Brodeuses

Brodeuses
Titre original:Brodeuses
Réalisateur:Eléonore Faucher
Sortie:Cinéma
Durée:88 minutes
Date:13 octobre 2004
Note:
La jeune Claire est tombée enceinte par accident. Même si elle compte accoucher, elle ne pense pas garder l'enfant, puisque son ancien copain ne pourra pas l'aider et que ses parents ne sont pas au courant. Plutôt isolée, elle se passionne pour la broderie à laquelle elle consacre tout son temps libre, en dehors de son boulot de caissière. Lorsque l'occasion se présente d'assister une couturière professionnelle dans le village, Claire la saisit, en ignorant encore que sa relation avec cette femme, meurtrie par l'accident mortel de son fils, changera sa vie.

Critique de Tootpadu

Un sujet aussi commun que la grossesse involontaire d'une adolescente aurait pu donner lieu à un déferlement de pathos ou de misérabilisme. Le destin de la fille aurait pu être enseveli sous une abondance de pitié pour sa condition peu enviable. Heureusement, il n'en est rien ici, grâce à l'équilibre nuancé et précaire de ce film beau et sincère. La cinéaste évite en effet toute exagération et tout point de vue qui pourrait donner à la protagoniste le statut ou d'une victime, ou d'une héroïne. Néanmoins, la banalisation n'est pas non plus la démarche du film. Non, le ton qui berce toute l'histoire est celui d'une douce poésie, d'une suggestion éphémère. Ainsi, les moments de rapprochement entre Claire et son entourage sont très fugaces, comme cette nuque à peine effleurée lors du trajet en voiture qu'elle fait avec le frère de sa meilleure copine. Comme les points de la broderie - excusez la comparaison un peu facile - ces instants de grâce ne naissent cependant pas du hasard, mais d'une précision impeccable et maîtrisée.
Le succès d'une narration aussi délicate serait impossible sans la contribution de comédiens exceptionnels. A commencer par Lola Naymark, qui joue cette fille pratiquement comme les autres avec une patience et une intensité impressionnantes. Sans aucune explosion d'émotions, sans grande scène de confrontation, elle arrive pourtant à dresser le portrait d'une jeune femme aussi déterminée que minée par des problèmes familiaux qui restent volontairement flous. Emblématique de ce malaise familial, auquel Claire cherche une sortie à la substitution, est la seule séquence avec sa mère qui en dit long sur le manque d'intérêt ou le désengagement, voire la bigoterie, de celle-ci.
Pour une fois hors de l'univers bien cadré de son mari, Robert Guédiguian, Ariane Ascaride donne une prestation tout en finesse de cette femme arménienne qui veut en finir, mais qui ressent en même temps le besoin d'appui de Claire. Enfin, Thomas Laroppe dans le rôle complexe du frère de la meilleure amie semble bien comprendre les contradictions internes de son personnage, tiraillé entre son attirance pour Claire et sa part de responsabilité dans l'accident du fils de la brodeuse.

Vu le 4 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 20

Note de Tootpadu: