
| Titre original: | The Family plan 2 |
| Réalisateur: | Simon Cellan Jones |
| Sortie: | Apple TV+ |
| Durée: | 107 minutes |
| Date: | 21 novembre 2025 |
| Note: |
Dans le paysage vaste et bruyant des comédies d'action modernes, The Family Plan 2 arrive comme le genre de suite que l'on voit venir de loin, mais qui parvient néanmoins à surprendre en étant légèrement plus compétente que prévu. Réalisé une nouvelle fois par Simon Cellan Jones et écrit par David Coggeshall, ce deuxième volet s'appuie largement sur une formule que les films en streaming ont perfectionnée au cours de la dernière décennie : un rythme rapide, des lieux somptueux, l'esprit des fêtes et la présence réconfortante de stars qui savent exactement comment jouer leurs archétypes familiers. Mais ce qui frappe cette fois-ci, c'est la façon dont le film reconnaît ouvertement le niveau peu élevé fixé par son prédécesseur. Le premier Family Plan avait le charme brut d'un puzzle inachevé : les scènes ne s'enchaînaient pas vraiment, le ton était incohérent et le montage donnait l'impression d'être un exercice sur la façon de ne pas monter une séquence d'action. Le scénariste semble douloureusement conscient de cette histoire, et il y a un certain charme anecdotique à le voir essayer de corriger le tir, parfois avec succès, parfois en retombant dans les mêmes pièges.
L'histoire reprend deux ans plus tard avec Dan Morgan, ancien assassin devenu père de famille, interprété avec l'enthousiasme familier de Mark Wahlberg, désormais pleinement accepté par sa famille pour ce qu'il est. Sa femme Jessica, incarnée avec une sincérité énergique par Michelle Monaghan, ne joue plus le rôle de l'épouse inconsciente, mais se réjouit plutôt des talents dangereux de Dan, un changement de ton qui donne à la suite une étincelle inattendue. Leurs enfants, Nina (Zoe Colletti), Kyle (Van Crosby) et le petit Max (les toujours adorables Peter Lindsey et Theodore Lindsey), sont désormais habitués au chaos qui entoure leur père. Cette normalisation du danger devient l'un des éléments comiques étranges du film, une sorte de plaisanterie récurrente selon laquelle les Morgan traitent l'espionnage international comme nous traitons les embouteillages pendant les vacances. C'est un postulat qui devrait sembler éculé, mais le film l'exploite parfois pour créer un véritable amusement, en particulier lorsque Dan découvre le nouveau petit ami de Nina, Omar, un personnage excessivement enthousiaste et hilarant, interprété par Reda Elazouar, qui semble avoir été choisi spécialement pour tester les limites de la protection de Dan.
Le moteur émotionnel du film s'enclenche lorsque Dan emmène sa famille à Londres sous prétexte de vacances et d'une consultation pour un nouvel emploi : une évaluation de la sécurité pour la Cadogan Bank. Ce qui commence comme une escapade festive en Europe se transforme rapidement en un chaos familier lorsque Dan se rend compte qu'il est manipulé par Aidan Clarke, un antagoniste charismatique, furieux et profondément blessé, interprété par Kit Harington. Il s'avère qu'Aidan n'est pas du tout Clarke, mais qu'il a un lien très personnel avec le passé de Dan, que le film protège comme un rebondissement, mais qu'il révèle avec une telle insistance qu'un spectateur averti le devinera bien avant la révélation. Néanmoins, Kit Harington insuffle au personnage une intensité maniaque, presque théâtrale, le rendant bien plus convaincant que le précédent méchant de la franchise, McCaffrey, interprété par Ciarán Hinds. L'engagement de Harington à grogner, sprinter et sourire narquoisement tout au long du film procure au spectateur un plaisir inattendu : un acteur connu pour son stoïcisme médiéval prouve qu'il peut se glisser dans la peau d'un méchant moderne et légèrement dérangé.
La production exploite de manière agressive ses décors européens : les néons de Londres à Noël, les emblématiques bus à impériale, les toits de Paris et même les marches incontournables du Sacré-Cœur, que les cinéphiles se souviendront avoir vues dans John Wick 4. Parfois, le film ressemble à une publicité touristique luxueuse interrompue par des scènes d'espionnage burlesques, en particulier lors des séquences de combat filmées en plan large qui montrent intentionnellement des monuments reconnaissables derrière les acteurs. Le résultat est une série de séquences qui, bien que loin d'être révolutionnaires, transmettent au moins une clarté spatiale, ce qui constitue un changement bienvenu par rapport à la confusion frénétique de la première partie. Cependant, mettre en scène le combat le plus crucial dans un bus à impériale et en filmer la moitié depuis un angle distant et statique semble être un choix artistique bizarre, qui diminue la physicalité que les acteurs ont travaillé dur pour mettre en valeur.
C'est dans la dynamique familiale que le film trouve ses marques. L'une des améliorations les plus notables apportées par David Coggeshall est d'avoir intégré l'idée que chaque membre de la famille apporte désormais quelque chose à l'ensemble. Jessica possède une athlétisme et un courage qui lui sont propres, ce qui porte ses fruits dans une poursuite sur les toits étonnamment bien chorégraphiée. Kyle, qui n'est plus l'adolescent maussade et maladroit en matière de technologie, expérimente désormais des compétences en piratage informatique qui s'avèrent étonnamment utiles, bien que parfois trop commodes. L'histoire de Nina mêle indépendance et obligation, donnant à Zoe Colletti l'occasion d'apporter une réelle chaleur à un personnage qui risquait de n'être que la fille qui étudie à l'étranger. Même Max, souvent relégué au rôle de faire-valoir comique, a des moments qui semblent s'intégrer naturellement plutôt que d'être insérés artificiellement. Ces moments forts, bien qu'entourés d'explosions et de lumières de Noël, donnent au film une âme qui manquait cruellement à son prédécesseur. Dans ses meilleurs moments, The Family Plan 2 ressemble à un film d'aventure familiale du début des années 2000 : sincère, loufoque, prévisible, mais émotionnellement cohérent.
Pourtant, la comédie elle-même reste un obstacle. Le film reprend de nombreuses blagues du premier opus comme des moments parentaux embarrassants, des chansons pop des années 90 à chanter en chœur et des clichés du père surprotecteur et toutes ne fonctionnent pas parfaitement . Certaines séquences donnent une impression de déjà-vu, comme si le scénario avait peur de laisser de côté tout ce qui avait plus ou moins fonctionné la dernière fois. Pourtant, Michelle Monaghan brille dans ce domaine, apportant une vivacité espiègle qui rehausse même les punchlines les plus prévisibles. Il est également rafraîchissant de la voir placée au cœur de l'action plutôt qu'en marge. Quant à Mark Wahlberg, il poursuit sa tendance à la facilité en incarnant des pères confus mais compétents qui traversent les dangers avec un mélange d'exaspération et de loyauté. C'est un personnage qui lui convient bien, même s'il dépasse rarement une seule note.
C'est au niveau de la cohésion narrative que le film pèche le plus. L'intrigue avance rapidement, presque trop rapidement, d'une scène à l'autre, laissant peu de temps à certaines trames émotionnelles pour vraiment résonner. L'intrigue secondaire concernant le nouvel emploi potentiel de Jessica dans l'Ohio semble être un vestige d'un autre film, tandis que les motivations d'Aidan, bien que plus développées que celles du méchant précédent, tombent parfois dans le mélodrame. Et si le passage à Paris dans le dernier acte du film apporte une fraîcheur visuelle, il contribue également à donner l'impression que l'histoire élargit sans cesse son champ d'action sans préciser son objectif. Pourtant, malgré ces défauts, le rythme garantit que le film ne traîne jamais en longueur ; au contraire, il devient ce film de Noël que l'on regarde avec une tasse de café, sans vraiment remarquer les raccourcis narratifs, car les lumières, la musique et les visages familiers rendent l'expérience agréable, même si elle est un peu creuse.
The Family Plan 2 est un film curieux : une suite indéniablement meilleure que le film qui l'a précédé, mais qui n'est toujours pas assez bonne pour se démarquer dans le paysage du streaming. Il améliore l'action, utilise mieux son casting et offre au public un méchant qui vaut la peine d'être regardé, mais son recours à un humour répétitif, à une intrigue générique et à des raccourcis sur le thème des fêtes le maintient carrément dans la catégorie des films à regarder en arrière-plan. Et pourtant, il y a un charme indéniablement chaleureux à regarder Mark Wahlberg, Michelle Monaghan et Kit Harington se renvoyer la balle au milieu de paysages urbains scintillants et de cascades improbables. Ce n'est pas du grand cinéma, mais c'est un divertissement compétent, une petite victoire dans un genre où la compétence est de plus en plus rare.
The Family Plan 2
Réalisé par Simon Cellan Jones
Écrit par David Coggeshall
D'après les personnages créés par David Coggeshall
Produit par Mark Wahlberg, David Ellison, Dana Goldberg, Don Granger, Stephen Levinson, John G. Scotti
Avec Mark Wahlberg, Michelle Monaghan, Zoe Colletti, Van Crosby, Kit Harington
Directeur de la photographie : Michael Burgess
Montage : Pani Scott
Sociétés de production : Apple Studios, Skydance Media, Municipal Pictures
Distribué par Apple TV
Date de sortie : 21 novembre 2025 (États-Unis, France)
Vu le 21 novembre 2025 sur Apple TV
Note de Mulder: