
Titre original: | Irrésistible Alfie |
Réalisateur: | Charles Shyer |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 106 minutes |
Date: | 29 décembre 2004 |
Note: | |
Manhattan est le terrain de chasse favori d'Alfie qui y trouve chaque soir l'occasion de faire de nouvelles conquêtes. Cinq femmes se partagent ses faveurs : Dorie, Julie, Lonette, Nikki et Liz. Trouvant de plus en plus facile de se mentir à lui-même, Alfie passe de l'une à l'autre, s'éclipsant chaque fois que l'une d'elles prétend s'accrocher.
Mais il y a celle qui va refaire sa vie et lui laisse un goût amer lorsqu'il la croise à nouveau ; celle qui lui cache l'enfant qu'il ne connaîtra jamais ; celle à qui il pensait ouvrir son coeur et qui l'en punira sévèrement. Alors, le bel Alfie, qui avait réponse à tout, se retrouvera paumé comme jamais, et se demandera pour la première fois "à quoi ça rime ?"...
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
Est-ce qu'il est indispensable que le protagoniste de ce remake d'un film bien plus dans l'air du temps dans les années 1960 nous détaille sa vie sexuelle jusqu'à la dernière aventure ? Il n'y a pratiquement pas besoin de répondre à cette question, puisque Paramount nous impose plus ou moins leur énième resucé d'un succès d'antant cette année. Et comme lors des cas pécédents (notamment Un crime dans la tête), le résultat final paraît particulièrement mal adapté, un anachronisme qui baigne dans la vacuité la plus totale. A quoi rime tout cela, Alfie ? Honnêtement, en vue de l'échec commercial du film, notre seule piste un peu cynique serait de faire partir la tête du studio (chose accomplie l'année prochaine) et de permettre à Mick Jagger de chanter aux Oscars.
Même faute d'avoir vu l'original, nous devinons aisément l'attrait que celui-ci a dû dégager en son temps. Michael Caine, encore assez jeune pour séduire avec son charme prolétaire, en train de faire tomber les jeunes demoiselles anglaises à la pelle, il y a effectivement de quoi exciter l'intérêt du public du milieu des années 1960, friand de ces histoires de liberté sexuelle qui finiront dans la débauche la décennie suivante. Mais quarante ans plus tard, le même thème devra sérieusement s'adapter aux préoccupations contemporaines pour intriguer encore. Hélas, ce travail de mise au goût du jour est assez mal fait, avec pratiquement aucune référence à l'acquisition supplémentaire de libertés depuis l'original. Ainsi, notre héros subit bien quelques faiblesses érectiles, sans que cela reflète par exemple, peu importe la forme, le plus grand bouleversement sexuel du quart de siècle passé, à savoir le SIDA. Non, dans le monde rétrograde d'Alfie, on continue de baiser comme des lapins, avec quelques accidents de parcours par ci et par là, et de s'enivrer de drogues douces, voire anciennes.
Passe encore que le cadre social du film ne soit pas vraiment à la pointe de l'actualité, si au moins sa forme était suffisamment voluptueuse pour séduire. Mais là encore, le constat est déconcertant, tellement le dispositif de l'interpellation directe du spectateur par Alfie tout au long du film est pesant. Rien à contredire contre des remarques poignantes ou ironiques, mais l'analyse incessante du protagoniste sert plutôt à la glorification de son style de vie qu'à sa dérision.
Enfin, la mise en scène s'attache un peu trop à des tics pas toujours concluants. Ainsi, les nombreux arrêts sur image comme pour figer l'instant de bonheur, pour ne pas le laisser filer dans une existence gouvernée par la superficialité, deviennent vite répétitifs, tout comme les autres accélérations et ralentissements de la vitesse de défilement de l'image. Et que penser de la séquence sur la folie des fêtes de fin d'année, à l'esthétique faussement rétro, qui rend toute la production encore plus prétentieuse ? Néanmoins, Charles Shyer ne bâcle pas complètement son travail, puisque les quelques scènes de mise en question (la fête d'anniversaire et les rencontres avec le vieux confident) fonctionnent bien mieux sans le bavardage interminable qui domine le reste.
Pour ce qui est de l'interprétation, il est triste de voir un acteur aussi ténébreux et séduisant que Jude Law entièrement débarrassé de son aura mystérieuse qui faisait des miracles pour lui auparavant (Mr Ripley, Sagesse des crocodiles). Ici, il n'est plus qu'un petit parvenu arrogant, sans charisme, ni pouvoir de séduction. Heureusement que Marisa Tomei et Susan Sarandon sauvent la mise en étant belles et mûres à tomber par terre.
Vu le 30 décembre 2004, au MK2 Bibliothèque, Salle B, en VO
Note de Tootpadu: