
Titre original: | Enlèvement (L') |
Réalisateur: | Pieter Jan Brugge |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 24 novembre 2004 |
Note: | |
Wayne et Eileen mènent une existence confortable jusqu'au jour où Wayne est victime d'un enlèvement. Tandis que ce dernier tente de négocier avec son ravisseur, sa femme collabore sans relâche avec le FBI pour assurer sa libération.
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
Dans un marché dominé, en tout cas de l'autre côté de l'Atlantique, par des films sur et pour les jeunes, il procure un certain plaisir de regarder une oeuvre traitant de l'amour mûr et peuplée de personnages un peu âgés. Ce premier film du producteur Pieter Jan Brugge consacre en effet une partie assez importante de son temps à l'évocation de la relation entre l'homme d'affaires enlevé et son épouse de longue date. Bien qu'ils n'apparaissent que très peu ensemble à l'écran, Helen Mirren et Robert Redford réussissent à rendre cette relation crédible, et à lui éviter le double piègle de trop de sentiments ou d'une approche désabusée. Au bout d'un quart de siècle ensemble, ces deux êtres s'aiment encore, d'une affection qui a resisté aux infidélités et à la solitude, d'une complicité basée sur la connaissance la plus intime du caractère de l'autre. Que le scénario nous évoque cette relation par des chemins parfois un peu trop forcés, à peine crédibles (la victime qui raconte toute sa vie à son ravisseur), n'enlève rien au sentiment de sincérité et de vérité qu'elle inspire.
Quant à la structure du film, elle consiste en un montage parallèle avec décalage temporel. Même si le dispositif laisse deviner assez rapidement l'issue de l'intrigue, il procure une tension bienvenue surtout au cours de la première moitié du film, avant que la différence entre les deux files ne devienne trop importante. A l'opposé d'autres changements d'emploi de producteurs vers la réalisation (le parcours dans le domaine d'un Ismaïl Merchant ou d'un Irvin Winkler fait presque honte à leur corpus de créateur de projets), Brugge réussit son coup d'essai grâce à son travail solide, qui met plutôt les personnages au centre de l'intrigue, sans pour autant négliger la tension.
Dans une distribution de premier choix, ce n'est pas par hasard que Helen Mirren vole la vedette à ses partenaires masculins. Obligée de porter sa moitié de l'histoire pratiquement toute seule, elle est effectivement confondante d'une intensité qui passe le plus souvent par des changements d'expression à peine perceptibles. Belle et fidèle, elle serait presque l'épouse mûre par excellence, s'il n'y avait cette séquence troublante de confrontation avec sa rivale. Toutefois, pour cette immense actrice britannique le rôle de l'épouse qui souffre en silence apporte un autre triomphe à sa déjà riche carrière. Le constat est forcément plus mitigé et équilibré pour Redford et Dafoe, qui se livrent un affrontement subtil à la hauteur de leur talent.
Vu le 29 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 13, en VO
Note de Tootpadu: