Un long dimanche de fiançailles

Un long dimanche de fiançailles
Titre original:Un long dimanche de fiançailles
Réalisateur:Jean-Pierre Jeunet
Sortie:Cinéma
Durée:133 minutes
Date:27 octobre 2004
Note:
En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d'autres, il est "mort au champ d'honneur". C'est écrit noir sur blanc sur l'avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d'admettre cette évidence. Si Manech est mort, elle le saurait ! Elle se raccroche à son intuition comme au dernier fil ténu qui la relierait encore à son amant. Un ancien sergent a beau lui raconter que Manech est mort sur le no man's land d'une tranchée nommée Bingo Crépuscule, en compagnie de quatre autres condamnés à mort pour mutilation volontaire ; rien n'y fait. Mathilde refuse de lâcher le fil. Elle s'y cramponne avec la foi du charbonnier et se lance dans une véritable contre-enquête. De faux espoirs en incertitudes, elle va démêler peu à peu la vérité sur le sort de Manech et de ses quatre camarades. http://wwws.warnerbros.fr/movies/unlongdimanche
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Jean-Pierre Jeunet n'a jamais été un réalisateur qui s'attache à la simplicité. En effet, on pourrait arguer qu'il inclut dans chacun de ses films au moins un personnage simple d'esprit, mais cette attitude naïve qui vise à renouer avec le thème tellement beau de l'espoir n'a pas vraiment la même envergure, au contraire ... Non, Jeunet est plutôt le maître de l'esbroufe et de la surcharge, le visionnaire d'un monde jaune et beau dans lequel Audrey Tautou avec sa frimousse si charmante aura toujours sa place. Un univers où règne la ficition entière qui voile toute humanité autre que romantique plaît apparemment à bon nombre de désespérés de la vie, mais nous, il écrase.
L'excès de la forme se retrouve dans chaque aspect du film. Si seulement il s'agissait d'une démesure fébrile à la Oliver Stone, le spectacle aurait pu exciter au lieu d'être soigné au delà de toute trace de vie. La photo reprend les mêmes tons sursaturés que dans Amélie avec une avalanche d'effets spéciaux dans pratiquement chaque plan. Les décors et les paysages, réels ou numériques, sont somptueux. La bande originale gronde majestueusement là où l'on espérait la finesse dont Angelo Badalamenti avait fait preuve chez David Lynch, notamment. Les effets sonores font vibrer toute la salle lors des séquences d'attaque. La distribution ressemble à l'annuaire des acteurs les plus (re)connus du moment. Le scénario mèle des thèmes porteurs comme la guerre, l'amour et l'espoir. Et dans toute cette abondance, voire cette opulence, le film lui-même s'avère être le cousin pauvre dans l'histoire.
De l'histoire parlons-en, d'ailleurs : Jeunet nous présente son mélange habituel d'ingrédients prémâchés, prêts à la consommation la plus globale. Tout y est joli et de bonne guerre - eh oui, même les effrois du conflit paraissent adoucis dans le climat général gentillet -, tout personnage dispose précisément d'un trait de caractère ou d'une réplique enfantile qui le distingue. Rien de nouveau à cela, puisqu'il s'agit du style Jeunet, déployé auparavant avec beaucoup plus de poésie (Delicatessen et La Cité des enfants perdus) ou, au moins, de charme (Amélie) que dans cette fresque d'époque. Malheureusement, la structure qui patauge, sans parler de quelques transitions douteuses (celle après la décapitation, par exemple), et les voix et niveaux d'images qui s'empêtrent n'arrangent en rien les choses. Enfin, et le côté de l'enquête pour trouver la vérité (curieusement, on n'arrêtait pas de penser à A l'épreuve du feu pendant tout le film qui, avec une construction semblable dans un cadre très différent, s'en était beaucoup mieux sorti), et celui de l'évocation de la Première guerre mondiale ont déjà été traités avec bien plus d'efficacité auparavant ! Dans toute sa lumière stylisée, La Chambre des officiers avait au moins pu donner une illusion d'humanité à son sujet pas si loin de ce dimanche en effet assez long, par exemple.
Au goût d'une grosse part de gateau trop riche, le nouveau film de Jean-Pierre Jeunet opère comme un rouleau compresseur, conservant le spectateur dans un rêve trop surchargé pour laisser un souvenir agréable au réveil hagard.

Vu le 28 octobre 2004, au Publicis Cinémas, Salle 1

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

A mes parents qui m’ont donné la passion du cinéma.

Après le Fabuleux destin d'Amélie Poulain en 2001, un long dimanche de fiançailles marque les retrouvailles attendues du réalisateur Jean-Pierre Jeunet et de sa muse, Audrey Tautou.

Le personnage que joue Audrey Tautou semble être l’albatros tant adulé par Jeunet. Par son handicap, elle nous inonde par sa force de vivre, sa grande capacité de lutter contre l’inéxorable. Tout le film repose sur elle et sur son amour pour un soldat que tout le monde croit mort. Au fil de sa recherche, elle va rencontrée plein de personnes pittoresques. Son aventure fait de ce film pratiquement le chef d’œuvre du cinéma français de 2004.

Le film est un véritable travail d'orfèvre, magnifique diaporama traversé de purs instants de poésie visuelle. Centré sur le drame des fusillés pour l'exemple, le récit prend une force émotionnelle qui fait d'un beau roman au départ, un très grand film à l'arrivée. Jeunet possède un univers bien à lui depuis vingt-cinq ans : la noirceur du Bunker de la dernière rafale, les chromos de Delicatessen, le ton ludique de Foutaises. Un long dimanche de fiançailles en est l'apothéose : des costumes d'époque aux imposants décors en passant par des mouvements de caméra révolutionnaires.

On pourrait parler d’apparitions des caractères mais un petit rôle dans les mains de Jeunet devient un rôle aussi important que celui de Mathilde. Prenons Jodie Foster, elle est vraiment magnifique. Jean-Pierre Daroussin, Marion Cotillard, Julie Depardieu, Gaspard Ulliel, Jean-Pierre Becker, Clovis Cornillac, Albert Dupontel, Jean-Claude Dreyffus, André Dussolier, Ticky Holgado, Tcheky Karyo, Domique Pinon… Mais,chaque rôle a une importance fondamentale dans la quête de Mathilde.

Dans Un long Dimanche de Fiançailles, Jeunet s’attaque à un roman qui reflète déjà les inspirations du cinéaste. Le film est un hymne à l’amour, un amour universel car il s’adresse à chacun de nous. Après Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Jeunet semble mettre une parenthèse sur sa jeunesse et laisser le grand enfant qu’il est, dans le reflet d’Amélie Poulain. Un nouveau Jeunet se dévoile, un Jeunet tmature traitant d’un sujet grave. L’après-guerre est une douloureuse mise en forme. Jean-Pierre Jeunet exploite de façon intelligente l’étoffe de son personnage Mathilde qui amène un plus. Elle est déterminée et ne se laisse abattre par aucune des épreuves qu’elle subit. Le film est en tout cas puissant pour cette chaleur de sentiments, cette humanité que dégage chacun des protagonistes de l’histoire. Connaissant l’exigence d’un tel réalisateur, la partie technique suit le cours des choses.

Asseyez vous donc confortablement sur votre fauteuil et laissez vous emporter dans un monde où l'humour co-habite avec l'effroi, où l'amour rejoindra la mort et la vengeance... Plus qu'un film, cette chronique d'après guerre peint le portrait de divers personnages à la recherche du bonheur et de la paix intérieure... Alors courrez voir ce film, n'hésitez pas, surtout que ça va être l'un des favoris aux Césars 2005, c'est sûr !

Vu le mercredi 27 octobre à la séance de 11h00 salle 01 au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder: