
| Titre original: | The Red Mask |
| Réalisateur: | Ritesh Gupta |
| Sortie: | Vod |
| Durée: | 91 minutes |
| Date: | Non communiquée |
| Note: |
The Red Mask, réalisé par Ritesh Gupta et scénarisé par Samantha Gurash et Patrick Robert Young, est le genre de film d'horreur qui sait exactement ce qu'il fait : il regarde droit dans les yeux injectés de sang de son genre et demande Et maintenant, où allons-nous ?. Le film débute avec Helena Howard dans le rôle d'Allina Green, une scénariste noire queer à qui l'on confie la tâche délicate de relancer un classique du cinéma gore des années 80. Sa tâche consiste à réimaginer The Red Mask, un film culte de 1982 mettant en scène un bain de sang lors d'une invasion de domicile, qui est depuis longtemps tombé dans l'oubli. Mais le dilemme d'Allina Green – comment respecter les racines de l'horreur sans reproduire ses clichés dépassés – devient le dilemme du film lui-même. Sous la plume de Ritesh Gupta, ce conflit n'est pas seulement thématique, mais aussi structurel : le film oscille constamment entre hommage et critique, une danse des couteaux qui tranche à travers des décennies d'histoire de l'horreur tout en gardant un œil sur l'ego meurtri du présent.
Il est ironique que la paralysie créative d'Allina Green provienne précisément de la communauté qui prétend aimer le plus l'horreur. Quelques détracteurs en ligne, des fans enragés qui l'accusent d'être woke, déclenchent une tempête de menaces de mort, la forçant à se réfugier dans une cabane isolée dans les bois avec sa fiancée Deetz, interprétée avec une chaleur incisive par Inanna Sarkis. L'ironie n'échappe à personne qui connaît les guerres entre fans d'aujourd'hui : comment le genre qui donnait autrefois la parole aux marginaux se retourne désormais souvent contre lui-même. Dans cette cabane, les frontières s'estompent – entre fantaisie et réalité, jeu d'acteur et peur réelle – alors que le couple écrit selon la méthode des scènes de la franchise, Deetz enfilant le masque rouge éponyme tandis qu'Allina tente de vaincre son blocage d'écrivain. Lorsqu'une double réservation amène un autre couple, Ryan (Jake Abel) et Claire (Kelli Garner), le calme devient carnassier. Ce qui commence comme une expérience créative se transforme en une séance de thérapie sanglante sur la paternité, la propriété et l'identité.
Ritesh Gupta orchestre tout cela avec une précision malicieuse. Sa caméra s'attarde moins sur le gore que sur la tension, celle qui vient du fait de voir des gens intellectualiser l'horreur jusqu'à ce qu'elle riposte. C'est autant une pièce de théâtre qu'un slasher, et ses meilleurs moments ne viennent pas des meurtres mais des conversations : de longs débats sur ce que devrait être l'horreur, sur la question de savoir si Funny Games était moral ou manipulateur, si Scream a sauvé ou étranglé le genre. Ces scènes auraient pu tomber à plat entre des mains moins habiles, mais les acteurs les vendent à la fois comme des méta-commentaires et des confessions émotionnelles. Ryan, interprété par Jake Abel, représente la nostalgie possessive du fanboy old school, le type qui vénère les principes fondamentaux de la pureté du slasher. Helena Howard, quant à elle, insuffle de la vulnérabilité à son intellectualisme : son interprétation crépite de l'épuisement de quelqu'un qui tente de créer quelque chose de nouveau dans un espace qui punit la différence.
La brillante idée de The Red Mask réside dans la manière dont il utilise cette impasse créative comme moteur narratif. Tout comme New Nightmare ou Scream de Wes Craven, c'est à la fois le couteau et le miroir. Le scénario de Samantha Gurash et Patrick Robert Young intègre des références à Barbarian, Bone Lake et même aux débats sur l'horreur élevée qui ont divisé le public ces dernières années. Mais ce qui fait sa résonance, c'est le courant émotionnel qui sous-tend son intelligence : ce n'est pas un film qui se moque des fans, mais qui déplore ce qu'ils sont devenus. Il y a une authenticité douloureuse dans sa description de la virulence en ligne, dans la façon dont des utilisateurs anonymes utilisent la nostalgie comme une arme pour contrôler l'art. L'horreur ici ne vient pas seulement des tueurs masqués, mais de la fragilité de la création lorsque chaque geste est disséqué publiquement.
Même si The Red Mask abuse parfois de ses rebondissements, son dernier acte récompense son ambition. Lorsque le sang finit par couler, cela semble mérité, non pas comme un spectacle, mais comme une métaphore, comme si le film lui-même devait tuer son propre discours pour renaître. Ritesh Gupta livre un premier film confiant et cérébral qui prouve que l'horreur n'a pas besoin de choisir entre le primitif et le politique. Elle peut être les deux à la fois : une machette et un miroir. Pour les spectateurs prêts à faire la moitié du chemin, The Red Mask n'est pas seulement un reboot de slasher, c'est une autopsie de l'âme du genre, et un rappel que derrière chaque masque, il y a quelqu'un qui cherche désespérément à raconter son histoire avant que quelqu'un d'autre ne le fasse taire.
The Red Mask
Réalisé par Ritesh Gupta
Écrit par Samantha Gurash, Patrick Robert Young
Produit par Kearin Coonan, Stephen McFarlane, Blaine Morris, Max Neace, Jayson Ramos, Isen Robbins, Aimee Schoof, Atit Shah, Deepen Shah
Avec Kelli Garner, Jake Abel, Inanna Sarkis, Teddy Moutinho, Helena Howard, James A. Janisse, Chelsea Rebecca, Sam Morgan, Rachel Paulson, Carly King, Shaylaren Hilton, Mykie, Tiffany Huber, Kayleen Casey, Megan Anderson, Joey Millin, Zoe Annabel, Jeremy Ray Burchard, Tia Hysonk, Matthew Torres
Directeur de la photographie : Powell Robinson
Montage : Jacquelyn Le, Tuan Quoc Le
Sociétés de production : Create Entertainment, Intrinsic Value Films
Dates de sortie : NC
Durée : 91 minutes
Vu le 8 octobre 2025 (Screamfest 2025 press screener)
Note de Mulder: