Hunting Season

Hunting Season
Titre original:Hunting Season
Réalisateur:RJ Collins
Sortie:Vod
Durée:93 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Un père célibataire est prêt à tout pour protéger sa fille de 13 ans du monde corrompu qui l'entoure.

Critique de Mulder

Il y a quelque chose d'étrangement magnétique à voir Mel Gibson reprendre le rôle d'un solitaire hanté, et Hunting Season s'appuie fortement sur cette aura dès ses premières images enneigées. Dans le rôle de Bowdrie, un homme taciturne enfoui au cœur de la nature sauvage de l'Oklahoma, Mel Gibson apporte une gravité fatiguée qui semble vécue plutôt que jouée, comme si l'acteur lui-même avait absorbé des années de difficultés, de prières et de fumée en coupant du bois derrière sa cabane. Son lien avec sa fille Tag, interprétée avec une finesse instinctive par Sofia Hublitz, est dépeint à travers des rituels simples : la chasse, le nettoyage du poisson, des repas tranquilles ponctués de foi. Cet ancrage devient la colonne vertébrale émotionnelle d'un thriller qui prend délibérément son temps. Que l'on adhère ou non à sa philosophie néo-western, le début du film vous désarme tranquillement, laissant ses personnages respirer bien avant que les balles ne sifflent, une décision qui donne à la violence ultérieure un caractère plus poignant que spectaculaire.

Tout bascule lorsque Tag tombe sur January, interprétée par Shelley Hennig, gisant ensanglantée au bord de la rivière comme un fantôme échoué sur le rivage. À partir du moment où Bowdrie la ramène chez lui, l'atmosphère change : suspicion, compassion, crainte et curiosité se mêlent, en particulier pour Tag, qui voit en January le reflet de la mère dont il se souvient à peine. L'un des moments les plus marquants du film se produit pendant la convalescence de January, lorsque Bowdrie avertit sa fille de sortir avant de commencer à retirer les balles : « Ça va faire beaucoup de bruit ici. » Cette réplique résume bien le ton du film et laisse entrevoir les mystérieuses compétences de Bowdrie, tant pour soigner que pour blesser. Le scénario d'Adam Hampton ne cherche pas à mystifier Bowdrie par des explications, mais le révèle plutôt tel que Tag le comprend : un homme façonné par un passé qu'il refuse de dévoiler, mais qui l'a clairement préparé à des moments comme celui-ci.

L'ombre qui plane sur January vient d'Alejandro, interprété avec une exubérance débridée par Jordi Mollà, qui insuffle au film une énergie dérangée qui divise les spectateurs. Certains trouveront sa performance trop exagérée, et en effet, elle frôle parfois la parodie : une menace au couteau à cran d'arrêt dans un bar et son tempérament incendiaire semblent tout droit sortis des coins les plus sordides du cinéma policier du début des années 2000. Mais le film utilise cette menace théâtrale pour mettre en valeur la discipline tranquille de Bowdrie ; Alejandro est le chaos incarné, tandis que Bowdrie est la tempête qui n'arrive que lorsque les calculs sont terminés. Le contraste devient l'un des procédés stylistiques délibérés du film, même s'il risque parfois de dépasser le ton. Néanmoins, Alejandro reste une présence suffisamment effrayante, et sa poursuite de Jensen (joué par Rocky Myers) et des jeunes femmes prises entre deux feux alimente le récit d'une sombre inévitabilité. 

Le réalisateur RJ Collins opte pour une progression lente, un pari qui fonctionne pour établir l'ambiance, même si cela ralentit parfois le rythme interne du film. Au lieu d'inonder l'écran de fusillades incessantes, il choisit de s'asseoir avec les personnages, d'observer le silence de la forêt, le crépitement du feu, les questions tacites qui mijotent entre le père et la fille. Pour certains, cette retenue semblera audacieuse ; pour d'autres, elle pourra sembler trop contraignante, surtout lorsque l'action arrive par rafales plutôt que par séquences soutenues. Et pourtant, la confrontation la plus mémorable du film n'est pas une fusillade, mais la désormais célèbre scène d'interrogatoire avec la tondeuse à gazon, dans laquelle Mel Gibson fait appel à une once de sa folie à la Martin Riggs. C'est sauvage, sombrement drôle et étonnamment tendu, ce qui nous rappelle que le charisme de Gibson s'épanouit lorsque le danger est mêlé d'imprévisibilité.

L'ADN néo-western de Hunting Season devient plus clair au fur et à mesure que l'histoire se déroule : un protecteur solitaire, une frontière silencieuse, une demoiselle en détresse, des méchants pillards et un shérif oscillant entre impuissance et utilité, incarné ici par James DuMont. L'histoire respecte les conventions du genre sans jamais essayer de les moderniser au-delà des détails superficiels : les chevaux sont remplacés par des camionnettes, les saloons par des bars miteux, les vastes prairies par des clairières. À bien des égards, le scénario d'Adam Hampton semble moins intéressé par la réinvention que par le respect de la structure narrative solide des thrillers de survie classiques. Mais ce qui élève ce récit autrement familier, c'est l'engagement du film envers ses personnages : les mains tremblantes de Tag lors de son premier meurtre, la confiance grandissante de January envers les personnes qui l'hébergent, la crainte silencieuse de Bowdrie d'attirer le danger dans son sanctuaire. Même dans le cadre plus conventionnel du film, ces moments résonnent.

Pourtant, la mise en scène n'est pas sans défauts. RJ Collins a parfois du mal avec le rythme. Le milieu du film en particulier semble pris dans un schéma de démarrage et d'arrêt, créant une tension pour la faire retomber avant que le suspense ne soit complètement à son comble. Certaines confrontations se terminent brusquement juste au moment où l'adrénaline commence à monter, créant une cadence émotionnelle inégale qui ne tire jamais pleinement parti des enjeux mis en place par l'histoire. La finale semble également plus courte que ne le mérite la montée en puissance, même si la violence, lorsqu'elle survient, est sinistre et discrète, relevant davantage de l'instinct de survie que d'une chorégraphie hollywoodienne. Hunting Season veut vous faire croire que Bowdrie n'agit pas par vengeance mais par nécessité, et la brutalité épurée du film soutient cette intention. Ce n'est pas un film d'action pour ceux qui recherchent le spectacle ; c'est un thriller basé sur la patience, l'observation et l'effondrement intérieur d'un homme qui tente - sans succès - de garder les horreurs du monde à l'extérieur de sa porte.

Malgré ses imperfections, Hunting Season est à son meilleur lorsque Mel Gibson et Sofia Hublitz partagent l'écran. La dynamique père-fille semble authentique, teintée de tendresse, de peur et de la conscience tacite que Tag est en train de devenir quelqu'un que Bowdrie ne pourra peut-être pas protéger éternellement. Leurs moments de calme, partager une prière, échanger des regards après qu'un coup de feu a retenti au loin, contribuent davantage à la charge émotionnelle du film que n'importe quelle explosion de violence. Shelley Hennig, quant à elle, évite le cliché de la victime impuissante ; elle incarne January avec une résilience instinctive, et ses scènes avec Hublitz donnent à l'histoire son élan humain. Même lorsque la structure du film vacille, les acteurs le maintiennent ancré dans la réalité, rappelant au public que les histoires de survie n'ont d'importance que lorsque les personnes qui se battent pour vivre nous importent réellement.

Hunting Season ne révolutionne pas le genre du thriller, et ne prétend pas le faire. C'est un morceau d'Amérique rustique et rétro à la fois néo-western, drame familial et thriller de survie construit sur l'atmosphère, les performances et une poignée de scènes mémorables qui capturent la tension d'un homme contraint de replonger dans la violence qu'il espérait laisser derrière lui. Ce qui lui manque en termes de rythme, il le compense par son courage et sa sincérité, et la présence réaliste et burinée de Mel Gibson garantit que le voyage reste captivant même lorsque la route devient accidentée. Les spectateurs qui s'attendent à un pur bain de sang d'action risquent d'être déçus, mais ceux qui sont prêts à s'asseoir et à laisser mijoter le film découvriront une œuvre qui, bien qu'imparfaite, sait exactement quelles émotions elle veut susciter.

Hunting season
Réalisé par RJ Collins
Écrit par Adam Hampton
Produit par Eduard Osipov, Al Bravo, Eric Brenner, Vince Jolivette, Dan Katzman, David McCalib Jr., Eduard Osipov, Michael Pizzimenti, Luke Wyckoff
Avec Mel Gibson, Shelley Hennig, Sofia Hublitz, A.J. Buckley, Jordi Mollà, James DuMont, Rob Moran, Rocky Myers, Oliver Trevena, Jaylen Moore, Randall J. Bacon, Lola Manzini, Vladislav Lapidus, Landa, Maxim Yurov, Sarah Ann Mayer, Andrey Grouchko, Vivienne Edwards
Directeur de la photographie : Brandon Cox
Montage : Magnus Häll, Håkan Karlsson
Musique : Anders Niska, Klas Wahl
Sociétés de production : Beno Films, BondIt Media Capital, Buffalo 8 Productions, CaliWood Pictures, Filmopoly, Fluffybear Media, Manzini Films, One Dollar Studi
Distribution : Samuel Goldwyn Films (États-Unis)
Date de sortie : 5 décembre 2025 (États-Unis)
Durée : 93 minutes

Vu le 06 décembre 2025 

Note de Mulder: