Eternal sunshine of the spotless mind

Eternal sunshine of the spotless mind
Titre original:Eternal sunshine of the spotless mind
Réalisateur:Michel Gondry
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:06 octobre 2004
Note:
Joel et Clementine ne voient plus que les mauvais côtés de leur tumultueuse histoire d'amour, au point que celle-ci fait effacer de sa mémoire toute trace de cette relation. Effondré, Joel contacte l'inventeur du procédé Lacuna, le Dr. Mierzwiak, pour qu'il extirpe également de sa mémoire tout ce qui le rattachait à Clementine. Deux techniciens, Stan et Patrick, s'installent à son domicile et se mettent à l'oeuvre, en présence de la secrétaire, Mary. Les souvenirs commencent à défiler dans la tête de Joel, des plus récents aux plus anciens, et s'envolent un à un, à jamais. Mais en remontant le fil du temps, Joel redécouvre ce qu'il aimait depuis toujours en Clementine – l'inaltérable magie d'un amour dont rien au monde ne devrait le priver. Luttant de toutes ses forces pour préserver ce trésor, il engage alors une bataille de la dernière chance contre Lacuna...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Avec Charlie Kaufman, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre. Sur les cinq films dont il a écrit le scénario et parmi lesquels on a vu quatre, deux sont des exercices hautement inventifs et survoltés, mais qui tournent trop rapidement à vide ou se fourvoient dans des sphères généralement fermées au cinéma commercial (Dans la peau de John Malkovich et Adaptation), un est une biographie filmique solide, mais qui ne se démarque pas tellement d'oeuvres similaires de la même période, notamment Auto-Focus (Confessions d'un homme dangereux), et, celui qu'on a loupé, nous paraît comme une comédie infantile - or, en vue du film critiqué à présent, issu de la même collaboration scénariste/réalisateur, ce jugement présomptueux vole en éclats (Human Nature). Il reste alors cette nouvelle folie de Charlie Kaufman, qui laisse, a priori pour la première fois, libre cours à l'imagination de cet artiste singulier.
Sans vouloir déprécier l'apport de Michel Gondry, Eternal Sunshine ... est en effet avant tout un film qui repose sur la force des idées de son scénario. Le travail du réalisateur y est certes très respectable, mais il réussit surtout l'exploit, preuve d'une humilité rare dans le métier, de ne pas entraver l'épanouissement de l'histoire unique de Kaufman, une tâche que Spike Jonze avait beaucoup plus de mal à accomplir. La structure hautement inhabituelle, les pérégrinations dans l'esprit de Joel et les revirements spectaculaires de l'intrigue, tout cela est dû au génie du scénariste, alors que le réalisateur se contente la plupart du temps à filmer ce conte psychédélique de façon adéquate, mais sans grande inspiration. Uniquement vers la fin - sur laquelle on ne vous dira pas plus, de peur de vous révéler trop d'éléments cruciaux - les images parlent par elles-mêmes et le flux incessant de souvenirs encastrés s'arrête pour laisser à Michel Gondry l'occasion de créer de ses propres moyens un peu de magie du cinéma à travers elles.
L'enchantement principal du film provient par contre, et il n'est guère superflu d'insister, de l'espace mental incroyable imaginé par le scénario. D'une apparente linéarité, au moins jusqu'au générique très tardif, l'histoire joue en effet constamment avec notre perception du temps et de l'espace. Abolissant toutes les règles établies de la fiction classique, majoritairement issues du théâtre, Kaufman en crée de nouvelles qui débouchent sur une expérience enivrante et novatrice, qui met le spectateur dans un état hors de lui et hors de ses repères pour l'immerger dans un univers gouverné par les souvenirs et leur manipulation.
Tellement l'impression d'avoir assisté à quelque chose de novateur est grande, que les contributions individuelles disparaissent dans l'enthousiasme général et l'encensement de Charlie Kaufman. Pourtant, Jim Carrey est agréablement sobre dans son jeu - probablement le plus depuis Truman Show, puisque son rôle de comique dans Man on the Moon se prêtait davantage à des débordements faciaux. Et Kate Winslet dispense sans retenue de son charme en tant que héroïne et idole de toutes les filles solitaires et déjantées qui ne cherchent qu'un peu de paix personnelle. Enfin, la bande originale est, elle aussi, remarquable, dans ses tonalités inconventionnelles mais qui rajoutent encore à l'étrangeté de l'entrepise.

Vu le 14 octobre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 3, en VO
Revu le 23 janvier 2008, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: