Pôle express (Le)

Pôle express (Le)
Titre original:Pôle express (Le)
Réalisateur:Robert Zemeckis
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:01 décembre 2004
Note:
Un jeune garçon qui se met à douter de l'existence du père Noël monte dans un train mystérieux en partance pour le pôle Nord. A mesure que le Pôle Express s'enfonce dans des contrées enchantées, l'aventure est au rendez-vous et les jeunes passagers prennent conscience de l'étendue de leurs dons.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Laid et mièvre, ce conte de Noël a cependant deux qualités qui rendent sa vision supportable, et même dans l'ensemble divertissante. La première relève du talent et du patrimoine de son réalisateur, alors que la deuxième est déjà plus hasardeuse et personnelle, un contrat de lecture un peu forcé en quelque sorte afin d'en tirer une interprétation plus amusante que le message initial, sucré jusqu'à l'indigestion. Sinon, l'animation par ordinateur se retrouve presque en régression, avec ces personnages aux mouvements et au visage qui n'ont rien de l'être humain. Disposant de deux ou trois expressions, dont la plupart renforcent l'impression de bêtise et de laideur, ces derniers pâtissent également d'un scénario surchargé de poncifs et trop paresseux pour convier une réelle atmosphère de Noël. Enfin, l'aspect musical du film est des plus ringards, si ce n'est pas encore pire, avec le ballet des serveurs entièrement raté, par exemple.
Mais tout n'est pas à jeter ici, ce qui nous emmène aux deux petites bouées de sauvetage. D'abord, la mise en scène de Robert Zemeckis s'octroie suffisamment de temps pour citer son propre oeuvre. Les références abondent alors aux succès passés, que ce soit la plume de Forrest Gump qui devient un billet de train ou bien le défilement d'un passage en boucle comme dans Contact. En effet, Zemeckis n'arrête pas de répéter des formes employées auparavant, ce qui imprime bien sa patte sur ce film plutôt novateur pour lui, dans son genre. Dans ce contexte, l'atout majeur du film est l'excellence des scènes d'action. Constituant une bonne partie de la durée du film, ces moments spectaculaires font ressembler celui-ci à un tour de montagne russe : une expérience à couper le souffle et très divertissante, mais creuse au fond. Car entre ces éclats d'un savoir faire technique, le récit retombe irrémédiablement dans la banalité, à moins d'y chercher une interprétation farfelue ...
Ensuite, certains éléments peuvent effectivement être vus sous un angle sans doute trop recherché. A force de subir les bons sentiments à la pelle, il nous est venu l'idée, pas très aboutie, certes, d'attribuer un cadre politique au déroulement de l'histoire et, surtout, aux personnages. Il nous paraît en effet difficile de ne pas penser à l'actuel président des Etats-Unis et sa future secrétaire d'état, lorsqu'on voit le petit héros un peu bête et indécis et sa nouvelle copine, née pour être une meneuse d'hommes. Dans ce concept, la place des autres personnages, comme le gamin arrogant et le contrôleur, est un peu flou, tandis que certaines interprétations sont plus concluantes (le père Noël comme Dieu, évidemment, et le garçon de milieu pauvre comme tous ces ploucs menés en bateau jusqu'à reélire un très mauvais président). Que ce soit juste une tentative désespérée de trouver un sens réfléchi au fond de toute cette niaiserie, ou tout simplement le contrat de lecture le plus satisfaisant depuis le changement abrupt de ce dernier à la fin de Dogville (en tout cas dans le sens que nous avions donné au film de von Trier), toujours est-il que le film aurait été beaucoup moins jouissif sans cette direction de l'interprétation. Sans même parler des autres sous-entendus, encore plus subversifs (tel le gros sac de cadeaux qui nous rappelle une partie de l'anatomie masculine) ... ou comment détourner complètement le sens d'un message vraiment trop naïf pour être pris au premier degré !

Vu le 13 décembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 14, en VO

Note de Tootpadu: