The Astronaut

The Astronaut
Titre original:The Astronaut
Réalisateur:Jess Varley
Sortie:Vod
Durée:90 minutes
Date:Non communiquée
Note:
L'astronaute Sam Walker est retrouvée miraculeusement vivante dans une capsule perforée flottant au large des côtes de l'océan Atlantique. Le général William Harris fait en sorte qu'elle soit placée sous la surveillance intensive de la NASA. Lorsque des événements étranges commencent à se produire autour de la propriété, Walker craint qu'un extraterrestre l'ait suivie jusqu'à la Terre.

Critique de Mulder

The Astronaut, le premier long métrage de la scénariste et réalisatrice Jess Varley, arrive avec une ambition à la fois admirable et précaire, un film qui ose orbiter autour de deux genres très différents, mais qui ne parvient pas toujours à les synchroniser. Ce qui commence comme un thriller de science-fiction tendu et dérangeant, avec des nuances d'horreur, se transforme lentement en quelque chose qui s'apparente davantage à un mélodrame sentimental, et c'est précisément ce changement déconcertant qui a divisé le public depuis sa première au SXSW. 

Pourtant, malgré son parcours inégal, le film reste captivant, notamment grâce à la performance impressionnante de Kate Mara dans le rôle principal et à l'atmosphère unique créée par Jess Varley et ses collaborateurs.
 Le scénario semble à la fois familier et captivant : le capitaine Sam Walker (Kate Mara), une astronaute de la NASA qui revient de sa première mission, s'écrase dans l'océan dans des circonstances mystérieuses, son casque fissuré et sa capsule endommagée. La séquence d'ouverture, une scène vertigineuse dans laquelle des équipes militaires convergent pour la secourir, est soulignée par la musique palpitante de Jacques Brautbar, un mélange tonitruant de triomphe et de menace. C'est un superbe accroche, le genre d'ouverture qui vous convainc que la réalisatrice sait exactement ce qu'elle fait. Sam est ensuite transférée dans une maison isolée et élégante, cachée dans les bois, une quarantaine isolée qui ressemble à la fois à un refuge hautement sécurisé et à une prison luxueuse. Le chef décorateur Alan Gilmore donne à cet espace un éclat étrange : des meubles du milieu du siècle, des surfaces immaculées et de vastes fenêtres qui s'ouvrent sur des étendues forestières où tout peut se cacher.

Ce qui suit est essentiellement un thriller qui se déroule dans un seul lieu, où Sam suit une rééducation sous l'œil vigilant de son père adoptif, le général William Harris (Laurence Fishburne), et reçoit les visites périodiques de son mari Mark (Gabriel Luna) et de sa fille Izzy (Scarlett Holmes). Elle est testée quotidiennement, sa résilience mentale et physique est scrutée, mais plus elle s'enfonce dans la routine, plus sa réalité devient étrange. Des ecchymoses apparaissent sur son corps, son bras se couvre d'une éruption cutanée inquiétante de couleur cendrée, et des hallucinations auditives se confondent avec la présence indéniable de quelque chose à l'extérieur de la maison. L'une des séquences les plus efficaces du film la suit simplement alors qu'elle suit une traînée de saleté à travers le patio, la conception sonore amplifiant chaque craquement, chaque coup et chaque respiration. Le directeur de la photographie Dave Garbett, connu pour son travail sur Evil Dead Rise et Sweet Tooth, rend les bois autour du complexe à la fois beaux et oppressants, une scène où la paranoïa s'envenime.

La véritable tension de The Astronaut réside dans le silence de Sam. Convaincue que le fait d'admettre ses visions ou ses maux physiques l'empêchera de participer à de futures missions, elle cache tout, même à sa famille. Cette décision, bien que parfois bancale sur le plan narratif, témoigne de la pression écrasante qui pèse sur les astronautes, dont on attend qu'ils incarnent la résilience à tout prix. D'une certaine manière, le sort de Sam rappelle les exigences effrayantes des entreprises que l'on voit dans Alien : le corps humain devient sacrifiable, sa souffrance étant secondaire par rapport à la mission. Kate Mara incarne magnifiquement ce conflit. Son interprétation est une lente désintégration, conservant un calme extérieur qui ne fait que souligner les fissures qui se propagent en dessous. La voir tâtonner nerveusement en cassant des œufs ou s'arrêter devant les ombres derrière la vitre est presque insupportable ; elle est constamment au bord de l'effondrement, mais refuse de l'admettre.

Il y a des moments où Jess Varley fait preuve d'un contrôle remarquable. La partie centrale du film, avec ses rythmes mesurés et sa conception sonore envahissante, capture l'essence même du grand cinéma de maison hantée, sauf qu'ici, la maison est un refuge de la NASA et les fantômes sont peut-être extraterrestres. On comprend pourquoi les critiques ont suggéré qu'elle serait parfaite pour un épisode d'Alien. C'est pourtant dans le troisième acte que The Astronaut vacille. Ce qui se présente initialement comme une histoire de tourment psychologique et de terreur extraterrestre bascule soudainement vers quelque chose qui s'apparente à l'optimisme de Steven Spielberg à l'époque d'Amblin. La révélation de ce qui hante Sam apporte de la clarté, mais sape la tension soigneusement construite. Au lieu de laisser les spectateurs bouleversés, cela les laisse perplexes, certains se sentant même trahis par ce revirement de ton.

Cette erreur de calcul est aggravée par des effets visuels inégaux. Les aperçus de la présence extraterrestre – aux membres longs, insectoïde, inquiétante lorsqu'on l'aperçoit dans l'ombre – sont effectivement effrayants au début. Mais une fois révélés en pleine lumière, le rendu numérique faiblit, suscitant des comparaisons malheureuses avec les images de synthèse du milieu des années 1990. Une séquence qui rappelle la scène du raptor dans la cuisine de Jurassic Park invite à cette comparaison, et la créature de Jess Varley ne peut tout simplement pas rivaliser. Cela nous rappelle à quel point l'horreur se nourrit de suggestions et comment une surexposition peut priver la peur de son pouvoir.

Pourtant, The Astronaut est loin d'être un échec. D'une durée de seulement 80 minutes, il possède l'énergie propulsive d'une cinéaste qui teste ses limites, et ses défauts semblent moins relever de l'incompétence que de la présomption. Laurence Fishburne apporte sa gravité habituelle au général Harris, incarnant la figure paternelle protectrice mais contrôlante, tandis que Gabriel Luna apporte chaleur et anxiété au mari pris entre l'inquiétude et l'impuissance. Même les brèves apparitions de Macy Gray et Ivana Milicevic ajoutent de la texture, bien que leurs rôles soient sous-exploités.

Ce qui reste le plus en mémoire, au-delà des faiblesses narratives, c'est l'atmosphère du film : le calme inquiétant de la forêt, la froideur stérile du refuge, le sentiment constant que quelque chose a suivi l'humanité jusqu'à chez elle. Au mieux, The Astronaut pose une question fascinante : et si le plus grand danger des voyages spatiaux n'était pas ce qui se trouve là-bas, mais ce que nous ramenons avec nous, caché dans nos corps, nos psychés, notre sens même de l'identité ? Cette idée, même à moitié réalisée, suffit à garder le film vivant dans les mémoires.

Les débuts de Jess Varley ressemblent à une mission qui a magnifiquement décollé, mais qui a connu des difficultés lors de sa rentrée dans l'atmosphère. L'atterrissage n'est pas parfait, mais l'ascension est indéniablement maîtrisée. La performance de Kate Mara à elle seule vaut le détour, et le film révèle une réalisatrice talentueuse, même si sa boussole narrative a vacillé. The Astronaut peut vous laisser frustré, mais il vous rend également curieux : où Jess Varley ira-t-elle ensuite, et trouvera-t-elle l'équilibre entre l'horreur, l'émerveillement et l'humanité qu'elle a si ambitieusement recherché ici ?

The Astronaut
Écrit et réalisé par Jess Varley
Produit par Brad Fuller, Eric B. Fleischman, Cameron Fuller, Chris Abernathy
Avec Kate Mara, Laurence Fishburne, Gabriel Luna
Directeur de la photographie : David Garbett
Montage : Terel Gibson
Musique : Jacques Brautbar
Sociétés de production : Fuller Media, Beehive Productions, The Wonder Company
Date de sortie : 7 mars 2025 (SXSW)
Durée : 90 minutes

Vu le 9 septembre 2025 au Centre international de Deauville

Note de Mulder: