Regarde

Le film nous plonge dès le début dans des images toniques, des vagues gigantesques, énormes rouleaux qui se succèdent dans un vacarme assourdissant, l’océan nous submerge par sa beauté et nous entraine sur la côte atlantique, paradis du surf où Il fait bon vivre. Milo jeune garçon de 16 ans se prépare à partir en vacances sur la côte basque, pas si évident, personne ne peut l’accompagner ses parents sont une fois de plus occupés à se chamailler depuis leur divorce. C’est Chris la maman qui se dévoue pour aller avec lui à la gare Montparnasse.

Par un pur hasard elle se rend compte dans le métro que son fils a du mal à lire les stations et qu’il se plaint de voir flou depuis quelques temps. Par précaution une visite rapide s’impose chez un spécialiste, le verdict tombe malheureusement, c’est une maladie dégénérative de l’œil qui va entrainer inévitablement une cécité totale.  Dès cet instant c’est un monde qui s’écroule et des nuages sombres à l’horizon pour toute la famille.

Une question alors se pose aux parents Milo peut-il aller en vacances comme prévu ou doit-il passer ses examens médicaux. Antoine et surtout Chris n’hésitent pas et parient sur des vacances immédiates et inoubliables pour leur fils. La beauté du décor naturel et omniprésent contrebalance la mélancolie de l’adolescent et son désespoir face à son futur incertain. L’océan rugissant nous berce et les maisons du littoral, comme celle du grand père adoré de Milo, sont un écrin de beauté et une invitation au bonheur et à l’oubli des tourments. 

Ce couple quelque peu perdu, à la dérive assume de leur mieux cette situation entourée de leurs amis. Une séquence toute particulière donne du dynamisme au film, celle où nous les retrouvons dans un bar, sirotant un alcool fort. Une chanson les interpelle, celle de Psycho killer qui les électrise et les réveille de leur torpeur, en leur rappelant de bons souvenirs. Moment tonifiant, agréable, chargé d’émotion que le spectateur est invité à partager tout naturellement.

Dans ce décor idyllique, le réalisateur semble nous faire oublier la maladie de Milo, les épreuves qui l’attendent. Une école l’Inja, l’institut des jeunes aveugles est prêt à l’accueillir pour l’aider dans son parcours notamment pour apprendre le braille et se mouvoir dans l’espace. Nous apprenons l’existence de cet établissement dans les premières minutes de ce long métrage, mais c’est un survol, dommage, Mais c’est sans doute l’objectif du réalisateur Emmanuel Poulain-Arnaud de nous faire oublier la situation dramatique dans laquelle se retrouve la famille pour privilégier les moments de bonheur des vacances avec des images plein la tête.

Les deux acteurs principaux Audrey Fleurot et Dany Boon dans le rôle des parents, sont à la hauteur de l’ambition de ce long métrage, à la fois intransigeants, maladroits mais aussi éperdus d’amour pour leur fils, cela se ressent dans leurs attitudes tout au long du film. Quant à Ewan Bourdelles dans l’interprétation du jeune Mino il est tout simplement remarquable de fraîcheur, de justesse, de profondeur mais parfois de révolte face à sa maladie. Nicolas Marié est excellent également dans le rôle de Papychou, le grand-père bougon mais au grand cœur.

Regarde est à la fois un film sérieux sur le sujet du handicap des non-voyants, la façon dont ils sont perçus mais aussi un regard qui évolue au fur et à mesure de l’avancée de la projection, un regard plus optimiste, plus réconfortant et rempli d’espérance appuyé et sublimé par de magnifiques photographies de l’océan.
  
Regarde
Réalisé par Emmanuel Poulain-Arnaud
Écrit par Emmanuel Poulain-Arnaud, Jean-André Yerles, Julien Rigoulot
Produit par Laetitia Galitzine, Nathalie Toulza Madar, Émilie Pégurier
Avec Audrey Fleurot, Dany Boon, Ewan Bourdelles, Nicolas Marié, Camille Solal, Amalia Blasco, Thomas VDB
Directeur de la photographie : Nicolas Gaurin
Montage : Grégoire Sivan
Musique : Julien Glabs
Sociétés de production : Chapka Films, TF1 Studio
Distribution : SND Distribution (France)
Date de sortie : 17 septembre 2025 (France)
Durée : 91 minutes

Vu le 22 août 2025 au Club Marbeuf

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