
Titre original: | Shakespeare in Love |
Réalisateur: | John Madden |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 119 minutes |
Date: | 10 mars 1999 |
Note: | |
Le jeune William Shakespeare n'est qu'au début de sa carrière d'auteur de théâtre. Sans le sous et coureur de jupons, il est engagé par le propriétaire du "Rose", l'un des deux théâtres de Londres, pour écrire une comédie de pirates. Egalement sans inspiration, Shakespeare s'éprend d'une jeune et belle aristocrate, Viola, qui est une admiratrice de son oeuvre. Après s'être introduite dans la troupe d'acteurs du "Rose", déguisée en homme, Viola déclare son amour à l'écrivain. Mais leur romance sera de courte durée, puisque Viola est promise en mariage à un noble qui s'est installé en Amérique. L'amour brillera cependant assez de temps pour inspirer Shakespeare de finir sa pièce, "Roméo et Juliette'.
Critique de Tootpadu
Un des grands gagnants aux Oscars en 1999, cette comédie enlevée a toujours autant de mal à nous séduire, plusieurs années après la première vision. Peut-être est-ce la faute de la mise en scène qui confond bien trop souvent la vitesse avec le rythme. Ainsi, les personnages sont constamment en mouvement, ils courent et se bagarrent, et la caméra les imite sans inhibition, ni justification, mais au fond, l'intrigue est mince et convenue et son avancement ne trouve jamais une forme organique et élégante. A peine mieux que son imitation récente (Stage Beauty), ce film reste à la surface et préfère se laisser admirer dans sa splendeur artificielle, plutôt que traduire les soucis de l'écriture dans un contexte aussi romantique que comique.
La plus grande insuffisance de ce film, inexplicablement admiré par certains, est en effet de se complaire dans sa médiocrité, de croire que ses quelques références contemporaines et son histoire digne des comédie britanniques des Quatre mariages ... jusqu'à Bridget Jones soient suffisantes pour divertir avec intelligence. Hélas, il n'en est rien, puisque tous les éléments se démarquent par leur solidité modeste, si une telle chose est possible. A commencer par une mise en scène dépourvue d'un fort sens visuel et d'un ton personnel et excitant. En passant par des interprétations qui ne sont certes pas mauvaises, mais dont l'entrain paraît bien artificiel (Fiennes) et forcé (Paltrow). Jusqu'à des contributions techniques qui se contentent de poursuivre le remarquable travail de reconstitution d'une époque, remis au goût du jour plus de dix ans plus tôt par les productions de Merchant/Ivory. En comparaison avec les films plus dramatiques de ces cinéastes-là, cette récupération d'un auteur à la mode ne peut que s'éclipser avec une honte certaine, tellement elle traine sans rigueur à la surface.
Curieusement le point final d'une décennie inspirée par Shakespeare, cette comédie très légère ne fait rien pour célébrer l'oeuvre de l'immense écrivain. Il est d'ailleurs assez triste de constater, d'un, que les véritables adaptations des pièces n'ont jamais connu le même succès, notamment les trois tours de force de Kenneth Branagh, et de deux, que celles que l'on a pu voir depuis 1999, à l'exception de Titus étaient de piètre qualité et des transpositions malheureuses dans des cadres plus contemporains. Accuser cette bagatelle de ce développement serait sans doute aller trop loin, mais la coïncidence reste néanmoins troublante.
Revu le 5 avril 2005, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: