Café Lumière

Café Lumière
Titre original:Café Lumière
Réalisateur:Hou Hsiao-Hsien
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:08 décembre 2004
Note:
Yoko, une journaliste japonaise indépendante, prépare un travail sur un compositeur d'origine taiwanaise. Elle est assistée dans ses démarches par son ami Hajime, un libraire qui enregistre pendant son temps libre les bruits des trains de banlieue à Tokyo. En même temps, elle apprend qu'elle est enceinte, de son petit ami taiwanais, une situation que ses parents ont du mal à accepter.

Critique de Tootpadu

La sublimation de l'ennui est une discipline particulièrement appréciée chez Hou Hsiao-Hsien. En effet, et même si cette opinion nous condamnera sans doute à la minorité dans les cercles des critiques intellos, les quelques films que nous avions vus de lui nous ont tous inspirés une fatigue plombante. Rien de préjudiciable à sortir des sentiers battus pour montrer les choses différemment, ni à acquérir une maîtrise dans la création d'un ennui de luxe. Mais jusqu'à présent, nous n'apercevions pas encore où le réalisateur taiwanais voulait en venir, si son style nous dépassait simplement ou s'il cherchait une voie vers un cinéma autrement plus expressif ... Avec cet hommage à Yasujiro Ozu, un des plus grands dont nous connaissons l'oeuvre que partiellement, notre façon de voir Hou Hsiao-Hsien se modifie doucement, pas encore jusqu'à crier au chef-d'oeuvre, mais en comprenant peut-être un peu mieux la démarche particulière de ce chef de file du cinéma asiatique.
Pour mieux apprécier ce film élégiaque et lent, il est en fait primordial de ne pas espérer voir une histoire conventionnelle, truffée d'événements et de personnages en progression. Etalée sur quelques jours, l'intrigue ne contient en effet aucune action majeure, aucune péripétie qui boulverserait l'ensemble. Entièrement fidèle au cinéaste japonais qui excellait en tant que chroniquer de la vie bourgeoise, Hou se contente de suivre sa protagoniste dans ses balades à travers l'archipel. Autant un film sur la vie quotidienne d'une tranche éduquée, mais modeste de la société, qu'une ode au train et ses pérégrinations interminables à travers les banlieues, cet exil artistique volontaire constitue une réussite vague et lente, remplie de simplicité dans un univers qui affectionne tant le bruit et la fureur.
Très loin de la complexité des derniers films asiatiques adorés (2046 et Ghost in the Shell 2), le temps qui s'écoule doucement ici, comme au bord de la somnolence, n'est pas moins fascinant pour autant.

Vu le 13 décembre 2004, au MK2 Beaubourg, Salle 5, en VO

Note de Tootpadu: