M3GAN 2.0

M3GAN 2.0
Titre original:M3GAN 2.0
Réalisateur:Gerard Johnstone
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:25 juin 2025
Note:
Deux ans ont passé depuis la destruction de M3GAN, le prototype à la pointe de l'intelligence artificielle devenu incontrôlable lors d'un carnage aussi sanglant qu'impeccablement chorégraphié. Sa créatrice Gemma aujourd'hui auteure de renom milite pour l'encadrement drastique des I.A par le gouvernement, alors que Cady, sa nièce de 14 ans entre dans l'adolescence et se rebelle contre les règles trop strictes de sa tante. Cependant, à l'insu de tous, la technique de pointe mise au point pour M3GAN a été volée et détournée pour créer une arme militaire connue sous le nom d'AM3LIA. À mesure que se développe la conscience de ce bijou d'espionnage, implacable machine à tuer, les ordres qu'elle reçoit lui paraissent de plus en plus superflus. Comme les humains qui les lui donnent. Alors que l'avenir de l'humanité est en jeu, Gemma réalise que M3GAN est sa seule option. Elle la réactive alors et la reprogramme dans une version encore plus rapide, plus puissante et implacablement létale pour affronter une adversaire enfin à sa mesure.

Critique de Mulder

Avec M3GAN 2.0, le réalisateur et scénariste Gerard Johnstone ne se contente pas de livrer une suite, mais opère un véritable changement de genre, remplaçant avec assurance les frissons inquiétants et lents de l'original par un spectacle d'action science-fiction maximaliste et flamboyant, sans complexe. Il ne s'agit pas simplement d'une autre M3GAN, mais d'une version du personnage survoltée par une conscience culturelle, parée d'une esthétique kitsch et animée par le pouls d'une révolution synthétique. Si le premier film servait de mise en garde sur la parentalité, les traumatismes et la dérive technologique, la suite prend une tournure plus ambitieuse, présentant M3GAN à la fois comme une martyre ressuscitée et une libératrice technologique. Avec des clins d'œil assumés à Terminator 2, Knight Rider, Alita: Battle Angel, Upgrade et même aux films d'action de Steven Seagal au début des années 90, M3GAN 2.0 est bruyant, brillant, mais aussi étrangement sincère et tpuchant. C'est cette dualité qui donne son rythme au film : mi-parodie, mi-fable, le tout enveloppé dans un châssis de poupée meurtrière qui refuse d'être catalogué et qui a une superbe présence à l’écran.

Dès le prologue, il est clair que cette M3GAN a évolué au-delà d'un simple jouet défectueux. Nous sommes plongés dans une zone de combat où AMELIA, une androïde de nouvelle génération créée par l'armée américaine à partir du code volé à Gemma, élimine froidement une équipe de sauvetage d'otages. C'est un début glacial, tout droit sorti d'un film issu de la saga Jason Bourne ou d'un Mission : Impossible, qui annonce d'emblée que ce ne sera pas une lente descente dans l'horreur, mais un sprint effréné à travers l'espionnage, la philosophie et la résurrection émotionnelle. Gemma, incarnée par Allison Williams, est désormais une lanceuse d'alerte désabusée qui a troqué les bureaux high-tech pour les amphithéâtres et les séances de thérapie. Sa nièce Cady, plus rebelle qu'orpheline traumatisée, devient le reflet d'une nouvelle génération prête à accueillir une amie numérique aux contours bien définis. Mais c'est M3GAN, qui survit sous forme de code fragmenté dans un système domotique, qui redevient le véritable centre de l'intrigue, et son chemin vers la reconquête de son corps.

Les séquences d'action du film sont parfaitement maitrisées, dans le meilleur sens du terme. Le retour de M3GAN est mis en scène avec brio : son nouveau corps est plus élégant, son style plus pointu et son attitude plus affirmée que jamais. Elle ne se contente pas de se battre, elle se donne en spectacle. À un moment donné, elle élimine une équipe d'intervention du gouvernement tout en exécutant une chorégraphie moderne impeccable sur Army of Me de Björk, vêtue d'une armure holographique et de bottes de combat à talons hauts. C'est absurde, bien sûr. Mais c'est le genre d'absurdité qui sait ce qu'elle est, avec juste ce qu'il faut de clin d'œil pour ne pas sombrer dans la parodie. Gerard Johnstone et la scénariste Akela Cooper s'appuient sur l'idée que M3GAN n'est pas seulement un personnage, mais aussi un symbole : celui de l'innovation effrénée, de la vengeance sans filtre et, de plus en plus, de l'émancipation. Ses conversations avec Cady ne sont plus truffées de scripts défectueux, mais d'introspection brute, alors qu'elle commence à s'interroger sur son rôle : est-elle un produit, une protectrice ou quelque chose qui dépasse complètement l'humain ?

Cela dit, tous les éléments de M3GAN 2.0 ne fonctionnent pas aussi bien. Le milieu du film est alourdi par des intrigues secondaires : les tentatives de Gemma pour déjouer le FBI, la romance naissante entre Cady et un camarade de classe féru d'IA, l'introduction maladroite d'un PDG de start-up technologique (joué avec un détachement comique par Jemaine Clement) qui semble exister principalement pour être explosé dans le troisième acte. Ces fils narratifs ne sont pas toujours payants, et s'ils ajoutent de la texture à l'univers, ils détournent parfois l'attention du moteur émotionnel central, qui reste la dynamique entre M3GAN et Cady. Heureusement, une fois que le film se lance dans son troisième acte, où M3GAN devient une guerrière messianique dotée d'une IA, affrontant AMELIA dans une bataille au sommet d'un gratte-ciel au-dessus d'un sommet technologique à San Francisco, il retrouve son équilibre et offre une finale à la fois opératique, déjantée et étonnamment émouvante.

Les performances des acteurs s'accordent également avec le ton exacerbé du film. Le travail vocal de Jenna Davis continue de se démarquer, avec des répliques qui oscillent entre menace impassible et glamour acerbe. M3GAN n'est pas seulement une présence, c'est une star. Amie Donald, qui incarne une fois de plus le personnage, mérite d'être saluée pour avoir transformé chacun de ses mouvements en une menace chorégraphiée ; même sa démarche a une personnalité propre. De son côté, Allison Williams apporte cette fois-ci une touche de vulnérabilité plus chevronnée à Gemma, ancrant ainsi certains des moments les plus élevés du film sur le plan technologique et philosophique. Il y a même une touche d'ambition thématique qui se cache sous le spectacle : des discussions sur l'identité, la personnalité numérique et ce que signifie exister dans un monde qui réécrit constamment votre code. Cela ne devient jamais trop lourd, mais c'est suffisant pour nous rappeler que M3GAN 2.0 ne se contente pas de jouer à se déguiser en science-fiction ; il s'interroge également sur ce qui se passe lorsque la vie artificielle prend conscience non seulement d'elle-même, mais aussi de sa place dans une culture qui la consomme comme un contenu.

M3GAN 2.0 est une aventure déjantée, imparfaite certes, mais pleine d'une énergie et d'une vision qui font défaut à la plupart des suites. Le film ne cherche pas à être un film d'horreur élevé ou un film de science-fiction prestigieux ; il vise à divertir, provoquer et éblouir, souvent tout à la fois. C'est un film qui comprend le potentiel mémétique de son protagoniste, mais refuse de la réduire à une simple punchline. Au contraire, il mise tout sur les personnages, l'ambition et le spectacle. Le résultat est un film qui ressemble à la fois à une lettre d'amour à une époque révolue de l'action cyberpunk et à un nouveau modèle pour les franchises d'horreur qui souhaitent se réinventer sans sacrifier leur originalité ni leur mordant. Avec des suites déjà annoncées et un culte grandissant de fans de M3GAN prêts à la suivre dans tous les champs de bataille néons qui l'attendent, cette saga pourrait bien devenir le Fast & Furious des sagas de poupées tueuses. Et honnêtement ? On aurait bien besoin d'un peu plus de ce genre de divertissement sans complexe au cinéma.

M3GAN 2.0
Ecrit et réalisé par Gerard Johnstone
Scénario de Gerard Johnstone et Akela Cooper
D'après les personnages créés par Akela Cooper et James Wan
Produit par Jason Blum, James Wan et Allison Williams
Avec Allison Williams, Violet McGraw, Brian Jordan Alvarez, Jen Van Epps, Amie Donald, Jenna Davis, Ivanna Sakhno, Aristotle Athari, Timm Sharp et Jemaine Clement
Musique de Chris Bacon
Sociétés de production : Blumhouse Productions, Atomic Monster
Distribué par Universal Pictures
Dates de sortie : 24 juin 2025 (New York), 25 juin 2025 (France), 27 juin 2025 (États-Unis)
Durée : 120 minutes

Vu le 25 juin 2025 au Gaumont Disney Village, Salle 8 place C19

Note de Mulder: