F1 LE FILM

F1 LE FILM
Titre original:F1 The Movie
Réalisateur:Joseph Kosinski
Sortie:Cinéma
Durée:156 minutes
Date:25 juin 2025
Note:
Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 90 jusqu’à son terrible accident. Trente ans plus tard, devenu un pilote indépendant, il est contacté par Ruben Cervantes, patron d’une écurie en faillite qui le convainc de revenir pour sauver l’équipe et prouver qu’il est toujours le meilleur. Aux côtés de Joshua Pearce, diamant brut prêt à devenir le numéro 1, Sonny réalise vite qu'en F1, son coéquipier est aussi son plus grand rival, que le danger est partout et qu'il risque de tout perdre.

Critique de Cookie

Dès le début du film nous sommes pris dans un tourbillon musical avec un générique rythmé et pris également d’émotion par l’apparition de l’image furtive de Sonny Hayes los de son terrible accident il y a une trentaine d’années. Il mène depuis une existence assez tranquille, morne, accro aux jeux, bien loin de la folie des courses automobiles de Formule 1. Sa vie va basculer et changer lors d’une rencontre fortuite avec Ruben Cervantes le patron d’APXGP une écurie automobile en faillite, il essaye de convaincre Sonny de quitter son van pour le rejoindre et l’aider à remonter la pente. Ruben de retour en Grande-Bretagne est étonné de voir quelque temps plus tard débarquer sur le circuit de Silverstone, Sonny sac à dos, allure nonchalante et au sourire désarmant. Si Ruben est satisfait et reprend espoir, les techniciens et coureurs F1 ne sont pas du même avis et regardent d’un œil moqueur cette nouvelle recrue, un vétéran pour eux. En particulier le jeune pilote Joshua Pearce, qui veut être parmi les premiers sur le podium, regarde amusé Sonny et ne tient pas à lui faire de cadeau. Mais qu’importe Sonny Hayes est là pour montrer ce qu’il a dans le ventre et ce, malgré des essais hésitants et pas franchement réussies avec des tôles froissées de voitures, il compte s’améliorer il l’a promis.

A partir de ce moment-là, l’intérêt du film va augmenter, puisque nous allons assister en direct à de nombreuses courses automobiles dans différents circuits à travers le monde. Le réalisateur Joseph Kosinski a su tout mettre en œuvre pour nous intéresser et nous passionner aux grands prix de formule 1. Toutes les scènes détaillées concourent à nous intégrer parfaitement au déroulé des courses depuis l’entrée des pilotes sur la piste et dans leur habitacle, les contrôles des mécaniciens, les consignes des techniciens, les derniers briefings, les commentaires des journalistes sportifs et le départ des courses avec les feux allumés, ainsi nous y assistons comme si nous y étions. Emerveillement de voir la rapidité avec laquelle les mécaniciens changent les pneus, en trois secondes pourrait-on dire, par de temps à perdre, chaque seconde compte qui, multipliée par le nombre de tours, peut en fin de course faire perdre l’équipe.  A chaque tour de piste on serre les dents, on suit avec émotion et suspens, non sans une pointe de peur les virages serrés et dangereux. Les pilotes savent se dépasser et vont au bout de leur possibilité voire s’envoler comme aime à le souligner Sonny.

La musique est omni présente, entrainante et permet d’accentuer le bruit et la puissance des engins. Les effets spéciaux sont bluffant, à bon escient, empreint de réalisme. Les différents lieux des courses se suivent, et pourraient paraitre répétitifs, mais il n’en est rien, chaque circuit ayant sa spécificité, nous continuons de regarder les exploits de Sonny et de Joshua avec engouement. Le rythme de ce long métrage est soutenu, l’attention ne faiblit pas avec des rebondissements. Brad Pitt incarne le pilote avec charme, charisme, spontanéité, et professionnalisme, son physique correspond bien à ce que l’on peut imaginer d’un pilote professionnel sur le retour il est l’atout de cette production. 

Ruben interprété par Javier Bardem est excellent également, avec sa passion des courses, sa sensibilité et son honnêteté, le rôle de Joshua tenu par Damson Idris est plus en retrait, peut-être moins crédible par sa jeunesse et son arrogance mais le personnage s’étoffe et s’affirme au fur et à mesure de l’avancée du film. Quant à Kate la directrice de la technique jouée par Kerry Condon on admire sa force de caractère dans ce monde d’homme, son naturel elle est là pour calmer le jeu quand les pilotes ne parviennent plus à se contrôler. Ce film d’action, de passion, tout public d’une durée de 156 minutes se laisse regarder avec un plaisir même si le spectateur n’est pas spécialiste de courses automobiles, il permet de se faire une idée des risques, de la multitude de techniciens derrière l’apparence de facilité et d’aisance des coureurs automobiles.

F1 LE FILM
Réalisé par Joseph Kosinski
Écrit par Ehren Kruger
Scénario de Joseph Kosinski et Ehren Kruger
Produit par Jerry Bruckheimer, Joseph Kosinski, Lewis Hamilton, Brad Pitt, Jeremy Kleiner, Dede Gardner et Chad Oman
Avec Brad Pitt, Damson Idris, Kerry Condon, Tobias Menzies et Javier Bardem
Directeur de la photographie : Claudio Miranda
Montage : Stephen Mirrione
Musique : Hans Zimmer
Sociétés de production : Apple Studios, Monolith Pictures, Jerry Bruckheimer Films, Plan B Entertainment, Dawn Apollo Films
Distribué par Warner Bros. Pictures, Apple Original Films (États-Unis), Warner Bros France (France)
Dates de sortie : 25 juin 2025 (France), 27 juin 2025 (États-Unis)
Durée : 156 minutes

Vu le 16 juin 2025 au Pathe La Villette Salle Imax

Note de Cookie:

Critique de Mulder

Dans le panthéon des drames sportifs qui visent à fusionner le spectacle cinétique pur et l'étude intime des personnages, F1 LE FILM fait irruption sur scène comme une fusion turbo entre un récit old school mettant en scène des outsiders et une prouesse technique de pointe. Réalisé par Joseph Kosinski, dont le langage visuel a toujours été attiré par les machines élégantes et les hommes stoïques aux prises avec leur propre obsolescence, ce film est à la fois un spectacle hautement explosif et une méditation étonnamment élégiaque sur le vieillissement, le sens de la vie et le mythe du rebelle. Au cœur du film, on retrouve le charisme magnétique de Brad Pitt, qui incarne Sonny Hayes, un ancien prodige de la course automobile, blasé mais indéniablement doué, qui a connu une carrière fulgurante avant de s'éteindre avant même d'avoir eu la chance d'atteindre les sommets de la Formule 1. C'est un rôle qui invite à la comparaison avec des cow-boys vieillissants et des rock stars désabusées, et Brad Pitt le porte comme une combinaison de course sur mesure : froissée, tannée, incroyablement cool. Tout comme les voitures qu'il conduit, Sonny Hayes est une machine conçue pour la vitesse et le risque, mais ce qui le distingue, c'est le calme obsédant qui sous-tend désormais sa personnalité : un homme qui a touché la grandeur et qui s'en est détourné, pour finalement se retrouver, contre toute attente, à revenir vers le seul endroit où son âme se sent vraiment vivante.

Le film ne commence pas en fanfare, mais par une juxtaposition douce : des plans sereins de paysages désertiques, des sons ambiants de vent et de poussière, puis, comme un coup de tonnerre soudain, le rugissement des moteurs qui nous plonge dans le ballet nocturne effréné des 24 Heures de Daytona. Sonny Hayes, profondément endormi dans sa camionnette à l'extérieur du circuit, est réveillé pour prendre son service comme un moine appelé à la prière de minuit. Il n'est pas entouré d'assistants ou de fanfare ; au contraire, il parcourt les quelques mètres qui séparent son lit de son cockpit avec un calme qui frôle le détachement spirituel. Il se glisse dans la voiture, enfile son casque et s'élance pour remporter sa partie de la course. Il n'attend pas les applaudissements. Il ne prend pas le trophée. Il n'accepte même pas le champagne. Au lieu de cela, il repart dans l'obscurité, déjà en route vers le prochain défi inconnu. Cette ouverture, sobre mais époustouflante, nous dit tout ce que nous devons savoir sur Sonny : un homme hors du temps, vénéré et invisible à parts égales, toujours à la poursuite de quelque chose qu'il ne peut pas vraiment nommer. C'est dans ces gestes discrets, ces rituels tacites – comme la façon dont il glisse une carte à jouer dans son costume avant chaque course – que le film sème les graines du mythe autour de son protagoniste, le présentant moins comme un héros d'action traditionnel que comme un samouraï errant en quête de rédemption à travers la vitesse.

S'ensuit une intrigue qui, sur le papier, semble réconfortante et familière : le retour en force, la rivalité générationnelle, l'équipe hétéroclite de marginaux qui tentent de remporter une seule course pour éviter la destruction. Mais ce qui distingue F1 LE FILM de ses prédécesseurs dans le genre des films sportifs, ce n'est pas le quoi, mais le comment. Lorsque Ruben Cervantes, le personnage merveilleusement débraillé et désespéré incarné par Javier Bardem, un ancien camarade de course désormais croulant sous une dette de 350 millions de dollars, recrute Sonny pour rejoindre APXGP, une écurie de Formule 1 en dernière position et au bord de la faillite, le scénario aurait pu prendre la tournure d'un mélodrame sportif classique. Mais Javier Bardem imprègne chaque scène de l'émotion d'un homme qui voit en Sonny non seulement un coup de poker tactique, mais aussi le reflet de sa propre gloire déclinante. Leur amitié, imprégnée d'un passé commun fait d'ambition et d'occasions manquées, ajoute une touche poignante à l'intrigue. Ruben ne veut pas seulement sauver son équipe, il veut croire que la flamme qui les animait autrefois brûle toujours, que tout n'a pas été vain. Et Sonny, malgré ses protestations bourrues, est ramené non seulement par la perspective d'un tour de plus, mais aussi par le besoin douloureux de prouver, surtout à lui-même, qu'il n'est pas une relique.

Le contrepoint à l'insouciance zen de Sonny est le personnage tendu de Joshua Pearce, interprété par Damson Idris, la nouvelle star de l'APXGP, qui est à la fois doté d'un talent extraordinaire et accablé par le poids écrasant des attentes. La dynamique entre Sonny et Joshua est le pivot émotionnel du film : un choc générationnel qui se traduit à la fois par des stratégies de course effrénées et des confrontations passives-agressives dans les vestiaires. Joshua, obsédé par les statistiques, l'image et la presse, voit en Sonny un cow-boy has-been envoyé pour lui voler la vedette, tandis que Sonny, lassé du jeu moderne, se moque du besoin de reconnaissance de Joshua. Leur animosité est sincère, et le respect qu'ils finissent par se témoigner est durement gagné, et non pas accordé à travers des discours creux. Ce qui donne toute sa force à cette histoire, c'est la façon dont Damson Idris incarne Joshua, non pas comme un gamin gâté, mais comme un homme constamment au bord du burn-out. Sa tension, sa fanfaronnade, même ses faux pas sont dépeints avec empathie. C'est un jeune homme qui a dû se battre pour se faire une place dans un sport réputé hostile aux étrangers, et chaque fois qu'il n'est pas parfait, il se voit rappeler que le monde est prêt à le démolir. Dans un scénario moins abouti, leur rivalité aurait été univoque. Ici, elle évolue vers quelque chose de plus complexe et de plus gratifiant : une étude sur le fait que le mentorat ne peut exister sans vulnérabilité des deux côtés.

L'une des véritables révélations du film est Kerry Condon dans le rôle de Kate McKenna, la directrice technique de l'APXGP, une femme rare dans le cercle très fermé de ce sport, à l'esprit vif et sans concession. Kerry Condon jongle habilement entre son rôle de pilier émotionnel de l'équipe et celui de voix de la raison qui ne mâche pas ses mots. Elle n'est pas là pour adoucir Sonny, ni pour simplement inspirer Joshua : elle est l'architecte de leur succès, le cerveau qui transforme les échecs en gains de performance. Il y a bien une intrigue romantique entre Sonny et Kate, mais elle ne sape jamais son pouvoir d'action. Leur relation est fondée sur le respect mutuel, la reconnaissance des cicatrices laissées par les combats et un objectif commun. Dans une scène magnifiquement sobre, Sonny observe Kate tandis qu'elle règle les paramètres du moteur dans un garage inondé de lumière artificielle. Il ne dit rien. Elle ne lève pas les yeux. Mais la caméra s'attarde, et nous le ressentons : une admiration sans objectivation, une intimité forgée par la compétence. À bien des égards, Kate est le cœur du film, moins tape-à-l'œil que ses protagonistes, mais indispensable.

Ce qui élève véritablement F1 LE FILM au rang de film événement à ne pas manquer, c'est sa prouesse technique. Travaillant une nouvelle fois avec le directeur de la photographie Claudio Miranda, Joseph Kosinski construit des séquences de course qui ne visent pas seulement à éblouir, mais à submerger les sens. Les caméras sont montées à l'intérieur des cockpits, sur les pneus, sous les spoilers, à des angles qui feraient pâlir les directeurs de la photographie traditionnels. Le résultat est une immersion totale. On ne regarde pas ces courses, on les endure, comme les forces G qui s'exercent sur votre poitrine. Le montage de Stephen Mirrione (oscarisé pour Traffic) est frénétique mais cohérent, permettant à chaque virage et à chaque chicane d'être restitués avec un réalisme tactile. Lorsqu'une voiture en dépasse une autre à 350 km/h, le cadre ne triche pas, il suit. On sent les vibrations de l'asphalte, le cliquetis du châssis, le grondement dans sa propre cage thoracique. Ces séquences ne sont pas seulement étonnantes sur le plan visuel, elles sont aussi précises sur le plan narratif. Chaque course a son propre arc, ses propres enjeux, son propre vocabulaire émotionnel. Un arrêt au stand n'est pas seulement un moment logistique, c'est un test de foi, une communion entre l'homme et la machine.

La bande originale de Hans Zimmer est un personnage à part entière, alternant entre le bourdonnement inquiétant d'un danger imminent et la vague triomphante d'une victoire presque impossible. Elle est moins grandiloquente que son travail dans The Dark Knight, plus musclée que Interstellar, et peut-être plus proche spirituellement de Rush, sa dernière grande bande originale de course automobile. Mais Hans Zimmer sait comment tisser une narration à travers la musique, et ici, il déploie des motifs qui évoluent parallèlement aux personnages. Un bourdonnement synthétique devient un crescendo triomphant. Un battement percussif se transforme en élégie. Dans une scène particulièrement époustouflante, le Grand Prix final à Abu Dhabi, la musique s'arrête complètement lorsque Sonny négocie un virage critique. Il ne reste plus que le souffle, le moteur, la possibilité d'une catastrophe. Puis, au moment opportun, Zimmer revient et le public expire.

Pourtant, F1 LE FILM n'est pas sans défauts. Le scénario d'Ehren Kruger, bien que fonctionnel, succombe souvent à des dialogues stéréotypés, s'appuyant trop sur l'explication et pas assez sur la confiance du spectateur. Les méchants sont caricaturaux – Tobias Menzies incarne le membre du conseil d'administration narquois avec toute la subtilité d'un homme de main de James Bond – et la résolution se déroule avec la prévisibilité d'un drapeau à damier agité au-dessus d'un vainqueur prédéterminé. Le film évite également d'aborder plus en profondeur certains de ses thèmes les plus intéressants : le classisme de la Formule 1, les défis auxquels sont confrontés les pilotes non blancs, la tension entre héritage et innovation. Il y a bien quelques clins d'œil à ces idées – une réplique ici, un regard là –, mais ils semblent davantage être des occasions manquées qu'une retenue intentionnelle. Néanmoins, le fait que ces faux pas ne gâchent pas l'expérience témoigne de la qualité du film. Ce ne sont que des bosses sur un circuit par ailleurs impeccable.

F1 LE FILM est un film très intelligent qui comprend le pouvoir de la vitesse cinématographique. Il sait qu'un film sportif n'a pas besoin de surprendre pour réussir, il doit émouvoir. Émouvoir le public sur le plan émotionnel, visuel et sonore. Et sur ce plan, F1 LE FILM est une réussite et un véritable événement cinématrographique. C'est un film où la vitesse est réelle, les enjeux sont élevés et les personnages, bien que familiers, sont rendus avec suffisamment de grâce et de courage pour avoir de l'importance. Brad Pitt porte le film non pas comme une star jouant un rôle, mais comme une légende qui reprend sa place sur le podium. Il est à la fois le pilote, le véhicule et le moteur. Et lorsque le générique défile et que les derniers pneus crissent dans le dernier tour, ce qui reste n'est pas seulement le rugissement de la course, mais le bourdonnement calme et régulier d'un film qui sait exactement ce qu'il fait. C'est du cinéma fait pour émouvoir. Et il y parvient. Rapidement.

F1 LE FILM
Réalisé par Joseph Kosinski
Écrit par Ehren Kruger
Scénario de Joseph Kosinski et Ehren Kruger
Produit par Jerry Bruckheimer, Joseph Kosinski, Lewis Hamilton, Brad Pitt, Jeremy Kleiner, Dede Gardner et Chad Oman
Avec Brad Pitt, Damson Idris, Kerry Condon, Tobias Menzies et Javier Bardem
Directeur de la photographie : Claudio Miranda
Montage : Stephen Mirrione
Musique : Hans Zimmer
Sociétés de production : Apple Studios, Monolith Pictures, Jerry Bruckheimer Films, Plan B Entertainment, Dawn Apollo Films
Distribué par Warner Bros. Pictures, Apple Original Films (États-Unis), Warner Bros France (France)
Dates de sortie : 25 juin 2025 (France), 27 juin 2025 (États-Unis)
Durée : 156 minutes

Vu le 23 juin 2025 au Gaumont Disney Village, Salle IMAX place E17

Note de Mulder: