression de sa folie douce. Son interprétation n'emprunte jamais le chemin de la grandiloquence et son drame se lit davantage sur le visage des gens qui l'entourent que sur le sien, dubitatif et observateur, et seulement à la fin en proie à la tristesse.
La mise en scène de Bonnell ne fait essentiellement qu'enregistrer les actes de sa héroïne. Le ton détendu de l'ensemble est rythmé par quelques transitions abruptes. Et si l'histoire prend un virage un peu trop naturaliste pendant la dernière demie-heure, elle n'en reste pas moins attachante.
Après deux longs-métrages, Jérôme Bonnell ne peut pas être considéré comme un virtuose du cinéma. Mais son point de vue agréablement décalé et sans prétention, son humour de situation de plus en plus articulé, font de lui un réalisateur à suivre !

Vu le 9 mai 2005, au MK2 Beaubourg, Salle 3

Note de Tootpadu: