French lover

Il y a parfois des films qui donnent l’impression d’avoir été pensés par algorithme, tant leur mécanique semble prévisible et leur absence de souffle criante. French Lover, réalisé par Nina Rives et coécrit avec Hugo Gélin et Noémie Saglio, s’inscrit malheureusement dans cette catégorie. Derrière l’affiche alléchante, avec une star comme Omar Sy dans le rôle d’Abel Camara et une actrice de talent comme Sara Giraudeau en partenaire romantique, le spectateur découvre un récit qui ne dépasse jamais le cliché, recyclant des situations vues mille fois sans jamais les sublimer. La promesse d’une comédie romantique ancrée dans le star system se réduit très vite à une succession de scènes convenues, prévisibles au point d’en devenir mécaniques.

Là où l’on attendait un souffle moderne ou une vraie réflexion sur le fossé entre célébrité et normalité, French Lover ne propose qu’une variation pâle et timorée. La mise en scène de Nina Rives, loin d’apporter une signature, se contente d’aligner des plans sans relief, amplifiés par une photographie de Renaud Chassaing qui manque cruellement d’inspiration. Le montage de Valérie Deseine accentue encore l’impression d’étirement : deux heures interminables où l’intrigue se dilue faute de véritable rythme. La musique de Guillaume Ferran, qui aurait pu apporter une identité ou un souffle supplémentaire, se contente d’accompagner sans jamais surprendre, renforçant ce sentiment de production lisse et sans âme.

Même les acteurs, pourtant habitués à tenir l’écran, semblent prisonniers d’un scénario qui ne leur offre aucune chair. Omar Sy, d’ordinaire charismatique, paraît enfermé dans un rôle caricatural de star incapable de gestes simples, et ce manque de nuance devient vite irritant. Face à lui, Sara Giraudeau est condamnée à incarner la sempiternelle “fille ordinaire” qui supporte, pardonne et s’efface. Leur duo manque cruellement d’alchimie, et les quelques tentatives de dialogues plus sincères tombent à plat, écrasées par des répliques calibrées pour la bande-annonce plutôt que pour le cœur. Les personnages secondaires ne sont guère plus développés : silhouettes fonctionnelles qui traversent l’écran sans laisser de trace.

Le problème majeur de French Lover n’est pas seulement sa prévisibilité, mais son incapacité à créer la moindre émotion authentique. On ne rit pas, on ne vibre pas, et l’on s’agace vite de cette succession de quiproquos artificiels et de grands gestes romantiques plaqués sans logique. La fin, censée émouvoir avec son geste de réconciliation publique, sonne d’autant plus faux qu’aucune construction dramatique ne l’a réellement préparée. Tout semble plaqué, comme si l’on avait déroulé mécaniquement la check-list des clichés de la rom-com internationale destinée à Netflix.

En sortant de ce film, la frustration domine. On se dit que ce casting, ce budget et ces talents réunis auraient pu donner naissance à une œuvre drôle, vibrante, ou au moins sincère. Au lieu de cela, French Lover n’est qu’une coquille vide, un produit formaté qui ennuie plus qu’il ne séduit. Avec une telle pauvreté de fond et une telle inertie de forme, difficile de lui accorder plus qu’une mauvaise note, uniquement sauvé par la présence d’acteurs qui mériteraient bien mieux.

French Lover
Réalisé par Nina Rives
Écrit par Hugo Gélin, Nina Rives, Noémie Saglio
Produit par Lionel Uzan, Hugo Gélin et Omar Sy
Avec Omar Sy, Sara Giraudeau, Alban Ivanov, Pascale Arbillot, Agnès Hurstel, Xavier Lacaille, Cindy Bruna, Amaury de Crayencour, Isabelle Candelier, Antoine Chappey, Jean Franco, Camille Lavabre, Alexandre Kominek, Julien Santini, Sébastien Castro, Claudia Bacos, Baya Rehaz, Isabelle Vitari, Patrice Melennec, Guillaume Mélanie, Cédric Moreau, Hugo Gélin, Ruben Alves, Jeanne Bournaud, Frédéric Fix, Jade Vinot-Mony, Rose Michel Tastet 
Directeur de la photographie : Renaud Chassaing
Montage : Valérie Deseine
Musique : Guillaume Ferran
Sociétés de production : Zazi Films, Federation Studio France et Korokoro Productions
Distribué par Netflix (France, États-Unis)
Date de sortie : 26 septembre 2025
Durée : 120 minutes

Vu le 26 septembre 2025 (Netflix)

Note de Mulder: