Amants du Capricorne (Les)

Amants du Capricorne (Les)
Titre original:Amants du Capricorne (Les)
Réalisateur:Alfred Hitchcock
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:15 septembre 1950
Note:
Charles Adare, le cousin du nouveau gouverneur, arrive au milieu du XIXème siècle en Australie pour y faire fortune. Il rencontre un certain Sam Flusky, riche propriétaire de terres, au passé trouble, qui lui propose une transaction lucrative. Dans la foulée et pour appâter les dignitaires de Sydney, Charles est invité dans la demeure de Sam. Au cours du dîner, il retrouve Lady Henrietta, une ancienne amie proche de sa soeur, qui est souffrante et apathique. Le jeune aristocrate reste chez les Flusky et découvre le sombre secret du couple inégal. Ses tentatives de rendre la joie de vivre à Henrietta se heurtent à la gouvernante autoritaire Milly.

Critique de Tootpadu

Dans la carrière d'Alfred Hitchcock, le maître du suspense, certains films paraissent comme une aberration, une erreur d'un parcours autrement truffé de chefs-d'oeuvre. Ainsi, il y a la rare comédie par-ci et par-là, comme Joies matrimoniales (Mr and Mrs Smith), ou bien, comme dans le cas présent, des drames d'époque somptueux qui sont, au moins en apparence, assez loins des préoccupations habituelles du maître. Injustement considérées comme mineures, ces exceptions nous permettent plutôt de juger jusqu'à quel point Hitchcock était un cinéaste universel, c'est-à-dire un artiste aussi à l'aise dans son genre de prédilection que dans toute autre forme d'histoire.
Quand on revoit Les Amants du Capricorne, dans notre cas plus d'une décennie après la dernière vision, on ne peut qu'être bluffé par sa forme alambiquée. Reposant sur une histoire dont les revirements ne nous surprennent guère trop, par contre, dont les incohérences et les solutions faciles nous gâchent un peu le plaisir, le film est certes hautement inégal. Cependant, il confère à toutes les amours qu'il conte un air réprimé, voire malheureux, hautement inhabituel. A défaut de crime réel ou d'une action palpable, tout le récit tourne en fait autour des sentiments incertains qui dominent le comportement de chacun, à l'image des personnages qui tournent constamment l'un autour de l'autre, et comme la caméra, presque trop mobile pour son propre bien (les vestiges de l'expérience de La Corde, sans doute). Somptueusement cadré, avec quelques compositions de plan très belles (les visages sur les chandeliers), l'aspect visuel du film compte en effet parmi ses points forts, puisque, de surcroît, cette opulence de style n'est jamais gratuite.
Enfin, ce qui nous a le plus touché cette fois-ci, un élément auquel on était peut-être moins sensible dans notre tendre adolescence, c'est la valse des désirs refoulés, cet enchaînement de motifs au fond compréhensibles qui poussent tous les personnages, forts ou faibles, bons ou méchants, à des actions peu recommandables. Comme quoi, la perversité malicieuse et jubilatoire à la fois de l'oncle Alfred se glisse même dans des univers les plus improbables.

Revu le 8 octobre 2004, au Mac Mahon, en VO

Note de Tootpadu: