Titre original: | Death Cycle |
Réalisateur: | Gabriel Carrer |
Sortie: | Vod |
Durée: | 80 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Présenté en avant-première au FrightFest 2025, Death Cycle s'impose comme l'un des films les plus marquants de la sélection de cette année, un film qui se délecte à la fois de son style affirmé et de son intensité impitoyable. Réalisé par Gabriel Carrer et écrit par Dave McLeod, ce slasher teinté de giallo est une descente haletante de 80 minutes dans le chagrin, la paranoïa et le carnage. Produit par John Ainslie, Gabriel Carrer, Dave McLeod, Matthew Ninaber et Andy Wolting, le film porte la marque d'un projet collaboratif où se croisent contrôle artistique et ambition narrative. Dès les premières images, Death Cycle instaure une atmosphère menaçante : une moto rugit dans la nuit, les rues baignées de néons résonnent de terreur et une violence latente ne tarde pas à exploser à l'écran.
Au cœur du film, Kristen Kaster incarne Abby, une jeune femme brisée par la mort récente de sa sœur. Sa performance offre un ancrage émotionnel à ce carnage implacable, ancrant l'histoire dans un chagrin palpable et inébranlable. Un homme mystérieux, joué avec une retenue troublante par Matthew Ninaber, fait alors irruption dans sa vie. Il cherche des réponses au milieu d'une série de meurtres horribles commis par un tueur à moto. Leur relation est empreinte de méfiance, de chagrin et d'une question constante de culpabilité. Les deux personnages se servent de miroirs l'un pour l'autre, obligeant le public à affronter non seulement la menace littérale du tueur, mais aussi l'idée insidieuse que le véritable horreur réside peut-être dans la fragilité humaine, la tromperie et la douleur non résolue. Cette ambiguïté est l'une des plus grandes forces du film, qui le distingue des slashers plus conventionnels.
Sur le plan stylistique, Gabriel Carrer démontre une remarquable capacité à mêler la sensibilité esthétique du giallo italien à la brutalité crue de l'horreur moderne. En étroite collaboration avec le directeur de la photographie Andy Wolting, il construit un langage visuel fait de rouges profonds, de reflets métalliques et d'ombres soigneusement cadrées qui évoquent à la fois l'art et le malaise. Le montage, réalisé par Gabriel Carrer lui-même, s'appuie sur des juxtapositions saisissantes : des moments d'un calme presque onirique sont rompus par des explosions soudaines et désorientantes de violence. Ces choix accentuent l'instabilité psychologique du film, rappelant aux spectateurs qu'ils ne sont jamais à l'abri de ce qui les guette au détour du prochain couloir. L'hommage au giallo est évident dans l'utilisation de couleurs saturées et de décors stylisés, mais Carrer évite le simple pastiche en propulsant le film dans le territoire de l'horreur contemporaine, où le gore n'est pas décoratif mais profondément conflictuel.
Sur le plan thématique, Death Cycle explore avec précision les cycles du traumatisme et de la vengeance. Le chagrin d'Abby devient la porte d'entrée pour comprendre la nature cyclique de la violence elle-même : tout comme le vrombissement du moteur de la moto se répète, la douleur, la colère et la perte reviennent sans cesse. Le récit résiste à toute résolution claire, brouillant délibérément les frontières entre victime, survivant et bourreau. En ce sens, le film ne fonctionne pas seulement comme un slasher, mais comme une interrogation sur les mécanismes mêmes du genre. En obligeant le public à se demander qui est le véritable monstre, Carrer et McLeod élèvent le sujet au-delà des sensations fortes viscérales, créant une expérience aussi dérangeante sur le plan psychologique que choquante sur le plan visuel.
Les performances des seconds rôles, Sasha Ormond et James Fler, enrichissent la texture du film, apportant à la fois une progression narrative et des perspectives contrastées sur la peur et la survie. Si la durée concise de 80 minutes garantit un rythme effréné, elle laisse parfois les personnages secondaires sous-développés. Cependant, cette économie narrative joue également en faveur du film, offrant une expérience visuelle intense qui se nourrit de tension plutôt que d'explications. La brièveté fait partie intégrante de l'identité du film, reflétant la soudaineté et la brutalité de la violence qu'il dépeint.
Ce qui rend Death Cycle particulièrement remarquable, c'est la façon dont il joue avec les attentes du public. Dans des festivals tels que FrightFest, les amateurs du genre s'attendent à voir du gore, des chocs et des tueurs inventifs. Ce à quoi ils ne s'attendent peut-être pas, cependant, c'est un film qui marie ces éléments à une atmosphère de désorientation surréaliste et d'ambiguïté narrative. Pour l'anecdote, les premières réactions à la bande-annonce ont qualifié le film d' horreur imprégnée d'essence, et cette métaphore s'avère pertinente : chaque image semble imprégnée de carburant, prête à s'enflammer à la moindre étincelle. La moto elle-même devient plus qu'un simple outil de carnage : elle symbolise l'élan implacable de la mort, du chagrin et de la vengeance.
Death Cycle est une réussite majeure pour Gabriel Carrer et son équipe créative. Il démontre que le cinéma de genre, lorsqu'il est abordé avec respect et innovation, peut transcender les clichés et offrir quelque chose qui résonne au-delà du spectacle superficiel du sang et des moteurs. Avec une distribution assurée par Uncork'd Entertainment aux États-Unis, et Black Fawn Distribution qui prépare une sortie canadienne en 2026, le film semble promis à une longue vie bien au-delà de ses débuts en festival. Au FrightFest 2025, il s'est imposé comme bien plus qu'un simple slasher ; c'est un cycle soigneusement construit de terreur, de chagrin et de brutalité, qui rappelle au public que parfois, les monstres les plus terrifiants ne sont pas ceux qui vrombissent dans l'ombre, mais les traumatismes non résolus que nous portons en nous.
Death Cycle
Réalisé par Gabriel Carrer
Écrit par Dave McLeod
Produit par John Ainslie, Gabriel Carrer, Dave McLeod, Matthew Ninaber, Andy Wolting
Avec Kristen Kaster, Matthew Ninaber, Sasha Ormond, James Fler
Directeur de la photographie : Andy Wolting
Montage : Gabriel Carrer
Sociétés de production : Chronovisor Images, High Rise Studio, Latefox Pictures
Dates de sortie :
Durée : 80 minutes
Vu le 21 août 2025 (projection presse)
Note de Mulder: