The Haunted Forest

The Haunted Forest
Titre original:The Haunted Forest
Réalisateur:Keith Boynton
Sortie:Vod
Durée:93 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Un adolescent accepte un emploi d'acteur effrayant dans une attraction forestière hantée. Après s'être lié d'amitié avec ses collègues excentriques, un décès tragique le force à reconsidérer ses sombres passions.

Critique de Mulder

Dans les nombreux films d'horreur inspirée de la fête américaine d'Halloween, The Haunted Forest réalisé par Keith Boynton se distingue comme un film qui ose se positionner entre les traditions du genre et l'exploration intime des personnages, avec plus ou moins de succès. Présenté en avant-première au FrightFest, le festival international britannique consacré à l'horreur et au thriller, ce film intrigue par le fait qu'il a été tourné dans la célèbre forêt hantée de Markoff, dans le Maryland. Cette décision à elle seule confère au film une authenticité qui lui garantit immédiatement une qualité de production dont beaucoup d'horreurs indépendantes ne peuvent que rêver. Cependant, ce qui rend le film remarquable, ce n'est pas seulement son décor, mais la façon dont il tente de mêler la sensibilité de l'âge adulte aux mécanismes d'un whodunnit se déroulant dans une attraction effrayante. 

Au centre de l'histoire se trouve Zach, interprété par Grayson Gwaze, un lycéen dont l'obsession pour les films d'horreur est à la fois sa passion et son échappatoire aux difficultés de l'adolescence. Il est présenté comme un rêveur qui esquisse ses propres histoires macabres dans des cahiers, un marginal pris entre le monde de l'imagination et la dure réalité de l'adolescence. Lorsque son cousin Mark, interprété avec chaleur et conviction par Cedric Gegel, lui propose un emploi d'acteur effrayant dans son attraction d'Halloween, cela lui semble être l'occasion rêvée : une chance de vivre dans les histoires qu'il vénère. Mais lorsqu'un accident impliquant l'un des employés laisse entrevoir une menace plus sombre et plus sinistre, Zach se retrouve dans une situation où la frontière entre les frayeurs fictives et l'horreur réelle devient floue et inconfortable. Le scénario s'inspire d'une légende urbaine bien connue, celle des cadavres pris pour des accessoires d'Halloween, et bien que le film n'exploite jamais pleinement cette idée, il reste un point de départ intelligent et troublant.

Ce qui ancre le film au-delà de son mystère central, c'est son insistance thématique à explorer le contraste entre l'enthousiasme de la jeunesse et le poids de la mortalité. Voir Zach confronté aux morts qui l'entourent devient autant une question de perte de son innocence que de résolution des meurtres. Grayson Gwaze traite cette intrigue avec sensibilité, portant le film grâce à une performance réaliste et crédible. Cedric Gegel, quant à lui, apparaît comme le ciment émotionnel, son interprétation de Mark donnant de la crédibilité à un personnage qui doit trouver l'équilibre entre son rôle de mentor et la terreur grandissante face au danger qui menace son attirance. Les seconds rôles, tels que Kaitlyn Lunardi dans le rôle de Sarah et Meghan Reed dans celui de Carly, offrent un aperçu bref mais efficace de l'évolution du monde de Zach, tandis que la brève apparition de Tristen Raughton dans le rôle de « Stinky Steve » apporte une touche de légèreté bienvenue.

Sur le plan technique, The Haunted Forest est bien réalisé, notamment grâce au directeur de la photographie Aitor Mendilibar, dont les choix d'éclairage nets et clairs permettent au décor nocturne de briller sans succomber à la pénombre frustrante qui afflige tant d'horreurs à petit budget. Il y a un réel plaisir à simplement déambuler dans l'attraction à travers son objectif, qui capture les décors soigneusement conçus de la forêt hantée de Markoff d'une manière qui ravira les amateurs d'horreur. Le film connaît le pouvoir de son lieu et s'assure de l'exploiter, transformant le parc d'attractions en un personnage à part entière. 

Malgré toutes ses qualités, le film souffre d'un rythme et d'un ton inégaux. Si l'atmosphère sombre et l'approche discrète lui confèrent une certaine maturité, il y a de longs passages où la tension se relâche. Le mystère central, malheureusement, se dévoile avec une prévisibilité qui sape son enjeu. Les spectateurs familiers avec les codes du cinéma slasher identifieront probablement le coupable et son parcours bien avant les personnages, ce qui réduit l'impact de ce qui aurait dû être des rebondissements saisissants. Le scénario aborde des thèmes plus vastes et plus lourds, comme la culpabilité historique liée au génocide des Amérindiens, mais ces fils conducteurs sont introduits pour être ensuite laissés de côté. De même, une intrigue secondaire faisant allusion à la maladie potentielle de la mère de Zach laisse entrevoir une certaine profondeur émotionnelle, mais elle ne mûrit jamais pour devenir quelque chose qui pourrait vraiment résonner.

Il y a tout de même des moments très réussis. Une séquence remarquable montre un groupe d'influenceurs insupportables invités à une visite privée, et le film se délecte à transformer leur obsession superficielle pour la création de contenu en un décor propice à des conséquences horribles. C'est le genre de commentaire culturel incisif que l'horreur sait si bien faire lorsqu'elle ose mélanger satire et spectacle, et cela apporte une énergie dont le film aurait pu se servir de manière plus cohérente. De même, certaines mises à mort, bien qu'elles ne repoussent pas les limites, sont suffisamment inventives pour satisfaire les fans du genre à la recherche de frayeurs concrètes au milieu d'un récit à l'atmosphère lourde.

The Haunted Forest est un film qui semble pris entre deux impulsions : être un film d'horreur traditionnel se déroulant dans un lieu délicieusement inquiétant, et être un drame tranquille et réfléchi sur le passage à l'âge adulte d'un adolescent qui prend conscience de la fragilité de la vie. Il ne s'engage pleinement dans aucune des deux voies et, ce faisant, risque de laisser le public sur sa faim. Mais même s'il manque de rythme narratif et de profondeur thématique, il reste une œuvre compétente et souvent visuellement saisissante. Pour les jeunes amateurs d'horreur, en particulier ceux qui découvrent le genre, il pourrait bien constituer une porte d'entrée accessible. Les spectateurs chevronnés se souviendront sans doute moins de l'histoire que de l'atmosphère et des performances sincères de Grayson Gwaze et Cedric Gegel. 

Le film reste une curiosité, qui rappelle le riche potentiel des attractions effrayantes comme toile de fond cinématographique, mais aussi la difficulté de capturer à l'écran le frisson intangible d'Halloween. Tout comme une promenade dans un labyrinthe hanté, le film offre des éclairs de peur, des moments d'émerveillement et quelques éclats de rire cathartiques. Mais lorsque le brouillard se dissipe, ce sont davantage les décors que l'histoire racontée qui restent en mémoire.

The haunted forest
Written and directed by Keith Boynton  
Produced by Cassie D'Agostino, Mashka Wolfe
Starring  Grayson Gwaze, Cedric Gegel, Kaitlyn Lunardi, Meghan Reed, Jamie Bernadette, Keith Boynton, Myles Hamilton, Mashka Wolfe
Cinematography : Aitor Mendilibar
Edited by Jon Corres
Music by William Clarke
Production companies : Sane Lake Pictures
Release dates :  NC
Running time : 93 minutes

Vu le 20 aout 2025 (Frightfest press screener)

Note de Mulder: