Titre original: | Deathstalker |
Réalisateur: | Steven Kostanski |
Sortie: | Vod |
Durée: | 103 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Steven Kostanski a fait carrière en transformant les genres en jouets ludiques et sanglants, et avec Deathstalker, il prend le plus grand risque de sa carrière. Là où d'autres auraient vu une relique oubliée de Roger Corman, un morceau de pulp de l'ère VHS qu'il valait mieux laisser à la poubelle, Steven Kostanski a vu une chance de réanimer tout un sous-genre avec à la fois révérence et dérision. Son film n'est pas tant un remake qu'une lettre d'amour bruyante et artisanale au boom de l'épée et de la sorcellerie du début des années 1980, où les monstres en latex, les guitares headbanging et le camp sans vergogne coexistaient avec de véritables tentatives de création de mythes. Le résultat est un Frankenstein cinématographique assemblé à partir de nostalgie et de nouvelles astuces, et même si les coutures sont souvent visibles, cette rugosité fait partie de son charme particulier.
Au centre de ce chaos se trouve Daniel Bernhardt, longtemps respecté dans les cercles du genre en tant que cascadeur et chorégraphe de combats, qui endosse enfin un rôle principal qui lui permet de montrer plus que ses poings. Son Deathstalker est moins un noble barbare qu'un pilleur de tombes issu de la classe ouvrière qui tombe par hasard sur son destin, et Daniel Bernhardt l'incarne avec un humour las, comme s'il préférait mettre en gage l'amulette maudite qui le lie à son destin plutôt que de sauver le royaume. Cette irrévérence est la clé des meilleurs moments du film, ancrant l'absurdité dans un personnage qui se sent aussi exaspéré que le public face au défilé interminable de malédictions, d'hommes-cochons et de geysers de sang. Pour une fois, la star d'action est autorisée à apporter de l'esprit à son physique, rappelant que Daniel Bernhardt a toujours été plus qu'un corps à jeter à travers une vitre.
Les seconds rôles incarnent l'équilibre tonal recherché par Steven Kostanski. Patton Oswalt prête sa voix au petit sorcier Doodad, tandis que Laurie Field assure la performance physique, un décalage intentionnel qui rappelle le doublage maladroit des importations des années 1980. Ce qui pourrait faire sombrer une autre production devient ici un signe d'honneur, un clin d'œil complice qui entraîne le spectateur dans la logique imaginaire du film. À leurs côtés, la voleuse Brisbayne de Christina Orjalo et le méchant récurrent Jotak de Paul Lazenby complètent une galerie de voyous aussi large qu'amusante. Les méchants déclament avec une puissance shakespearienne, tandis que les héros marmonnent comme des aventuriers fatigués dans un pub, et la collision des tons produit à la fois des rires et une affection curieuse pour les aspects rugueux du monde.
Visuellement, Deathstalker est une explosion d'effets spéciaux qui ne pouvait venir que de Steven Kostanski et de son équipe d'artisans du genre. Chaque image semble recouverte de caoutchouc, de plâtre ou de seaux de faux sang. Des monstres apparaissent en stop-motion ou émergent dégoulinants de moules prothétiques, des guerriers au visage de cochon chargent dans le cadre et des créatures gluantes des marais se tordent pour attirer l'attention. Regarder le film, c'est comme entrer dans un garage où l'imagination n'est limitée que par la quantité de mousse disponible. À une époque où les effets numériques ont gommé toutes les imperfections, ces créations bosselées et tactiles nous rappellent la joie de voir les coutures, de savoir que derrière le masque se cache un acteur qui transpire pour rendre l'illusion réelle.
Pourtant, le dévouement de Steven Kostanski au camp est une arme à double tranchant. Pour chaque gag inspiré sur une créature ou chaque décapitation parfaitement synchronisée, il y a un moment où le film souffre de sa propre absurdité délibérée. Le récit, qui n'est guère plus qu'une campagne de Donjons et Dragons agrémentée de quêtes secondaires, traîne parfois entre les scènes clés. Même les admirateurs admettront que la structure répétitive des indices, des monstres et des combats finit par lasser. Il est néanmoins difficile de résister à cet enthousiasme débordant, en particulier lorsque la chorégraphie des combats, renforcée par le pedigree martial de Daniel Bernhardt, dépasse ce que ce genre offre habituellement. Les épées s'entrechoquent avec un rythme chorégraphique, et chaque nouvel adversaire apporte un style de combat distinct qui élève l'action bien au-delà de la nostalgie.
La musique souligne cette joyeuse démesure. Avec une bande originale de Blitz//Berlin, des envolées de Bear McCreary et même une chanson originale de Slash pendant le générique, la bande-son vibre d'une énergie heavy metal. Ce n'est pas un hasard : le film repose autant sur des riffs et des cris que sur des épées et de la sorcellerie. C'est dans une énergie collective que l'œuvre de Steven Kostanski prend tout son sens : des films qui ne sont pas faits pour être regardés seuls et poliment, mais pour les nuits tardives, les sols collants et les publics qui crient devant l'écran.
Dans la lignée du film original de James Sbardellati de 1983, la version de Steven Kostanski est à la fois une critique et une célébration. L'original était bon marché, mesquin et, en dehors des rayons VHS, largement oublié. Ce reboot ne cherche pas tant à réparer l'original qu'à retrouver l'esprit du cinéma trash de l'époque, en gommant sa misogynie la plus hideuse tout en amplifiant les gags, le gore et l'émerveillement enfantin. Pour ceux qui ont grandi avec Conan le Barbare ou qui ont loué les cassettes de Beastmaster jusqu'à les user, le film comble un besoin longtemps resté insatisfait. Pour d'autres, sa grossièreté délibérée peut sembler épuisante, vestige d'un goût qu'ils n'ont jamais acquis.
Deathstalker est moins l'histoire d'une amulette maudite que la joie de voir un film fait à la main, avec autant de passion que d'absurdité. Steven Kostanski prouve une fois de plus qu'il est l'un des rares réalisateurs prêts à embrasser le kitsch sans complexe, à créer des films qui font rire avec leur public plutôt que de se moquer de lui. Ce film ne plaira pas à tout le monde, et il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Mais pour ceux qui sont prêts à le découvrir selon ses propres termes, avec un seau de pop-corn, un sens de l'humour et peut-être une touche de soif de sang, il offre un retour joyeux à une époque où la fantaisie était plus désordonnée, plus idiote et, à sa manière, plus humaine.
Deathstalker
Écrit et réalisé par Steven Kostanski
Produit par Pasha Patriki, Michael Paszt, Avi Federgreen, James Fler, Peter Kuplowsky, Andrew Hunt
Avec Daniel Bernhardt, Patton Oswalt, Christina Orjalo, Paul Lazenby, Nina Bergman
Directeur de la photographie : Andrew Appelle
Montage : Robert Hyland
Musique : Blitz//Berlin
Sociétés de production : Hangar 18 Media, Berserkergang Films
Distribution : Shout! Studios (États-Unis)
Dates de sortie : 15 août 2025 (Locarno), 10 octobre 2025 (États-Unis)
Durée : 103 minutes
Vu le 20 septembre 2025 (press screener Fantastic Fest 2025)
Note de Mulder: