
Titre original: | Diable en boîte (Le) |
Réalisateur: | Richard Rush |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 126 minutes |
Date: | 25 février 1981 |
Note: | |
Le jeune Cameron, un vétéran de la guerre du Viêtnam, est poursuivi par la police. Accidentellement, il s'introduit sur le lieu du tournage d'un film sur la Première guerre mondiale, un incident qui causera la noyade d'un cascadeur. Embêté par la police et empressé de remplacer ce membre de son équipe, le réalisateur despotique Eli Cross engage Cameron. Au début séduit par le monde du cinéma avec son argent et ses belles femmes faciles, ce dernier commence à croire qu'Eli veut le tuer lors de la dernière prise pour donner plus d'authenticité à son film.
Critique de Tootpadu
Le cinéma est un cirque dans lequel chaque participant donne son interprétation du faire-semblant. Et comme au cinéma, on se laisse parfois prendre au jeux, et d'autres fois, tout cela ressemble à des imaginations pompeuses. Dans ce film injustement méconnu de la fin d'une époque, la ligne entre la réalité et la fiction, entre le drame et la comédie, entre le succès et l'échec, est constamment franchie. A le revoir maintenant, dans une édition DVD d'outre-Manche remarquable, on ne sait toujours pas trop quoi en penser, mais une chose est sure : des films aussi foisonnants et irrévérencieux, aussi curieux et personnels, on n'en fait guère plus de nos jours.
Le maître mot de cette allégorie sur le monde du cinéma est la mise en abîme, l'interpellation. Autant nous, spectateurs, sommes intrigués par cette suite improbable de comédie burlesque, de satire, de drame romantique et de portrait d'une époque, autant le personnage central ne sait pas à quoi s'en tenir, ce qui relève de son imagination et ce qui constitue une véritable menace, sinon de sa vie, au moins de son rôle. Car à la fin, toute l'agitation retombe comme un château de cartes, mais d'une manière tellement anodine que l'on suspecte là encore un piège du scénario. Véritablement, on ne saurait pas dire si toute cette stimulation des sens n'était qu'artifice prétentieux ou si, au contraire, cette oeuvre d'une grande originalité était le dernier sursaut, avec La Porte du paradis un an plus tard, d'une des époques cinématographiques les plus riches, à savoir les années 1970.
Quelle triste carrière que celle de Richard Rush qui comporte, certes, comme point d'orgue ce petit chef-d'oeuvre, mais qui était auparavant marquée par des films de série B et qui ne contient par la suite que le Color of Night avec Bruce Willis, de piètre réputation. Pourtant, la vision de Rush confère à son film le plus important un ton et une profondeur remarquables, qui exaltent à la fois l'élégance et l'ironie, qui montrent à quel point ce réalisateur mésestimé sait transmettre une idée ambiguë par des moyens sophistiqués. Le soutien qu'il reçoit pour cela de toute son équipe nous fait regretter encore un peu plus qu'il n'a pratiquement plus tourné par la suite. Et si sa version du monde du cinéma, ce portrait aussi magique que lamentable, se positionnait trop près de la réalité, s'il montrait avec trop d'insistance et trop peu de compassion les ficelles du métier ... ?
Sept ans après le regard nostalgique et presque un peu complaisant de François Truffaut et sa Nuit américaine, le constat de Richard Rush révèle encore plus la vacuité du cinéma, qui co-habite pourtant constamment avec le génie !
Revu le 10 mai 2005, en DVD, en VO
Revu le 8 mai 2006, en DVD, en VO
Revu le 9 juin 2008, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: