
| Titre original: | What she doesn't know |
| Réalisateur: | Juan Pablo Arias Munoz |
| Sortie: | Vod |
| Durée: | 96 minutes |
| Date: | Non communiquée |
| Note: |
Le film What She Doesn't Know réalisé Juan Pablo Arias Muñoz ose bouleverser les codes habituels du genre slasher en supprimant ce à quoi s'attend la plupart du public, à savoir des meurtres graphiques et un suspense implacable, pour se concentrer plutôt sur une exploration lente et intense des angoisses des adolescents à un moment de leur vie marqué à la fois par la fragilité et l'insouciance. L'histoire suit trois jeunes diplômés du lycée, Indy, interprétée par Siena Agudong, Jordan, incarné par Conor Husting, et Brynn, donné vie par Jessica Belkin, alors qu'ils se réfugient dans la somptueuse et étrange maison familiale de Brynn. Alors que leurs camarades sont traqués par le Genesis killer, un tueur qui laisse derrière lui une signature en retirant une côte à chacune de ses victimes, le trio est moins consumé par la peur d'une mort imminente que troublé par l'incertitude de son avenir. Le scénario est fascinant : les meurtres en série planent comme une ombre en arrière-plan, tandis que le véritable horreur réside dans les fractures émotionnelles entre des amis soudainement confrontés à ce que leur réserve l'avenir.
La séquence d'ouverture du film plante déjà le décor de sa divergence audacieuse par rapport aux conventions. Au lieu du meurtre choquant archétypal qui définit le genre slasher depuis les sagas cultes Halloween et Scream, Juan Pablo Arias Muñoz offre la montée en tension, mais pas le sang. Une fille reçoit un appel téléphonique glaçant, la tension monte, et juste au moment où le public s'apprête à vivre une libération viscérale, l'acte lui-même reste invisible. Ce choix semble à la fois courageux et frustrant, invitant les spectateurs à revoir leurs attentes. Au fur et à mesure que le récit progresse, nous réalisons que cette approche n'est pas un gadget, mais un motif récurrent. Les meurtres restent en grande partie hors champ, transmis par des conversations et des souvenirs chuchotés plutôt que par des scènes violentes. Ce faisant, le film met l'accent sur les personnages eux-mêmes, nous plongeant dans leur paysage émotionnel et psychologique plutôt que dans le carnage.
Le scénario, écrit par Terry Castle et Sarah Howard, renforce cette approche centrée sur les personnages, remplissant une grande partie du film de longs dialogues entre les trois protagonistes. Nous voyons Indy et Jordan lutter silencieusement contre leur désir de quitter leur petite ville étouffante, tout en cachant leurs ambitions à Brynn, qui s'accroche désespérément à l'idée de préserver leur amitié. Cela crée une tension sous-jacente constante, très humaine et facile à comprendre, mais qui, lorsqu'elle s'étend sur une grande partie du film, risque de devenir répétitive. Par moments, on a l'impression que le tueur Genesis est presque trop en retrait, mentionné davantage comme une légende urbaine que comme une menace immédiate. Pourtant, ce déséquilibre recèle une critique intéressante : What She Doesn't Know suggère que pour certains adolescents, le spectre de l'âge adulte est bien plus terrifiant que la menace de la mort elle-même.
Cependant, le film peine souvent à maintenir son rythme, et les longueurs dialoguées peuvent peser lourdement sur le public. Ce qui empêche le film de s'effondrer sous le poids de son introspection, c'est la présence magnétique de Denise Richards, qui fait irruption dans l'histoire avec une énergie chaotique. Son jeu déjanté électrise l'écran et, l'espace d'un instant, le film prend vie d'une manière qui rappelle le meilleur du cinéma de genre. Malheureusement, son rôle est beaucoup trop bref, et une fois qu'elle quitte la scène, le récit retombe dans son rythme méditatif, laissant les spectateurs en manque de la flamme qu'elle a apportée. Avec le recul, son apparition ressemble presque à une secousse délibérée de la part des cinéastes, un rappel que le danger et l'imprévisibilité persistent dans ce monde soigneusement contrôlé.
Ce qui sauve finalement What She Doesn't Know, c'est son dernier acte audacieux. Après ce qui semble être un test délibéré de patience, Juan Pablo Arias Muñoz dévoile un climax à la fois palpitant et gratifiant. Certains rebondissements sont annoncés dès le début, mais d'autres arrivent avec un véritable choc, obligeant le spectateur à reconsidérer la signification des conversations précédentes et des détails subtils. Le film, qui a commencé par priver le public de la satisfaction d'un dénouement traditionnel, finit par dépasser toutes les attentes, prouvant que la longue mise en place n'était pas vaine. Il est rare de voir un film d'horreur qui n'ait pas peur de mettre en avant ses faiblesses et de garder le meilleur pour la fin, mais ici, le pari est gagnant.
Dans les nombreux films d'horreur vus récemment, What She Doesn't Know occupe une place intéressante. Il divisera inévitablement le public : les puristes qui recherchent des sensations fortes et des meurtres créatifs pourraient être rebutés par son refus de satisfaire ces envies, tandis que les spectateurs ouverts à une approche plus expérimentale et émotionnelle du genre découvriront des richesses inattendues dans son rythme délibéré et sa profondeur psychologique. Le tueur Genesis, bien que sous-utilisé, fonctionne moins comme un méchant central que comme un dispositif narratif, un rappel de la mortalité qui pousse les jeunes protagonistes à faire face à des choix qu'ils préféreraient reporter. De cette manière, l'élément slasher devient presque symbolique, une représentation externe des peurs internes qui hantent ces personnages.
Avec un certain recul, les imperfections du film sont difficiles à ignorer. La répétition des dialogues, la mise à l'écart des conventions de l'horreur et les quelques ralentissements dans le rythme mettront à l'épreuve même les spectateurs les plus patients. Pourtant, il est tout aussi difficile d'écarter la vision qui le sous-tend : un slasher qui refuse d'être un slasher, l'histoire d'adolescents confrontés à un monde qui leur semble plus menaçant que n'importe quel tueur masqué. Le voyage est peut-être inégal, mais la destination justifie l'attente. What She Doesn't Know n'est pas un film pour tout le monde, mais pour ceux qui sont prêts à prendre le risque, il offre une fin qui reste bien plus longtemps en mémoire que ses défauts.
What she doesn't know
Réalisé par Juan Pablo Arias Munoz
Écrit par Terry Castle, Sarah Howard
Produit par Michael Bleyzer, Natasha Bleyzer, Terry Castle, Sarah Howard, Jack McWilliams
Avec Denise Richards, Johanna Braddy, Jessica Belkin, Ella Anderson, Siena Agudong, Maria Zhang, Phoebe Holden, Conor Husting, Jay Walker, Summer Parker, Haley Grace, Kathryn Howard, P. Michael Hayes
Directeur de la photographie : Gemma Doll-Grossman
Montage : Juan Pablo Arias Munoz, David Holland
Sociétés de production : Lucky Number 8 Productions
Distribué par NC
Dates de sortie : NC
Durée : 96 minutes
Vu le 23 août 2025 (Frightfest press screener)
Note de Mulder: