The summer book

The summer book
Titre original:The summer book
Réalisateur:Charlie McDowell
Sortie:Vod
Durée:90 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Une jeune fille et sa grand-mère passent l'été sur une petite île préservée du golfe de Finlande.

Critique de Mulder

The summer Book réalisé par Charlie McDowell est un film d'une modestie trompeuse, mais qui révèle rapidement ses multiples facettes à ceux qui ont la patience de se laisser porter par son rythme. Adapté par Robert Jones du roman de Tove Jansson publié en 1972, il dresse le portrait d'une famille prise entre le deuil et le renouveau, de générations liées entre elles sur une île finlandaise isolée où le temps semble suspendu. Il en ressort moins un récit conventionnel qu'une tapisserie de moments — silences ensoleillés, fragments de dialogue, regards échangés — chacun chargé de l'inévitabilité de la perte et de la fragile beauté de la vie qui continue. Ce n'est pas un cinéma qui va de l'avant, mais plutôt un cinéma qui dérive, et c'est dans cette dérive que réside sa force et sa faiblesse.

Au centre se trouve Glenn Close, incarnant une grand-mère dont le corps est fatigué mais dont l'esprit reste vif, enjoué et parfois caustique. C'est une performance ancrée dans l'immobilité : ses épaules voûtées, ses pas traînants sur le sol moussu, le calme défiant avec lequel elle allume une cigarette au crépuscule. Depuis des décennies, son personnage revient dans cette cabane au bord du golfe de Finlande, mais cet été est différent : c'est le premier sans sa fille, dont la mort pèse sur la famille sans jamais être évoquée à voix haute. Elle partage l'île avec son fils, interprété avec une retenue poignante par Anders Danielsen Lie, et sa petite-fille Sophia, incarnée avec un naturalisme saisissant par la nouvelle venue Emily Matthews. Le temps passé ensemble par le trio est moins façonné par l'intrigue que par des rituels : planter un arbre dans un sol rocheux, naviguer sur des eaux agitées, errer dans une « forêt magique » de mousse et de roseaux.

Charlie McDowell, connu jusqu'à présent pour ses thrillers claustrophobes tels que The One I Love et Windfall, prend ici un tournant inattendu, embrassant la retenue et le calme méditatif. Sa mise en scène ressemble souvent à un hommage discret aux films insulaires d'Ingmar Bergman, mais sans la même intensité psychologique. Au lieu de cela, Charlie McDowell se contente de laisser le paysage respirer, faisant confiance à la photographie de Sturla Brandth Grøvlen pour porter le poids émotionnel. La caméra s'attarde sur les eaux glaciales qui se dissolvent dans les courants estivaux, ou sur la lumière du soleil qui danse sur le visage de Sophia lorsqu'elle demande à sa grand-mère si elle va bientôt mourir. C'est dans ces pauses que la vérité émotionnelle du film émerge : le chagrin ne s'exprime pas toujours par le dialogue ou la confession, mais par le silence, l'évitement et la façon dont les gens se comportent dans des espaces autrefois remplis par la présence d'autrui.

Pourtant, cette même retenue peut être aliénante. Les critiques ont noté que le film semble souvent « léger en intrigue », et il y a des moments où le rythme languissant ressemble moins à de la méditation qu'à de la stagnation. Une séquence où Sophia prie pour qu'une tempête éclate parce qu'elle s'ennuie à mourir reflète un sentiment que certains spectateurs peuvent partager. La tempête finit par arriver, et bien qu'elle insuffle un sentiment fugace de danger, la montée dramatique semble presque superficielle, une concession à l'attente narrative plutôt qu'un développement organique. De même, le personnage d'Anders Danielsen Lie reste sous-développé : trop souvent relégué à l'arrière-plan, son chagrin se distille dans des plans métaphoriques de girouettes et de ciels gris plutôt que dans des moments émotionnels mérités.

Le film réussit sans équivoque dans la relation entre la grand-mère et sa petite-fille. Leurs échanges vont de l'humour – Glenn Close réprimandant sa petite-fille pour avoir empiété sur la propriété d'un voisin ou déplorant l'assaut du « temps qui passe » – à une tendresse profonde. L'un des moments les plus émouvants du film survient lorsque Sophia décrit si vivement le fait de dormir dans une tente que sa grand-mère, qui ne se souvient plus elle-même de cette sensation, ferme les yeux et sourit comme si elle était transportée dans sa propre jeunesse. C'est dans ces détails, si petits qu'ils pourraient être négligés, que Charlie McDowell rend hommage au don de Tove Jansson pour trouver l'universalité dans des incidents fugaces.

La musique de Hania Rani joue un rôle crucial, façonnant l'ambiance avec des compositions pour piano qui oscillent entre mélancolie et sérénité. Parfois, la musique est envahissante, comblant les lacunes émotionnelles que le scénario ne parvient pas à combler, mais le plus souvent, elle devient le cœur battant du film, transportant les spectateurs à travers des passages où les dialogues s'estompent dans le silence. À cela s'ajoute l'authenticité tactile de la conception artistique : le bois grinçant de la cabane, le frottement des pulls en laine, le sol moussu que la grand-mère de Glenn Close qualifie d'obsession. Ces détails sensoriels évoquent non seulement l'univers des personnages, mais aussi Tove Jansson elle-même, qui a passé des décennies sur une île très similaire à celle-ci, cherchant refuge dans la nature après la mort de sa mère.

Pourtant, l'adaptation ne parvient pas à échapper entièrement à ses limites. Sur le papier, le roman de Jansson était une série de fragments lumineux, chacun scintillant comme « des lumières sur une guirlande », comme l'a décrit Ali Smith. À l'écran, ces fragments semblent parfois statiques, leur magie se dissipant dans l'effort de les littéraliser. Là où le livre invitait les lecteurs à imaginer les espaces entre les mots, le film les remplit trop souvent de pauses qui risquent de rendre le récit monotone. Pour les spectateurs habitués à une narration dynamique, The Summer Book peut sembler être un exercice d'endurance. Mais pour ceux qui sont prêts à embrasser son rythme, il devient l'équivalent cinématographique d'une séance au bord de la mer, où il ne se passe pas grand-chose et pourtant tout se passe.

Ce qui reste le plus après le générique, ce n'est pas le fil ténu de l'histoire, mais le poids cumulé de l'atmosphère : le sel dans l'air, le bruissement des bouleaux, la conscience que le chagrin, comme la marée, reflue et revient sans cesse. Glenn Close livre une performance qui ressemble à un adieu, non seulement à sa petite-fille dans l'histoire, mais aussi au public qui l'a suivie pendant des décennies de travail formidable. Emily Matthews, quant à elle, s'impose comme un nom à retenir, trouvant le juste équilibre entre l'innocence et une compréhension intuitive des courants sous-jacents plus profonds du film. Et Anders Danielsen Lie, même sous-utilisé, transmet dans ses silences l'ombre d'un homme paralysé par la perte.

The Summer Book n'est pas parfait : il oscille entre méditatif et soporifique, profond et sinueux. Mais il mérite le respect pour son refus de flatter, de sentimentalisme ou d'explications excessives. À une époque où le cinéma est obsédé par le spectacle, Charlie McDowell a réalisé un film sur la persistance tranquille de la vie après la mort, sur la mousse et la mémoire, les tempêtes et le calme. Sa véritable réussite réside dans le fait qu'il nous rappelle que le deuil n'est pas quelque chose qui se résout, mais avec lequel il faut vivre, et que la guérison, comme la croissance d'un arbre dans un sol rocailleux, nécessite de la patience, des soins et du temps. Pour certains, cela ne suffira peut-être pas. Pour d'autres, ce sera tout.

The Summer Book
Réalisé par Charlie McDowell
Écrit par Robert Jones
Basé sur The Summer Book de Tove Jansson
Produit par Aleksi Bardy, Kevin Loader, Kath Mattock, Charlie McDowell, Duncan Montgomery, Alex Orlovsky, Helen Vinogradov
Avec Glenn Close, Emily Matthews, Anders Danielsen Lie
Directeur de la photographie : Sturla Brandth Grøvlen
Montage : Jussi Rautaniemi
Musique : Hania Rani
Sociétés de production : Free Range Films, Stille Productions, High Frequency Entertainment, Helsinki Filmi
Distribué par Music Box Films (États-Unis)
Dates de sortie : 12 octobre 2024 (BFI), 19 septembre 2025 (États-Unis)
Durée : 90 minutes

Vu le 11 septembre 2025 au Centre international de Deauville

Note de Mulder: