Jeremiah Johnson

Jeremiah Johnson
Titre original:Jeremiah Johnson
Réalisateur:Sydney Pollack
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:15 septembre 1972
Note:
Jeremiah Johnson débarque un jour au seuil de la nature sauvage des Montagnes Rocheuses. Au passé obscur, il décide d'y vivre, loin de la civilisation, en conflit constant avec les Indiens et le climat féroce. Après des débuts de chasseur laborieux et maladroits, il commence lentement à connaître et à apprécier ce train de vie solitaire et dangereux. Empressé de respecter et les Indiens et la nature, il ne pourra pourtant pas rester éternellement en dehors des contraintes sociales du monde qui l'entoure.

Critique de Tootpadu

L'anti-héros par excellence, issu d'une période cinématographique particulièrement férue de ce genre de rebelle sans gloire, le personnage titre de ce western représente en quelque sorte l'esprit pacifiste des années 1970, avec une prémonition pertinente concernant son abus en plus. Très conciliant au début, il se fait progressivement rattraper par les méfaits des autres, forcé de comprendre que l'innocence qu'il cherchait en s'exilant dans les montagnes n'est qu'utopie. Ce lent glissement vers le drame, qui deviendra malgré son héros une légende, prend d'abord encore des allures comiques. La suite des petits mésaventures qui arrivent à Johnson remplit le rôle de rappel quant au manque d'expérience et au courage naïf du protagoniste. Il ne commence en fait à sortir la tête de la neige que lors de sa rencontre avec le vieux chasseur, son initiateur et son double déformé. Par la suite, les incidents qui brisent sa quête de communion avec la nature sauvage ressemblent à s'y méprendre à ceux d'une vie ordinaire, à moitié négatifs et à moitié positifs. Pourtant, par son stoïcisme jusqu'au dernier sursaut, qui accomplira son entrée dans l'espace des légendes, Johnson est davantage la victime passive de ces tribulations qu'un agent actif et déterminé.
Pour entièrement traduire la force de ce combat existentiel en termes cinématographiques, il aurait probablement fallu un réalisateur plus vigoureux que Sydney Pollack. Alors que sa façon de conter cette histoire d'un homme à l'esprit toturé est, en somme, adéquate, avec ses très beaux paysages et sa mise en scène solide et lorgnant vers le minimalisme, il lui manque néanmoins ce souffle épique et cette finesse de ton dont il avait pu faire preuve, sporadiquement, plus tard dans sa carrière. Dans l'état, l'envergure du scénario est trop bridée par la réalisation gentillette pour en faire une oeuvre passionnante.

Vu le 29 novembre 2004, à la Pagode, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: