Titre original: | Bambi: The Reckoning |
Réalisateur: | Dan Allen |
Sortie: | Vod |
Durée: | 81 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Dans le dédale des films d'horreur du domaine public qui composent désormais l'univers bien établi de Twisted Childhood, Bambi: The Reckoning ne se contente pas d'être un nouvel opus de cette collection décalée, mais s'impose comme une nouvelle référence audacieuse et sanglante. Réalisé avec une assurance surprenante par Dan Allen et écrit par Rhys Warrington, ce film est l'œuvre la plus cohérente et la plus aboutie de l'univers Poohniverse à ce jour. Ce film de créatures offre enfin le chaos, la mythologie et le charme monstrueux que ses prédécesseurs ne faisaient qu'esquisser. S'inspirant davantage du roman original de Felix Salten, Bambi, A Life in the Woods, publié en 1923, que de la vision édulcorée que beaucoup associent encore à ce cerf aux yeux de biche, cette adaptation donne libre cours à une version véritablement terrifiante de la créature éponyme : une force de la nature mutante et remplie de rage, avec des dents acérées, des yeux brillants et une vendetta née d'une tragédie. Ce qui fait le succès de ce film, malgré ses défauts, c'est la clarté de son postulat : une mère et son enfant piégés dans une maison isolée, poursuivis par une bête cauchemardesque qui représente la colère de la nature, la culpabilité humaine et l'écho tordu d'un traumatisme infantile.
Le film s'ouvre sur un prologue animé qui semble être un clin d'œil obsédant aux racines du conte, établissant rapidement la perte et la transformation de Bambi. La mise en scène de Dan Allen ne laisse aucune ambiguïté : il s'agit d'un film sur la douleur, la corruption et la vengeance. Les eaux empoisonnées de Wilberx Pharmaceuticals sont à l'origine du déclencheur, transformant un cerf blessé en un chasseur démoniaque dont la fureur résonne dans les bois sombres de Wilding Wood, en Angleterre. Ce qui aurait pu être qu’un cerf en pleine tuerie est au contraire ancré dans une structure étonnamment solide et une approche visuelle qui s'appuie sur l'atmosphère. La photographie de Vince Knight est d'une élégance sinistre, enveloppant le carnage dans un épais brouillard, des teintes bleu-gris et un feuillage dense qui donnent à la forêt un aspect infini et inéluctable. L'obscurité, au sens propre comme au figuré, dissimule non seulement les traits grotesques de Bambi, mais aussi la douleur qui l'anime. Cette créature est plus proche d'Annihilation que de Blood and Honey, et c'est tant mieux.
Les performances des acteurs confèrent au film une surprenante charge émotionnelle, en particulier celle de Roxanne McKee dans le rôle de Xana, une mère célibataire qui traverse le pire road trip imaginable avec son fils Benji, un adolescent sensible interprété par Tom Mulheron. Leur alchimie est crédible, et bien que leur relation ne soit pas aussi riche que dans certains films d'horreur, elle est suffisamment efficace pour ancrer l'histoire. La performance de Roxanne McKee est particulièrement remarquable dans les moments de désespoir maternel ; son horreur silencieuse, plutôt que ses cris histrioniques, la rend plus convaincante que la plupart des scream queens du genre. Tom Mulheron évite également le cliché de l'enfant précoce et offre à la place une présence douce et effrayée qui rend les attaques de Bambi encore plus menaçantes. Le reste de la distribution complète la galerie de personnages secondaires avec plus ou moins de succès : le cousin odieux de Joseph Greenwood, Harrison, est un personnage délicieusement détestable, tandis que la grand-mère sénile de Nicola Wright offre un lien étrangement poétique avec la légende de Bambi, son esprit fracturé mais étrangement en phase avec la présence du monstre.
C'est sans aucun doute dans son engagement sans concession envers le spectacle viscéral que Bambi: The Reckoning excelle le plus. Les meurtres sont brutaux et parfois d'une créativité choquante. Il y a une joie débridée dans la façon dont le réalisateur Dan Allen met en scène les scènes d'action : empalements, mutilations et éviscérations complètes qui ne servent pas seulement à faire couler le sang pour le plaisir, mais constituent les ponctuations primitives de ce conte de fées sinistre. Un moment particulièrement marquant est celui où apparaît la version déformée de Panpan (Thumper dans la version originale), un lapin dérangé qui bondit dans l'action comme s'il sortait tout droit des cauchemars les plus sombres de Monty Python. C'est absurde, hilarant et véritablement dérangeant, et cela résume bien la force centrale du film : embrasser à parts égales le ridicule et le mortel. Contrairement au ton confus de Winnie l'ourson : Sang et miel ou aux méandres trop mélancoliques de Peter Pan's Neverland Nightmare, Bambi : The Reckoning trouve le meilleur équilibre entre l'horreur grotesque et l'absurdité mythique. La conception des créatures, réalisée avec l'aide de Stephanie Bellgardt, est très réussie, combinant image numérique et effets pratiques qui élèvent finalement le monstre de Twisted Childhood à un excellent niveau de réalisation et rend le film encore plus réussi.
Ce qui fait peut-être résonner ce film, c'est la fureur écologique qui le sous-tend. Il y a un fil conducteur évident d'horreur écologique dans le scénario de Rhys Warrington : Bambi n'est pas seulement un tueur, il est un jugement, une force de la nature déformée par la négligence humaine. Ce n'est pas un récit de vengeance limité à une seule tragédie, mais une métaphore mythique de toutes les façons dont l'humanité souille le monde naturel. La monstruosité de Bambi est notre propre reflet, le résultat de la pollution, de la violence et de la destruction inconsciente. Ce n'est pas subtil, mais ce n'est pas nécessaire. En fait, sa franchise est rafraîchissante dans un genre souvent enlisé dans des rebondissements inutiles. Lorsque le sang coule, cela semble mérité, non seulement en termes de logique narrative, mais aussi en termes de symbolisme juste. Bambi est le fantôme de nos péchés, chargeant avec ses bois.
Il y a certes des faiblesses. Certaines tentatives du film pour susciter une résonance émotionnelle tombent à plat, et la fin, bien qu'ambitieuse, frôle le mélodrame. Les dialogues peuvent être rigides, et l'intrigue tourne parfois en rond dans des sous-intrigues familiales. Le film n'échappe pas non plus entièrement à la formule de ses prédécesseurs : on sait toujours qui va mourir et quand, et la tension retombe parfois en raison de la prévisibilité. Mais ce sont là des reproches relativement mineurs dans l'ensemble. Le rythme est soutenu, le ton cohérent et les images suffisamment captivantes pour porter le film dans ses moments les moins inspirés. Il ne transcende jamais son genre, mais il le raffine, ce qui n'est pas une mince affaire dans un univers cinématographique construit sur des concepts d'horreur dignes de mèmes.
Avec Bambi: The Reckoning, l'univers Twisted Childhood trouve enfin ses marques. Ce n'est pas seulement le meilleur film de la série TCU, c'est le premier qui donne véritablement l'impression d'être un film d'horreur qui vaut la peine d'être vu pour ce qu'il est. Dan Allen a réalisé un film qui respecte l'absurdité de son postulat sans le réduire à une parodie, et Rhys Warrington a écrit un scénario qui laisse place à des moments de fureur poétique au milieu du carnage. Il s'agit d'un conte de fées sombre et brutal destiné aux adultes qui ont grandi avec des versions édulcorées de ces histoires et qui sont désormais prêts à affronter les monstres qui se cachent derrière la nostalgie. Bambi: The Reckoning ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais pour ceux qui sont prêts à embrasser la folie, il offre un hurlement diabolique et satisfaisant dans l’obscurité.
Bambi: The Reckoning
Réalisé par Dan Allen
Écrit par Rhys Warrington
D'après Bambi, une vie dans les bois de Felix Salten
Produit par Rhys Frake-Waterfield, Scott Jeffrey
Avec Roxanne McKee, Tom Mulheron, Nicola Wright, Samira Mighty, Alex Cooke, Russell Geoffrey Banks, Joseph Greenwood
Directeur de la photographie : Vince Knight
Montage : Dan Allen
Musique : Greg Birkumshaw
Société de production : Jagged Edge Productions
Distribué par ITN Distribution (États-Unis)
Date de sortie : 25 juillet 2025 (États-Unis)
Durée : 81 minutes
Vu le 8 aout 2025 (screener presse)
Note de Mulder: