Titre original: | Drop |
Réalisateur: | Christopher Landon |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 95 minutes |
Date: | 23 avril 2025 |
Note: |
Le film Drop game démarre très fort avec un générique assez surprenant quelque peu effrayant où divers objets sont propulsés à travers l’écran, verre brisé, pendule cassée, fleurs rouges sur une musique oppressante, une mise en scène sombre qui ne présage rien de bon et qui déjà nous entraine malgré nous dans un univers inquiétant.
Violet jeune veuve célibataire avec son petit garçon Toby, est de bonne humeur et quelque peu intimidée et inquiète, elle n’a plus l’habitude de sortir, de se mettre en beauté et se prépare à un dîner en tête à tête avec un ami récemment rencontré, un certain Henry. Sa sœur Jen ne peut que l’encourager, la rassurer dans cette nouvelle aventure amoureuse. Mais qui est vraiment Violet ? Un flash-back nous éclaire et nous aide à mieux comprendre son parcours, sa fébrilité et ses faiblesses.
Le décor du lieu de leur rendez-vous est magnifique, pour y accéder il faut longer un long et mystérieux couloir jaune qui conduit à l’immense salle somptueuse du restaurant. Ici tout n’est que beauté, luxe, mets raffinés et serveurs stylés. De nombreux couples sont attablés, et dans ce cadre romantique, Violet et Henry ne peuvent que passer un moment merveilleux loin de toute préoccupation, même si Violet l’esprit ailleurs, regarde souvent son téléphone, pensant à son enfant resté à la maison en compagnie de sa sœur.
Le film prend soudain une tournure plus dramatique au cours du repas, quand la jeune femme reçoit sur son portable, des drops des messages courts inquiétants, répétitifs. Avec habilité, le réalisateur Christopher Landon, distille par petites touches, lentement mais sûrement, une atmosphère d’étrangeté et de crainte mêlées, pourquoi ces appels. L’intensité de la mise en scène est à son paroxysme et contribue à nous surprendre, à nous déranger, un sentiment de crainte se mut de plus en plus en frayeur. L’interprétation de Violet par Meghann Fahy est remarquable d’humanité, de justesse dans sa réaction face à l’adversité .Le restaurant n’est plus le lieu idyllique et paisible du départ, mais un lieu étrange où peut être quelqu’un lui veut du mal. Henry joué par Brandon Sklenar, est rassurant, compréhensif et contre balance l’émoi de sa compagne.
La grande majorité des scènes de Drop game se situe en un seul lieu, le restaurant, mais le rythme du film est tel, que le spectateur ne s’en offusque pas, il se prend au jeu et devient son propre détective. On se pose des questions, on va de surprise en surprise, qui est vraiment Henry ? Les voisins de table sont-ils ce qu’ils prétendent être ? Que va faire Violet ? Le mystère est bien présent avec notamment ce clin d’œil au long couloir de forme étrange au ton jaune qui mène au restaurant comme si l’on était happé dans une quatrième dimension sans issu possible.
Ce long métrage de quatre-vingt-quinze minutes qui se laisse voir sans ennui, a le charme de mêler des instants romantiques, comiques (avec le serveur débutant) et des passages sombres, effrayants, ingrédients parfaits qui en font un film passionnant, captivant, ce scénario réjouira les amateurs de ce genre. Drop game est un thriller envoutant, au suspens haletant où l’attention ne faiblit jamais.
Drop game
Réalisé par Christopher Landon
Écrit par Jillian Jacobs, Chris Roach
Produit par Michael Bay, Jason Blum, Brad Fuller, Cameron Fuller, Sam Lerner
Avec Meghann Fahy, Brandon Sklenar, Violett Beane, Jeffery Self
Directeur de la photographie : Marc Spicer
Montage : Ben Baudhuin
Musique : Bear McCreary
Sociétés de production : Blumhouse Productions, Platinum Dunes, Wild Atlantic Pictures
Distribué par Universal Pictures (États-Unis), Universal Pictures Internatioanl France (France)
Dates de sortie : 9 mars 2025 (SXSW), 11 avril 2025 (États-Unis), 23 avril 2025 (France)
Durée : 95 minutes
Vu le jeudi 17 avril 2025 au Publicis Champs-Elysées
Note de Cookie:
Drop game réalisé par Christopher Landon, est un thriller élégant et moderne qui parvient à être à la fois actuel et structuré de manière classique. Se déroulant presque entièrement dans un restaurant chic d'un gratte-ciel de Chicago, le film réinvente habilement le format du suspense à lieu unique pour l'ère numérique, en utilisant la présence omniprésente des smartphones comme principal vecteur de terreur. Mêlant tension psychologique, intrigue sophistiquée et traumatisme émotionnel, Drop game oscille entre le plausible et l'absurde, mais grâce à une mise en scène assurée, des performances convaincantes et une réalisation soignée, il réussit plus souvent qu'il ne échoue.
Au fond, Drop game pourrait s’apparenter à une pièce de théâtre intimiste qui exploite habilement le sentiment de claustrophobie de son décor pour créer une atmosphère angoissante. Violet (Meghann Fahy), une thérapeute veuve et mère célibataire, se lance dans le monde des rencontres pour la première fois depuis des années. Son rendez-vous avec Henry (Brandon Sklenar), un photographe poli et attentionné avec qui elle échange des messages depuis des mois, est fixé dans un restaurant haut de gamme appelé Palate, un environnement entièrement fictif et rutilant, conçu spécialement pour le film. Mais ce qui commence comme une soirée potentiellement gênante, empreinte de tension romantique, tourne rapidement au cauchemar numérique lorsque Violet commence à recevoir des messages anonymes via une application de type Bluetooth appelée DigiDrop. Les messages passent rapidement de mèmes légèrement dérangeants à des menaces explicites visant son fils de cinq ans et sa sœur, qui sont à la maison sous la surveillance de son système de sécurité. À partir de ce moment, le film s'enferme dans un rythme effréné qui ne faiblit que rarement, fondant son suspense sur le concept simple mais terrifiant d'une femme contrainte d'agir contre sa volonté sous le regard d'un manipulateur invisible.
Ce qui distingue Drop game des nombreux thrillers technologiques, ce n'est pas la nouveauté de son postulat, mais la confiance avec laquelle il est réalisé. Christopher Landon met en scène avec un sens palpable du rythme et une grande créativité visuelle, utilisant des superpositions audacieuses de texte et d'images filmées pour créer une esthétique hyper stylisée qui souligne le sentiment de désorientation et d'enfermement de Violet. La façon dont les messages apparaissent à l'écran – en gros caractères, parfois en plein milieu de l'image – évoque le langage visuel de la culture des mèmes, tout en l'utilisant pour créer du suspense. Parallèlement, le restaurant se transforme au fil du film, passant d'un lieu glamour à une scène de suspicion, où chaque serveur, barman et client devient un suspect potentiel. Il s'agit d'une structure narrative qui exploite le frisson intemporel du roman policier, réfracté à travers le prisme du Bluetooth et de la paranoïa de l'ère de la surveillance.
L'efficacité du film doit beaucoup à la performance centrale de Meghann Fahy, qui apporte une gamme émotionnelle remarquable à un personnage oscillant entre traumatisme intériorisé et panique extérieure. Violet n'est pas écrite comme une victime conventionnelle, mais comme une femme dont les expériences passées ont façonné son instinct de survie. Son histoire de violence domestique, introduite dans une séquence d'ouverture bouleversante et approfondie par des flashbacks ultérieurs, n'est pas traitée comme un simple décor, mais est au cœur de l'arc émotionnel de l'histoire. Fahy incarne Violet avec une tension palpable, utilisant le silence, des micro-expressions et des dialogues soigneusement modulés pour dépeindre une femme qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour garder le contrôle dans un environnement conçu pour le lui ôter. Son alchimie avec Brandon Sklenar est discrète mais crédible, et le film évite judicieusement de transformer leur dynamique en une romance prévisible et périlleuse. Au contraire, leur relation sert à mettre en évidence la vulnérabilité et la résilience de Violet, permettant aux deux personnages d'exister au-delà des archétypes du genre.
Les seconds rôles ajoutent de la couleur sans envahir le récit. Jeffery Self, dans le rôle du serveur zélé et légèrement dérangé, apporte une dose nécessaire de légèreté qui ne nuit jamais au ton général. La barmaid incarnée par Gabrielle Ryan et le rendez-vous galant maladroit joué par Reed Diamond contribuent à l'écosystème de fausses pistes du film, tandis que le restaurant lui-même, avec son éclairage dramatique et son agencement labyrinthique, devient une extension des thèmes de surveillance et de performance abordés dans le film. Le scénario de Jillian Jacobs et Chris Roach est économique, évitant les explications inutiles et s'appuyant sur l'immédiateté du scénario pour maintenir le rythme. Chaque détail, de la portée de l'application DigiDrop à l'emplacement stratégique des caméras et des microphones cachés, est conçu pour maintenir le récit bien centré, et si certains rebondissements semblent trop artificiels, ils sont exécutés avec suffisamment de talent pour maintenir la suspension d'incrédulité.
À mesure que Drop game approche de son dénouement, le film troque une partie de sa tension réaliste contre de l'action cinématographique, menant à un climax spectaculaire. Si le passage soudain à un territoire plus ouvertement cinématographique, avec des vitres brisées, des cascades sur les toits et une confrontation finale sur le flanc d'un gratte-ciel, peut nuire à la crédibilité, il constitue également l'aboutissement naturel d'une escalade des enjeux. La transition entre le suspense psychologique et le danger physique ne satisfera peut-être pas tous les spectateurs, en particulier ceux qui se sont attachés à la première moitié plus sobre du film, mais elle renforce la transformation de Violet, qui passe d'un personnage acculé à une femme qui reprend le contrôle de sa vie au sens le plus littéral du terme. À la fin, le film revient à ses fondements émotionnels, rappelant au public que le véritable triomphe n'est pas la défaite de l'antagoniste, mais la survie de Violet selon ses propres conditions.
Sur le plan thématique, Drop game aborde un certain nombre de préoccupations contemporaines sans tomber dans le didactisme. L'angoisse omniprésente d'être observé, l'érosion de la vie privée par la technologie et le coût psychologique de faire preuve de sang-froid dans un environnement hostile sont autant d'éléments qui font partie intégrante de l'ADN du film. On y trouve également un commentaire clair sur le traumatisme durable causé par les abus et le long processus non linéaire de reconquête de l'autonomie. Le fait que cela soit en grande partie communiqué par le biais des conventions du genre et des mécanismes du suspense plutôt que par une exposition directe est tout à l'honneur du film. Landon laisse ces idées émerger naturellement, faisant confiance au spectateur pour relier les points. Cette retenue, combinée à l'énergie cinétique et à l'inventivité visuelle du film, fait de Drop game un thriller rare, à la fois divertissant et thématiquement percutant.
Au final, Drop game réussit là où tant de thrillers échouent : il crée une tension soutenue dans un espace confiné, portée par un protagoniste convaincant et agrémentée d'une touche d'absurdité qui rend l'expérience captivante sans la faire dérailler. Si son concept ambitieux ne résiste pas à un examen minutieux et que certains rebondissements narratifs nécessitent une bonne dose de suspension d'incrédulité, le film compense par son rythme, son atmosphère et son émotion. Ce n'est pas seulement un film sur les menaces numériques, c'est aussi un film sur les spectres persistants du traumatisme, la difficulté de naviguer dans la confiance et le courage qu'il faut pour revenir dans le monde après avoir été brisé par celui-ci. Assurément Christopher Landon est un réalisateur surdoué qui confirme tout le bien que nous pensons de lui après les les très réussis Happy Birthdead (2017) et Happy Birthdead 2 You (2019), Freaky (2021) et We have a Ghost (2023).
Drop game
Réalisé par Christopher Landon
Écrit par Jillian Jacobs, Chris Roach
Produit par Michael Bay, Jason Blum, Brad Fuller, Cameron Fuller, Sam Lerner
Avec Meghann Fahy, Brandon Sklenar, Violett Beane, Jeffery Self
Directeur de la photographie : Marc Spicer
Montage : Ben Baudhuin
Musique : Bear McCreary
Sociétés de production : Blumhouse Productions, Platinum Dunes, Wild Atlantic Pictures
Distribué par Universal Pictures (États-Unis), Universal Pictures Internatioanl France (France)
Dates de sortie : 9 mars 2025 (SXSW), 11 avril 2025 (États-Unis), 23 avril 2025 (France)
Durée : 95 minutes
Vu le 23 avril 2025 au Gaumont Disney Village, Salle 15 place C19
Note de Mulder: