Ghost in the shell 2 - Innocence

Ghost in the shell 2 - Innocence
Titre original:Ghost in the shell 2 - Innocence
Réalisateur:Mamoru Oshii
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:01 décembre 2004
Note:
Batou est un cyborg vivant. Son corps entier a été fabriqué par l'homme. Seules lui restent des bribes de son cerveau et le souvenir d'une femme. Dans un monde où la frontière entre humains et machines est devenue infiniment vague, les Humains ont oublié qu'ils sont humains. Voici la débauche du "fantôme" d'un homme solitaire qui néanmoins cherche à conserver son humanité.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Dans le domaine de l'animation, il manquait jusqu'à présent un film qui puisse concilier la technique et la poésie. Entre les Pixar, à la pointe du progrès mais tributaires d'histoires et d'un humour répétitifs, et les chefs-d'oeuvre d'un Hayao Miyazaki, d'une force d'enchantement rare mais dépendants d'une animation traditionnelle, il restait un espace inoccupé, en attendant la symbiose de ces deux styles opposés. Wonderful Days avait d'une certaine façon ouvert la brèche, mais en dépit de ses nombreuses qualités, il n'avait pas su porter ce nouvel univers dessiné à son apogée. En vue de cette suite à Ghost in the Shell, que nous regrettons désormais amèrement d'avoir loupé, il nous manque presque les mots pour exprimer notre émerveillement devant cette densité et cette beauté sans égal.
La nouveauté de l'aspect visuel époustouflant résulte en effet d'une association très adroite de techniques anciennes (les personnages) et nouvelles (les plans d'ensemble, les robots). Dès le générique, un ballet d'assemblage transformé en naissance presque organique, donne le ton pour cette exaltation de la machine. Mais cette admiration plastique se verra rapidement contredite par les pièges de l'histoire et un retour régulier vers des décors plus traditionnels, mais pas moins beaux pour autant. Néanmoins, la richesse visuelle ne serait qu'une jolie coquille vide, si ce n'était pour la portée philosophique du récit.
La seule reproche que l'on pourrait adresser en effet au film, ce serait de trop en faire, de devenir trop opaque et encombré à force de tirades et citations érudites. Mais comme les compositions complexes de l'image, les bifurcations de l'histoire, y compris ce labyrinthe mental inoubliable, ne figurent que comme une approche hautement intelligente de la relation entre l'homme et la machine. Dans l'univers de Mamoru Oshii, il n'y a en effet pas de place pour des solutions faciles, pour des modèles de narration conventionnelles. Maniant avec maestria des ellipses et cette fameuse répétition en forme de retour en arrière altéré, le réalisateur crée en fait un espace diégétique inhabituel, lourd de sens et imprévisible. Parsemée d'observations complexes sur l'homme en train de devenir une machine, l'histoire dépasse allégrement le cadre réduit de l'enquête pour accéder à celui, bien plus exigeant, de traité sur la condition humaine dans notre ère numérique.

Vu le 10 décembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 20, en VO

Note de Tootpadu: