Bad Santa

Bad Santa
Titre original:Bad Santa
Réalisateur:Terry Zwigoff
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:17 novembre 2004
Note:
Chaque année, en décembre, Willie T. Stokes incarne le Père-Noël dans un grand magasin différent. Sarcastique et désabusé, il a de plus en plus de mal à tenir ce rôle. Marcus, son fidèle acolyte, un nain déguisé en elfe, l'incite comme il peut à ne pas craquer. Car, sous son habit rouge mal ajusté, Willie cache une panoplie de perceur de coffres. Et la nuit de Noël, avant de disparaître, ce drôle de couple cambriole le grand magasin où il a travaillé. Mais, à Phoenix, le casse annuel semble se compliquer. D'abord, à cause de Bob, le directeur coincé du centre commercial. Puis, de Gin le détective retors. Ensuite, parce qu'il y a Sue, une serveuse de bar sexy fantasmant sur le Père-Noël. Enfin, parce que Thurman, un souffre-douleur naïf de huit ans, est farouchement décidé à croire que Willie est bien le vrai Père Noël, celui qu'il a toujours rêvé de rencontrer...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Le détournement de pratiques culturelles vénérées à des fins comiques n'est pas une idée récente. Bien avant les parodies vulgaires des années 1970 et celles qui reprennent cette forme avec quelques pets en plus depuis une petite dizaine d'années, tourner en ridicule des histoires sérieuses ou des traditions autrefois intouchables était une démarche courante pour amuser les foules. Quant au personnage du père Noël, inspirant respect, bonté et sévérité par-dessus tout, il a certes trouvé un traitement rocambolesque dans nos contrées (l'inévitable Père Noël est une ordure), par contre, de l'autre côté de l'Atlantique, il a dû se contenter d'un traitement gentiment niais, au mieux (cette sous-branche de comédies pour les fêtes dans laquelle Tim Allen s'est confortablement installé). Mais grâce à cette comédie mordante de l'année dernière, comme par miracle enfin sortie en France, les Américains auront eux-aussi droit à un père Noël tout à fait politiquement incorrect.
En effet, le scénario ne se prive pas de distribuer des claques de tous les côtés, n'épargnant ni les handicapés, ni les femmes, ni les homos, ni les blacks, ni les gros, ... et ainsi de suite, puisqu'il n'y a vraiment personne qui n'y échappe. Et pourtant, dans cette ambiance joyeusement bordélique, puisque personne n'est traité avec respect, le père Noël en premier, tout le monde se retrouve à un niveau égalitaire dans toute son existence humaine minable. De cette absence d'hiérarchie de valeurs (jusqu'au sursaut final de l'ivrogne qui dénote presque un peu) naît par la suite, et presque comme par miracle, une autre forme de respect, celle de celui qui a compris la comédie cruelle de la vie et qui sait en tirer profit. Car on ne trouvera point d'héroïsme dans cet univers de déglingués; seulement la célébration d'un hédonisme viscéral presque passé de mode, tellement le père Noël qui fume, jure, boit et baise comme un bucheron fait figure d'anachronisme dans notre ère un peu trop préoccupé par son apparence impeccable.
Après Ghost World, qui décrivait déjà avec finesse un monde de personnages mal intégrés, Terry Zwigoff confirme son talent d'avocat des exclus suicidaires, qui s'accrochent malgré tout à une vie qui n'a pas encore perdu toute sa saveur. Justement, le ton de cette comédie sans frein est des plus jubilatoires, et par son manque de respect factice, et par sa mise en valeur d'actes du désespoir qui prennent dans le contexte désabusé du film un tournant décisif vers l'affirmation de la vie.
En tout cas, un film dans lequel un nain, un gros gamin et un vieux alcoolique se donnent des coups dans les burnes dans un ring de boxe, ne peut trouver que notre approbation et notre sympathie sans partage.

Vu le 22 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 12, en VO
Revu le 11 août 2008, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: