Wicked : partie II

Wicked : partie II
Titre original:Wicked : partie II
Réalisateur:Jon M. Chu
Sortie:Cinéma
Durée:137 minutes
Date:19 novembre 2025
Note:
La suite des aventures d'Elphaba et Glinda, deux sorcières légendaires du pays d'Oz, liées puis déchirées par le destin, poursuivant chacune sa propre quête de vérité et de justice. Etiquetée comme la Méchante Sorcière de l'Ouest, Elphaba vit désormais en exil, cachée dans la forêt. Elle poursuit sa lutte pour la liberté des animaux muselés, tout en cherchant à révéler la véritable nature du Magicien d'Oz. Glinda, en revanche, est devenue l'incarnation même du glamour et de la vertu. Installée dans le palais d'Emeraude, elle jouit des privilèges de sa célébrité et œuvre, sous l'influence de Madame Morrible, à renforcer l'image du règne du Magicien auprès du peuple. Alors qu'elle s'apprête à épouser le prince Fiyero lors d'un somptueux mariage grandiOz, Glinda ne peut oublier Elphaba. Rongée par le remords, elle tente une réconciliation qui échoue et aggrave encore la situation de son ancienne amie. Les conséquences seront lourdes pour Fiyero, Boq et Nessarose, la sœur d'Elphaba, surtout lorsqu'une mystérieuse jeune fille venue du Kansas entre en scène. Face à une révolte populaire dirigée contre Elphaba, les deux sorcières doivent mettre de côté leurs différends. Leur amitié, complexe mais sincère, devient la clé de leur avenir commun. Pour espérer réécrire leur histoire - et celle d'Oz - elles devront apprendre à se comprendre avec clarté, respect et bienveillance.

Critique de Sabine

La deuxième partie de WICKED est brillante et émouvante. Ce film plus court offre un univers plus approfondi, des personnages secondaires plus développés, des moments dramatiques plus intenses. Les deux films ayant été tournés en même temps, la même équipe est aux commandes, sous la direction du réalisateur Jon M. Chu. Critique garantie sans spoiler. 

Elphaba (Cynthia Erivo), surnommée la Méchante Sorcière de l’Ouest, vit en exil, cachée dans la forêt d’Oz, poursuivant son combat pour la liberté des animaux réduits au silence et essayant de faire connaître la vérité sur le Magicien (Jeff Goldblum). Glinda vit au palais de la Cité d’Emeraude, sous les ordres de Madame Morrible (Michelle Yeoh). Elle est chargée d’apporter joie et réconfort au pays d'Oz, en rassurant le peuple. 

Pour rappel, Wicked est basé sur la comédie musicale créé en 2003 avec une musique et des paroles de Stephen Schwartz, un livret de Winnie Holzman, d'après le roman à succès de Gregory Maguire (1996), lui-même inspiré du film Le Magicien d'Oz de Victor Flemming (1939), adaptation du roman de Frank Baum (1900). Pour cette adaptation, le studio a fait appel à nouveau à Stephen Schwartz. La bande originale du film qu'il a conçue avec le compositeur John Powell est une réussite. Au scénario du film, on retrouve Winnie Holzman, avec Dana Fox. Si le premier film traitait des choix que nous faisons, le deuxième parle des conséquences de ces choix. Nous ne sommes plus à l'école, mais dans une société avec un système politique. Elphaba, fidèle à ses valeurs, est prête à sacrifier ses propres rêves et espoirs pour lutter contre l’oppression faite aux animaux. Les enjeux sont ainsi plus complexes. Par ses réponses, cette deuxième partie est même subversive. Le film approfondit le thème de l'amitié, entre Glinda et Elphaba, avec la trahison, la douleur et la perte, mais aussi le pardon et l’amour. Ce dernier est également présent avec l'importance de voir au-delà des apparences, et à contrario son effet dévastateur, lorsqu'on s'accroche à un amour qui n'existe pas. Cette histoire d'amour et d'amitié est particulièrement émouvante.

Découvrir ce film en version originale permet de mesurer les performances des deux actrices principales. Leurs voix de diva ont été enregistrées en direct sur le plateau à leur demande. Cela facilite la transition de la voix parlée à la voix chantée. Souvent, dans les comédies musicales, lorsque la chanson commence, le spectateur a l’impression d’être dans un vidéo clip, puis  le dialogue reprend et on revient à la réalité. Avec cette méthode, l’expérience beaucoup plus immersive et fluide pour le public. En terme  de jeu, Cynthia Erivo est tout en retenue et gravité. Ariana Grande joue avec le cliché de la blonde écervelée. Leur tandem porte le film. Les autres interprètes même s'ils sont vocalement moins brillants, sont crédibles dans l'évolution de leurs personnages. Jonathan Bailey reprend son rôle de Fiyero, le prince autrefois insouciant, devenu un homme plein de retenue et de détermination. Jeff Goldblum qui est également pianiste de jazz, interprète avec brio «Wonderful», alliant mouvements jazzy et grands moments de lévitation. Le réalisateur Jon M. Chu et le chorégraphe Christopher Scott ont amélioré l’expressivité du film, tant sur le plan émotionnel que corporel. 

La direction artistique est encore plus magnifique. Le chef-costumier Paul Tazewell et le chef décorateur Nathan Crowley ont d'ailleurs remporté un Oscar pour le premier film. L'évolution des personnages se reflète dans les costumes, les décors, les lumières. Elphaba porte désormais un pantalon et un manteau de super-héroïne. Glinda est habillée haute-couture avec ses robes d'organza, de soie, de tulle, son corsage de perles de verre irisées et de cristaux brodés à la main. Si la première, ostracisée vit dans l'ombre, la deuxième baigne dans une lumière typique de l'âge d'or des comédies musicales.  Les paysages et les bâtiments sont un écho du poids de leurs décisions. Ainsi Glinda réside dans un appartement tout en hauteur de la ville, montrant à la fois son importance et son isolement. Le chef-décorateur s'est inspiré de l'art déco des années 30. C'est un travail de toute beauté.

Rien de tout cela n'aurait été possible sans le talent du réalisateur Jon M. Chu, qui a su diriger plus de deux cents techniciens répartis sur soixante-treize décors, dix-sept plateaux, cinq décors extérieurs et trois lieux de tournage. Le film a été tourné dans les Studios Elstree et les Warner Bros Studios, autour de Londres. Le tournage a duré 155 jours, soit un peu plus de 5 mois. Il a fallu ensuite procéder au montage, avec plus de 250 heures de rushes, pour livrer 5 heures de films, soit 2h40 et 2h18. Chapeau l'artiste! J'ai adoré. Wicked 2 est le divertissement de cette fin d'année qui ravira petits et grands.  

Wicked : partie II  (Wicked: For Good)
Réalisé par Jon M. Chu
Écrit par Winnie Holzman, Dana Fox
Basé sur Wicked de Stephen Schwartz, Winnie Holzman et Wicked de Gregory Maguire
Produit par Marc Platt, David Stone
Avec Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey, Ethan Slater, Bowen Yang, Marissa Bode, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum
Directrice de la photographie : Alice Brooks
Montage : Myron Kerstein
Musique : John Powell, Stephen Schwartz
Sociétés de production : Universal Pictures, Marc Platt Productions
Distribution : Universal Pictures
Dates de sortie : 4 novembre 2025 (Suhai Music Hall), 19 novembre 2025 (France), 21 novembre 2025 (États-Unis)
Durée : 137 minutes

Vu le 12 novembre 2025 au cinéma Le Grand Rex, salle Infinite

Note de Sabine:

Critique de Mulder

Dans Wicked : partie II (Wicked: For Good), le réalisateur Jon M. Chu revient à Oz avec une main plus sûre et une palette émotionnelle beaucoup plus riche, créant un deuxième chapitre qui embrasse pleinement le terrain plus sombre et plus complexe de l'acte II tout en continuant à se délecter du spectacle somptueux qui a fait de l'épisode de l'année dernière un phénomène mondial. Cette fois-ci, cependant, Oz semble meurtri : une société imprégnée de propagande, rongée par la peur et emportée par les illusions véhiculées par le Magicien incarné par Jeff Goldblum et sa complice sournoise Michelle Yeoh dans le rôle de Madame Morrible. Si Wicked était un accueil étincelant dans ce monde, Wicked : partie II (Wicked: For Good)est le moment où son éclat commence à s'estomper, révélant une histoire à la fois inattendue sur le plan politique et profondément personnelle. Ce qui est frappant, c'est la confiance avec laquelle Jon M. Chu utilise la durée prolongée du film pour explorer non seulement les événements du mythe original du Magicien d'Oz, mais aussi les subtilités de l'image, de la manipulation et de la fragilité de la bonté. La « bulle » bien-aimée d'Oz n'est pas magique, mais mécanique ; nous découvrons que la personnalité scintillante de Glinda a été conçue dès le début. Ces révélations ne servent pas seulement l'intrigue, elles rendent Oz étrangement familier, un endroit où la vérité est facultative et où le spectacle est tout.

Le poids de cette illusion repose entièrement sur les épaules d'Ariana Grande, et le film devient, souvent de manière surprenante, autant le parcours de Glinda que celui d'Elphaba. Ariana Grande incarne le personnage avec beaucoup plus de nuances que dans le premier film, où le timing comique effervescent dominait. Ici, elle s'appuie sur le besoin désespéré et discret de Glinda d'être adorée, un besoin né lors d'une fête d'anniversaire dans son enfance, recréé dans un flashback rempli d'anecdotes à la fois drôles et douloureusement révélatrices. Entourée d'applaudissements, de privilèges et d'un décor pastel, Glinda passe la première partie du film à se convaincre qu'elle fait le bien, tandis que le régime du Magicien utilise son image comme une arme. Mais lorsqu'elle interprète « The Girl in the Bubble », errant dans son penthouse Art déco surchargé de décorations, Grande trouve l'équilibre entre pastiche et déchirement ; sa voix tremble, comme si quelqu'un commençait à voir les rouages derrière son propre mythe. C'est cette prise de conscience naissante, et non la magie, qui la transforme en véritable leader à la fin du film.

Alors que Glinda apprend à affronter la vérité, Elphaba, incarnée par Cynthia Erivo, commence le film en la rejetant, du moins la version qu'Oz a choisie pour elle. Cynthia Erivo l'incarne désormais avec une lassitude imposante, comme quelqu'un qui a épuisé tous les moyens d'espérer dans un monde déterminé à la méconnaître. Lorsqu'elle fait irruption à l'écran sur son balai lors d'un sauvetage précoce d'animaux asservis construisant la route de briques jaunes, elle a la prestance d'une héroïne populaire, une justicière dont la réputation grandit plus vite que la vérité ne peut la rattraper. L'une des séquences les plus émouvantes du film la montre tombant par hasard sur une caravane d'animaux effrayés qui s'apprêtent à fuir Oz ; la façon dont Erivo les calme, les encourageant à travers la nouvelle ballade douce-amère « No Place Like Home », ressemble presque à une inversion de la réplique emblématique de Judy Garland. Ici, la maison est un endroit pour lequel il vaut la peine de se battre, même si elle ne vous aime pas en retour. Dans ces moments-là, Elphaba devient moins une méchante sorcière qu'un symbole de résistance, une femme qui choisit de se plier au récit écrit pour elle parce que toutes les autres voies lui sont fermées.

Mais la fracture morale entre les deux sorcières, l'une façonnée par les privilèges, l'autre par la persécution, s'aggrave à mesure que la propagande s'intensifie autour d'elles. Fiyero est au cœur de cette fracture, un beau capitaine de la garde déchiré entre son devoir envers Glinda et son lien indéniable avec Elphaba. Cynthia Bailey n'a pas autant de numéros spectaculaires que le public pourrait le souhaiter, mais l'intimité qu'il apporte à As Long as You're Mine , interprété dans la forêt éclairée par la lune qu'Elphaba considère désormais comme son foyer, transforme ce numéro en sans doute le moment le plus sensuel et le plus humain de tout le film. Sa lente prise de conscience qu'il ne peut plus continuer à vivre comme un accessoire dans le récit du Magicien ajoute une dimension émotionnelle inattendue au triangle amoureux. Et à travers lui, For Good renforce subtilement l'un de ses thèmes les plus forts : dans un monde construit sur des mensonges, choisir l'honnêteté est l'acte le plus courageux qui soit.

Le fil narratif impliquant Nessarose, la sœur d'Elphaba, interprétée avec une fragilité poignante par Marissa Bode, est le point faible du film, non pas à cause de la performance de Bode, qui est profondément émouvante, mais parce que le scénario doit trouver un équilibre entre rendre hommage au spectacle théâtral et corriger ses pièges discriminatoires. Son parcours, entremêlé à celui de Boq, le personnage loyal et déchirant interprété par Ethan Slater, contient certains des rebondissements les plus sombres du film, culminant avec les origines du Tin Man et du Scarecrow, qui constituent à elles seules de véritables tragédies miniatures. Ces moments luttent parfois pour trouver leur place dans l'esthétique maximaliste de Chu, mais lorsque le film prend du recul et laisse place au calme, en particulier dans la confrontation dévastatrice entre Nessarose et Elphaba, on comprend à quel point ces histoires parallèles sont importantes pour redéfinir Oz non pas comme un pays merveilleux, mais comme un endroit où ceux qui n'ont pas de pouvoir sont facilement mis de côté.

Si le film menace parfois de s'effondrer sous le poids de sa propre construction du monde, sa boussole émotionnelle reste stable. Cette stabilité provient en grande partie de la production elle-même : les décors de Nathan Crowley, les costumes somptueux de Paul Tazewell et la cinématographie grandiose d'Alice Brooks s'associent une fois de plus pour former un langage visuel qui tient à la fois du spectacle MGM et de la satire politique moderne. Une anecdote particulièrement mémorable est la façon dont Madame Morrible et le Magicien mettent en scène les annonces publiques : projecteurs, engins mécaniques et illusions tape-à-l'œil conçus pour distraire les masses. Voir les Oziens applaudir alors que les animaux perdent leurs droits ou que la bulle de Glinda descend dans une gloire orchestrée est un peu gênant. Ce n'est pas un hasard si les parallèles politiques du film évoquent tout, de la propagande classique aux démagogues récents du monde réel. Wicked : partie II (Wicked: For Good) n'hésite pas à montrer que l'image, c'est le pouvoir, et que ceux qui contrôlent l'histoire contrôlent le monde.

Et pourtant, malgré toute sa perspicacité politique, ce qui reste le plus en mémoire, c'est la croyance inébranlable du film en l'amitié comme vérité fondamentale. La complicité entre Cynthia Erivo et Ariana Grande, entrevue dans de brefs instants dans le premier film, s'épanouit pleinement ici, en particulier dans de petits moments sans paroles : Glinda lissant sa jupe alors qu'elle s'approche d'Elphaba ; Elphaba s'adoucit chaque fois qu'elle entend Glinda prononcer son vrai nom ; les deux femmes hésitent au seuil de la réconciliation. Lorsque le duo titre « For Good » arrive enfin, Jon M. Chu a la sagesse de vider l'écran de tout spectacle. Pas de tornade tourbillonnante en images de synthèse, pas d'armée de soldats, pas de décor imposant. Juste deux femmes, un mur entre elles, qui chantent l'une à l'autre avec une tendresse qui rend la pièce soudainement, incroyablement silencieuse. C'est un moment rare où un film de cette envergure permet à une intimité authentique de l'emporter sur la grandeur — et c'est ce choix qui élève la finale du statut de numéro musical à celui de point culminant émotionnel.

Wicked : partie II (Wicked: For Good) accomplit quelque chose d'étonnamment difficile : il approfondit la mythologie sans l'étouffer, enrichit les personnages sans les trahir et recadre une histoire centenaire d'une manière qui semble véritablement urgente. L'intrigue, lourde de rebondissements, ne se déroule pas toujours sans heurts ; le rythme est parfois hésitant au début et quelques séquences restent trop chargées. Mais son cœur, alimenté par la conviction tonitruante de Cynthia Erivo et l'évolution étonnamment poignante d'Ariana Grande, bat si fort qu'il éclipse les faux pas. Ce deuxième chapitre comprend son rôle non seulement comme une suite, mais aussi comme le fondement émotionnel de tout ce qui l'a précédé et de tout ce que Oz deviendra. Et lorsque les dernières notes de « For Good » retentissent, vous ressentez un impact qui transcende la nostalgie : un rappel que l'amitié, une fois forgée, nous transforme à jamais, parfois douloureusement, toujours profondément et, comme le souligne le film, pour toujours.

Wicked : partie II (Wicked: For Good)
Réalisé par Jon M. Chu
Écrit par Winnie Holzman, Dana Fox
Basé sur Wicked de Stephen Schwartz, Winnie Holzman et Wicked de Gregory Maguire
Produit par Marc Platt, David Stone
Avec Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey, Ethan Slater, Bowen Yang, Marissa Bode, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum
Directrice de la photographie : Alice Brooks
Montage : Myron Kerstein
Musique : John Powell, Stephen Schwartz
Sociétés de production : Universal Pictures, Marc Platt Productions
Distribution : Universal Pictures
Dates de sortie : 4 novembre 2025 (Suhai Music Hall), 19 novembre 2025 (France), 21 novembre 2025 (États-Unis)
Durée : 137 minutes

Vu le 19 novembre 2025 au Gaumont Disney Village, Salle IMAX place E18

Note de Mulder: