Super grand prix

Super grand prix
Titre original:Grand Prix Of Europe
Réalisateur:Waldemar Fast
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:08 octobre 2025
Note:
Edda rêve de devenir championne de course automobile. À l'approche du Super Grand Prix, elle saisit l'occasion de rencontrer son idole Ed, un pilote légendaire. C'est alors qu'elle décide de prendre son destin en main et de réaliser l'impossible : participer et remporter la plus grande course de sa vie !

Critique de Mulder

Super Grand Prix (Grand Prix d'Europe) est un long métrage d'animation qui se nourrit de couleurs, d'énergie et d'un sentiment de chaos ludique, même si son récit donne souvent l'impression d'avoir une roue coincée dans le gravier. Il s'agit avant tout d'une aventure familiale à travers une Europe caricaturale où des animaux dotés d'un corps et d'une tête humains s'affrontent dans une course légendaire. Mais sous les gags exagérés et les séquences d'action vertigineuses se cache un certain charme, grâce notamment aux performances vocales vivantes d'un casting britannique prestigieux et à quelques moments où la personnalité et la chaleur l'emportent sur la formule.

Le récit se concentre sur Edda, doublée avec verve par Gemma Arterton, une jeune souris pleine d'entrain qui travaille avec son père, interprété avec chaleur et humour discret par Lenny Henry, dans leur parc d'attractions en difficulté situé à la périphérie de Paris. Edda rêve de quitter son petit monde et d'entrer dans l'arène de son idole, Ed, quadruple champion du Grand Prix, doublé par Thomas Brodie-Sangster. Ce scénario établit l'intrigue classique de l'outsider : des rêves reportés par les circonstances, qui ne se réalisent que grâce à un coup du destin. Ce coup du destin survient lorsque l'enthousiasme d'Edda blesse involontairement Ed, la forçant à prendre sa place au volant sous sa supervision via une oreillette. Ce qui suit n'est pas tant une histoire sportive classique qu'un road trip loufoque à travers l'Europe, ponctué de sabotages, d'obstacles extravagants et de la découverte que le perfectionnisme et l'isolement ne peuvent remplacer la joie et la camaraderie.

Visuellement, le film est un véritable carnaval. Les courses, qui se déroulent à Paris, en Suisse, en Italie et à Londres, sont l'occasion pour les animateurs de donner libre cours à leur imagination pour créer des décors qui frôlent le surréalisme. Les obstacles conçus par l'organisatrice Cindy, doublée par Hayley Atwell, comprennent des boules de neige géantes dévalant les cols alpins, des tentacules mécaniques qui s'agitent dans les voies navigables italiennes et des éclairs qui fendent le ciel au-dessus de Londres. Ces fioritures semblent souvent être un prétexte à la complaisance visuelle plutôt qu'une nécessité narrative, mais elles donnent indéniablement au film son élan et son caractère imprévisible. Les enfants, en particulier les plus jeunes, sont susceptibles de se délecter de ce chaos exagéré, tandis que les adultes pourraient se demander comment fonctionne le processus d'approbation du budget de Cindy, une plaisanterie que le film reconnaît sciemment.

Les personnages secondaires, les coureurs, ajoutent à l'esprit excentrique du film. Il y a Nachtkrabb, le corbeau ténébreux doublé par David McFarlane, qui semble né pour être suspecté de tout acte de sabotage, et Magnus, l'ours suédois toujours joyeux doublé par Peter Menkin, dont les quasi-victoires répétées et la prononciation erronée du mot « mooofins » apportent une touche comique plus légère. On retrouve également Bockli, la chèvre suisse doublée par Bobo, dont la présence affable cache sa compétitivité. En marge de l'histoire, le père d'Edda apporte une touche d'émotion en tant qu'ancien pilote dont les jours de gloire sont derrière lui, tandis que Rosa, la voyante myope doublée par Sophia Antoine, et Jorge, le taureau bricoleur maladroit doublé par Carlos Balderrama, apportent des touches comiques. Ensemble, ces personnages créent une mosaïque de personnalités excentriques, même s'ils ressemblent parfois davantage à des accessoires décoratifs qu'à des personnages à part entière dans la course.

Le choix esthétique du film – des animaux anthropomorphes avec un corps humain, des vêtements et une tête d'animal – est étrange et ne parvient jamais à s'intégrer de manière cohérente. Pourtant, c'est précisément cette étrangeté qui offre certaines des juxtapositions les plus mémorables du film : une chèvre dans une combinaison de course élégante, un corbeau maussade vêtu de cuir, une souris cachée derrière des lunettes surdimensionnées. Ces fioritures sont absurdes, mais elles renforcent l'identité du film, qui s'apparente davantage à un manège de carnaval qu'à une expérience narrative cohérente. Il convient de rappeler que le film a été produit pour célébrer le 50e anniversaire d'Europa-Park, le plus grand parc d'attractions d'Allemagne, ce qui explique en grande partie son esthétique : lumineux, exagéré et en mouvement constant, comme une attraction destinée à éblouir plutôt qu'à approfondir.

Ce qui sauve Super Grand Prix (Grand Prix Of Europe) d'être considéré comme un simple film d'animation familial parmi tant d'autres, c'est la force de ses performances. Edda, interprétée par Gemma Arterton, déborde d'un mélange d'enthousiasme juvénile et de courage obstiné, ce qui en fait un personnage auquel les enfants peuvent facilement s'identifier. Lenny Henry apporte gravité et chaleur au personnage du père, rappelant subtilement aux spectateurs le poids générationnel des rêves différés et transmis. Thomas Brodie-Sangster vole notamment la vedette dans le rôle d'Ed, capturant l'arrogance fragile d'une star du sport habituée au contrôle, à la perfection et à l'adoration. Son travail vocal équilibre comédie et frustration, donnant au personnage plus de dimension que le scénario lui-même.

Le film ne réinvente pas le film d'animation familial. Son intrigue – une outsider qui se bat pour faire ses preuves, un mentor autoritaire qui apprend à lâcher prise, un mystérieux méchant qui sabote la compétition – est efficace, voire familière. Pourtant, sa simplicité joue en sa faveur par rapport à de nombreux films pour enfants qui s'empêtrent dans des nœuds narratifs inutiles. L'intrigue secondaire du sabotage, bien que prévisible, apporte tout de même du suspense, en particulier lorsque les soupçons oscillent entre la menace imminente de Nachtkrabb et les deuxièmes places étrangement constantes de Magnus. Ce jeu de devinettes, aussi léger soit-il, permet à l'histoire de conserver une certaine dynamique au-delà du spectacle des courses elles-mêmes.

Super Grand Prix (Grand Prix Of Europe) ne laissera probablement pas une empreinte durable dans le paysage de l'animation, mais il remplit son objectif de divertissement joyeux. Il est suffisamment rythmé pour captiver le jeune public, soutenu par des éclats d'humour absurde et saupoudré d'une touche d'émotion suffisante pour l'empêcher de s'effondrer sous le poids de ses propres gags. Les adultes peuvent lever les yeux au ciel devant ces pitreries exagérées et trouver le message thématique sur le travail d'équipe et la joie plutôt que la perfection un peu trop simpliste, mais il y a des moments, en particulier dans le jeu cinglant de Thomas Brodie-Sangster, qui procurent un véritable amusement. Ce n'est pas un film à étudier, mais plutôt à vivre dans le même esprit qu'il propose : comme un manège dans un parc d'attractions qui n'a peut-être pas beaucoup de sens, mais qui parvient tout de même à vous faire sourire jusqu'à ce qu'il s'arrête dans un crissement.

Super Grand Prix (Grand Prix d'Europe)
Réalisé par Waldemar Fast
Écrit par Kirstie Falkous, Jeffrey Hylton, John T. Reynolds, Ben Alexander Safier
Produit par Michael Mack
Avec Thomas Brodie-Sangster, Gemma Arterton, Hayley Atwell, Lenny Henry
Montage : Björn Teubner
Musique : Volker Bertelmann
Sociétés de production : Mack Magic, Warner Bros. Film Productions Germany
Distribution : Kazoo Films (Royaume-Uni), KMBO (France), Viva Kids (États-Unis)
Dates de sortie : 29 août 2025 (États-Unis), 8 octobre 2025 (France)
Durée : 98 minutes

Vu le 13 septembre 2025 au Centre international de Deauville

Note de Mulder: