Titre original: | Mashmallow |
Réalisateur: | Daniel DelPurgatorio |
Sortie: | Vod |
Durée: | 82 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Marshmallow est l'un de ces rares films d'horreur qui commence par le confort familier d'un genre bien rodé, avant de renverser complètement la situation. Réalisé par Daniel DelPurgatorio pour son premier long métrage et écrit par Andy Greskoviak, le film semble d'abord destiné à emprunter les sentiers battus du slasher en colonie de vacances, un genre exploité à l'infini depuis Vendredi 13. Mais ce qui rend Marshmallow remarquable, ce n'est pas seulement la façon dont il joue avec nos attentes, mais aussi la manière dont il injecte une touche de science-fiction dans son horreur de camp de vacances, transformant ce qui aurait pu être un film oubliable dans la vague du renouveau du slasher en quelque chose d'étrange et étonnamment émouvant.
Au centre de l'intrigue se trouve Morgan, interprété avec une incroyable sensibilité par Kue Lawrence. Morgan n'est pas le protagoniste typique d'un film d'horreur. C'est un garçon de 12 ans fragile et introverti, qui pleure encore la mort soudaine de son grand-père bien-aimé Roy (interprété par Corbin Bernsen). Sa mère, jouée par Alysia Reiner, l'envoie au Camp Almar dans l'espoir que l'été l'aidera à surmonter son chagrin et son anxiété sociale. Mais le camp est tout sauf un havre de paix. Morgan devient rapidement la cible d'intimidateurs, en particulier du venimeux CJ (Sutton Johnson), et est tourmenté par ses propres cauchemars réalistes dans lesquels il se noie. Ces cauchemars sont si bien mis en scène qu'ils deviennent eux-mêmes dérangeants, nous plongeant immédiatement dans la perspective d'un enfant pour qui le monde est oppressant et dangereux. C'est le genre d'ouverture qui rappelle l'esprit des anciens films d'Amblin, mais dans une version beaucoup plus sombre, et c'est là que l'expérience de Daniel DelPurgatorio dans le court métrage prend tout son sens : il sait comment captiver immédiatement le public.
Le camp Almar lui-même est mis en scène avec tous les clichés auxquels on peut s'attendre : le lieu de baignade, le terrain de tir à l'arc, les moniteurs espiègles qui s'éclipsent pour des rendez-vous galants et, bien sûr, l'incontournable histoire racontée autour du feu de camp. C'est là que la monitrice Rachel, interprétée par Giorgia Whigham, raconte la légende du « Docteur », un personnage sinistre qui hantait autrefois les lieux et menait des expériences grotesques sur les enfants. Au début, cela semble n'être qu'une histoire effrayante destinée à terrifier les campeurs avant de se coucher. Mais bientôt, Morgan commence à apercevoir une silhouette dans les bois, vêtue d'une blouse chirurgicale et équipée d'une lampe frontale de mineur, et l'histoire prend rapidement une tournure terrifiante. La photographie de Filip Vandewal rend la silhouette du Docteur aussi emblématique qu'effrayante, son costume blanc et son masque stérile lui conférant une présence clinique obsédante qui persiste longtemps après le générique.
Ce qui distingue Marshmallow des innombrables autres slashers de camp, cependant, c'est le choix de centrer l'horreur sur les campeurs eux-mêmes plutôt que sur les moniteurs. C'est un risque qui aurait pu facilement s'effondrer sous le poids du jeu des enfants, mais Kue Lawrence est rejoint par une impressionnante troupe de jeunes talents. Max Malas est particulièrement mémorable dans le rôle de Dirk, un paria cruellement surnommé « Doink », qui se lie d'une amitié touchante et crédible avec Morgan. Leur lien donne une dimension émotionnelle au film et le hisse au-dessus des clichés. Kai Cech brille dans le rôle de Pilar, le béguin de Morgan, tandis que Winston Vengapally, Dylan Friedman et Jordyn Raya James complètent un groupe hétéroclite d'enfants aussi attachants que résilients. Leur alchimie rappelle celle de The Goonies ou Stranger Things, et les voir affronter le danger ensemble est l'un des grands plaisirs du film. Les acteurs adultes, quant à eux, s'appuient davantage sur des archétypes, parfois même de manière délibérée. Le conseiller arrogant Kaczmar, interprété par Pierson Fodé, est écrit avec une énergie joyeusement antagoniste qui le rend intéressant, tandis que Maxwell Whittington-Cooper et Paul Soter incarnent des figures d'autorité plus ou moins compétentes. Mais ce sont les enfants qui mènent l'histoire, ce qui rend les enjeux plus importants et l'atmosphère plus périlleuse. L'horreur place rarement les enfants au centre de la terreur, et ce simple changement ajoute un niveau unique de malaise.
La brillante idée de Marshmallow réside dans son refus de rester confiné dans les codes du genre initial. Ce qui commence comme un slasher typique se révèle peu à peu être quelque chose de plus proche d'un épisode de Black Mirror ou même d'un conte tordu de Goosebumps élevé au rang de film. La révélation du troisième acte, que les critiques et le public ont judicieusement choisi de ne pas dévoiler, recontextualise tout ce qui a précédé, propulsant l'histoire dans le domaine de la science-fiction et laissant le public stupéfait. Je me souviens être assis dans une salle de festival bondée lorsque cette révélation a eu lieu ; le cri collectif, suivi d'un rire nerveux, était la preuve que Marshmallow avait réalisé ce dont rêvent tous les réalisateurs de films d'horreur indépendants : une véritable surprise dans un paysage où tout semble prévisible.
S'il y a un défaut, c'est que le film passe tellement de temps à construire soigneusement son atmosphère et ses personnages qu'une fois le rebondissement arrivé, il ne reste plus assez de temps pour explorer pleinement ses implications. Le troisième acte semble précipité, avec des idées qui mériteraient d'être développées davantage. Mais c'est peut-être aussi ce qui fait son charme : il vous laisse sur votre faim. La suggestion d'une mythologie plus vaste qui se cache sous la surface du Camp Almar est alléchante, et on ne peut qu'espérer que Daniel DelPurgatorio et Andy Greskoviak auront l'occasion de la développer dans une suite.
Techniquement, Marshmallow dépasse largement ses capacités. Le décor du camp du Kentucky, capturé avec une authenticité inquiétante par la chef décoratrice Lexy Pazul, est à la fois nostalgique et sinistre. La bande originale de Nicholas Elert est remarquable, oscillant entre des motifs ludiques évoquant les camps d'été et des notes de suspense palpitantes qui accentuent la tension. Et bien que le film ne soit pas gorgé de sang, les moments de violence qu'il présente sont soigneusement choisis et mémorables, équilibrant accessibilité et horreur d'une manière qui en fait un film d'horreur idéal pour s'initier au genre, parfait pour un public jeune prêt à se lancer, tout en étant suffisamment complexe pour captiver les fans chevronnés.
Le scénario d'Andy Greskoviak, bien que parfois un peu trop chargé, regorge d'idées intelligentes et d'un amour sincère pour le genre. Et le jeune casting, mené par Kue Lawrence, garantit que le film a un cœur qui bat sous son masque d'horreur. Regarder Marshmallow, c'est comme trouver une vieille cassette VHS dans un magasin de vidéos, la mettre dans le lecteur en s'attendant à quelque chose de jetable, et découvrir à la place un joyau perdu.À la fois nostalgique et avant-gardiste, familier et étonnamment original, ce film n'est peut-être pas parfait, mais il offre une expérience qui reste en mémoire, le genre de film dont on a envie de parler après coup, en essayant désespérément de ne pas dévoiler ses secrets. Pour les fans d'horreur lassés des formules éculées, Marshmallow prouve qu'il y a encore des histoires à raconter autour d'un feu de camp. Au final, Marshmallow est plus qu'un simple slasher : c'est un film qui joue avec notre mémoire collective du cinéma d'horreur, nous berçant dans un sentiment de confort avec des archétypes que nous pensons connaître, pour mieux les briser de manière choquante. Daniel DelPurgatorio démontre un talent évident pour créer une atmosphère, diriger des enfants avec soin et offrir un spectacle prenant et réussi.
Marshmallow
Réalisé par Daniel DelPurgatorio
Écrit par Andy Greskoviak
Produit par Warner Davis, Todd M. Friedman
Avec Kue Lawrence, Kai Cech, Winston Vengapally, Giorgia Whigham, Max Malas, Maxwell Whittington-Cooper, Pierson Fodé, Alysia Reiner, Corbin Bernsen, Paul Soter
Directeur de la photographie : Filip Vandewal
Montage : Andy Palmer
Musique : Nicholas Elert
Sociétés de production : Hemlock Circle Productions, The Warner Davis Company
Distribué par Quiver Distribution (États-Unis)
Date de sortie : 11 avril 2025 (États-Unis)
Durée : 82 minutes
Vu le 23 aout 2025 (Frightfest press screener)
Note de Mulder: