Nashville

Nashville
Titre original:Nashville
Réalisateur:Robert Altman
Sortie:Cinéma
Durée:161 minutes
Date:12 novembre 1975
Note:
Après un grave accident, la chanteuse Barbara Jean revient à Nashville, la capitale de la musique country, pour y reprendre sa carrière. En même temps, les conseillers de Hal Phillip Walker, un candidat indépendant à l'élection présidentielle, préparent un grand rassemblement pour aider leur candidat à remporter les primaires du Tennessee. Une journaliste étourdie de la BBC cherche à interroger le plus de vedettes possible. Et des chanteurs en herbe ou confirmés tentent de percer ou d'asseoir leur réputation dans cette Mecque de la musique américaine.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Les Etats-Unis d'Amérique opèrent comme un phare sur la culture occidentale depuis de très longues années. Ce pays immense est pratiquement un continent, où tout est plus grand que nature et où la démocratie et la liberté individuelle sont les valeurs suprêmes. Evoquer l'Amérique, c'est adhérer en quelque sorte à l'image qu'elle projette d'elle-même à travers ses frontières et à travers les différentes époques de son histoire. Ce portrait valeureux, courageux et ambitieux n'a heureusement pas toujours été aussi terni que depuis l'occupation de la Maison blanche par le crétin texan qui montre sans trop de diplomatie la vilaine face cachée du rêve américain au quotidien.
Pour tourner en dérision toute une civilisation, le maître Robert Altman emploie des moyens incomparablement plus subtils dans ce qui est sans doute son film le plus abouti ! Son kaléidoscope foisonnant va même encore plus loin, puisqu'il dresse un constat acide du monde du spectacle en particulier et de la nature humaine en général. L'univers très particulier du berceau de la musique country, Nashville, n'opère alors plus que comme une loupe sous le regard impitoyable de laquelle un nombre élevé de personnages se croisent d'une façon aussi anodine que cruelle. Chacun d'entre eux suit le rêve par essence américain de la reconnaissance, qu'elle soit artistique, affective ou professionnelle. Et chacun se verra pour le moins déçu, sinon trahi.
Le regard que Robert Altman porte sur ce microcosme en pleine ébullition est à la fois empreint d'ironie et de sympathie. Incapables d'arrêter l'immense machinerie de la politique et du spectacle, qui sont autant de manifestations du cours inextricable de la vie, les personnages se battent tant qu'ils le peuvent pour maintentir leur place (la chanteuse Barbara Jean) ou pour profiter avec opportunisme de la situation (tous les talents émergeants qui rêvent d'accaparer une place au soleil). A moins qu'ils ne suivent maladroitement le mouvement, tel des rejets de la société qui peinent à trouver leur place. Logiquement, ce rôle flottant est attribué à la jeune génération, faite de fils à papa, de jeunes hommes solitaires et de filles sans attaches (notamment L.A. Joan). Finalement, leur apparition n'aura été que littéralement épisodique, puisqu'ils tombent tous victimes, d'une façon ou d'une autre, du rouleau compresseur qui gouverne tout : le spectacle, c'est-à-dire le rêve américain, qui doit continuer à tout prix.
Non seulement un commentaire d'une richesse pratiquement inégalable sur l'Amérique, mais également un des meilleurs films d'ensemble, avec chaque rôle interprété à la perfection, Nashville restera pour toujours la somme impressionnante de l'oeuvre d'un des cinéastes les plus lucides et les plus élégants de la deuxième moitié du XXème siècle !

Revu le 20 mars 2007, en DVD, en VO
Revu le 6 juillet 2007, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: