Blanche Neige

Blanche Neige
Titre original:Snow White
Réalisateur:Marc Webb
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:19 mars 2025
Note:
Blanche-Neige des studios Disney est une nouvelle version du classique de 1937 en prises de vues réelles. Avec Rachel Zegler dans le rôle principal et Gal Gadot dans celui de sa belle-mère, la Méchante Reine. Cette aventure magique retourne aux sources du conte intemporel avec les adorables Timide, Prof, Simplet, Grincheux, Joyeux, Dormeur et Atchoum.

Critique de Cookie

À quoi peut-on s’attendre avec cette nouvelle production de Walt Disney de Blanche-Neige ? Un remake capable d’apporter une touche d’originalité et de fraîcheur ou, au contraire, un film décevant qui ne serait qu’une pâle imitation ?

Le film de Marc Webb s’ouvre comme un conte classique, avec un magnifique livre doré entouré d’oiseaux chantant, de hérissons curieux et de lapins bondissant joyeusement. "Il était une fois...". L’image nous transporte alors vers un immense château où un bon roi et une reine bienveillante célèbrent la naissance de leur fille, un matin enneigé. Ils la nomment Blanche-Neige. Dans le village voisin, la place du marché est animée, baignée de lumière et de vie. La musique accompagne cette atmosphère médiévale chaleureuse. Mais comme dans toute belle histoire, l’ombre surgit rapidement : la reine meurt brutalement, laissant un veuf éploré et une enfant orpheline. Nous connaissons la suite : le roi se remarie, mais son épouse est froide et cruelle, indifférente à son peuple et à sa belle-fille.

Dès les premières scènes, la direction artistique du film se distingue. Le travail de Kave Quinn à la conception des décors est remarquable. Le château, inspiré de l’architecture bavaroise et gothique, capture parfaitement l’essence des contes de fées des frères Grimm. Le village fourmille de détails authentiques, des étals du marché aux pavés usés par le temps, tandis que la forêt, loin d’être un simple décor menaçant, devient un espace enchanteur et mystérieux où Blanche-Neige découvre sa véritable force.

La musique occupe une place prépondérante, fidèle à l’esprit du conte original. Comme il s’agit d’une comédie musicale, nous retrouvons les chansons intemporelles qui ont bercé notre enfance, avec de nouveaux arrangements et quelques compositions inédites signées Pasek et Paul. Les mélodies sont entraînantes et faciles à retenir, accentuant l’aspect féerique du film.

Côté costumes, le travail de Sandy Powell mérite une mention spéciale. La célèbre robe de Blanche-Neige, avec son corsage bleu, sa collerette blanche et sa jupe jaune, est revisitée avec une touche plus contemporaine, en organza de soie et crinoline. Mais c’est la méchante reine qui capte toute l’attention avec des tenues somptueuses. Ses robes noir ébène et vert foncé, brodées de fil d’or, ainsi que sa cape imposante de plus de six mètres, soulignent sa vanité et son autorité. Son allure aristocratique, ses ongles acérés et sa coiffe majestueuse en font une figure aussi fascinante qu’effrayante.

Les sept nains sont bien présents, chacun avec sa personnalité distincte, mais leur représentation en images de synthèse a suscité des débats. Disney a opté pour un mélange de CGI et d’éléments en prises de vues réelles afin d’éviter certains stéréotypes, mais le résultat est inégal. Certains personnages manquent de l’expressivité et de la chaleur qui faisaient tout le charme de la version animée de 1937. Néanmoins, leur présence apporte une dose d’humour et de tendresse, et leurs querelles sont irrésistibles.

Quant à l’interprétation, Rachel Zegler incarne une Blanche-Neige plus affirmée, une jeune femme qui apprend à s’imposer et à gouverner. Son évolution est marquée, et sa voix chantée est un atout indéniable. Cependant, certaines de ses répliques manquent parfois de naturel. Gal Gadot, en revanche, brille en reine maléfique. Elle incarne un personnage à la fois théâtral et menaçant, sa gestuelle et son regard transperçant ajoutant à son charisme maléfique. Son numéro musical "All is Fair" est un moment fort du film, où elle savoure sa propre cruauté avec une délectation palpable.

Le film introduit également un nouveau personnage masculin, Jonathan, joué par Andrew Burnap, qui remplace le prince charmant anonyme de la version originale. Ce rebelle charismatique apporte une touche politique à l’intrigue, mais son ajout détourne légèrement l’attention du conflit central entre Blanche-Neige et la Reine. Sa romance avec l’héroïne est plus développée, mais elle ne parvient pas toujours à captiver autant que l’histoire principale.

Le film Blanche-Neige oscille entre nostalgie et modernité. Si certains choix, notamment les effets spéciaux des nains, peuvent diviser, le film parvient à restituer l’esprit du conte tout en offrant une héroïne plus affirmée et une méchante plus flamboyante. L’ancienne version est magnifiée par cette nouvelle approche, Blanche-Neige y gagne en personnalité, et l’ensemble promet un beau moment de cinéma pour petits et grands. Une réussite qui, sans atteindre la perfection, rappelles-en certains aspects la magie intemporelle de Disney. Notre gros coup de cœur des sorties de la semaine

Blanche-Neige
Réalisé par Marc Webb
Écrit par Erin Cressida Wilson
D'après Blanche-Neige et les Sept Nains de Disney par Ted Sears, Richard Creedon, Otto Englander, Dick Rickard, Earl Hurd, Merrill De Maris, Dorothy Ann Blank, Webb Smith et Blanche-Neige des frères Grimm
Produit par Marc Platt, Jared LeBoff
Avec Rachel Zegler, Andrew Burnap, Gal Gadot
Directeur de la photographie : Mandy Walker
Montage : Mark Sanger, Sarah Broshar
Musique : Jeff Morrow (musique originale), Larry Morey et Frank Churchill (chansons),  Pasek et Paul (nouvelles chansons)
Sociétés de production : Walt Disney Pictures, Marc Platt Productions
Distribué par Walt Disney Studios
Dates de sortie : 12 mars 2025 (Alcazar de Ségovie), 19 mars 2025 (France), 21 mars 2025 (États-Unis)
Durée : 109 minutes

Vu le 18 mars 2025 au Pathé Beaugrenelle, salle Dolby Cinéma

Note de Cookie:

Critique de Mulder

Il y a peu de souvenirs cinématographiques aussi profondément ancrés dans mon enfance que la première fois que j'ai vu le film d’animation Blanche-Neige et les Sept Nains. Mes parents, toujours désireux de partager leur amour des films classiques avec moi, m'ont emmené à une projection, et selon eux j'ai été complètement envoûté. Comme ils me l'ont rappelé plus tard, j'étais assis, les yeux écarquillés, complètement captivé par la magie pure qui se déroulait à l'écran. L'animation luxuriante, les ombres inquiétantes du château de la Reine et les pitreries charmantes et maladroites des nains : tout cela semblait plus grand que nature. À la maison, nous revoyions toujours la scène du bain des nains, projetée sur un grand écran portatif dans notre salon. Les rires, les gags, la joie animée de tout cela : c'était un élément essentiel de mon amour grandissant pour le cinéma. Ainsi, lorsque les studios Walt Disney company ont annoncé un remake en prises de vues réelles de Blanche-Neige, je l'ai abordé avec un optimisme prudent, en espérant qu'il recréerait ne serait-ce qu'une fraction de cette magie.

Le film Blanche-Neige réalisé par Marc Webb est une entreprise ambitieuse, une tentative audacieuse de faire entrer un classique bien-aimé dans l'ère moderne tout en conservant son charme féerique. Dès le début, le film cherche à se distinguer, en réinventant des éléments clés de l'histoire tout en rendant hommage à son prédécesseur animé. Rachel Zegler incarne le rôle emblématique avec assurance et grâce, incarnant une Blanche-Neige qui n'est pas seulement une rêveuse, mais une leader, une jeune femme qui cherche activement à reconquérir son royaume plutôt que d'attendre simplement qu'un prince vienne la sauver. Ce changement dans l'action du personnage est significatif : la princesse passive qui attend l'arrivée de son prince a disparu ; à sa place se trouve une héroïne dont le parcours est celui de la découverte de soi et de la résilience.

Visuellement, Blanche-Neige est une totale réussite, bien qu'elle ne soit pas sans incohérences. La conception de la production est impressionnantre, avec le château de la Reine qui se dresse dans une splendeur gothique sombre, tandis que la forêt enchantée éclate de couleurs et de vie. Cependant, les éléments CGI, en particulier les sept nains, s'avèrent être une arme à double tranchant. Si l'intention derrière leur conception était de moderniser leur présence, leur rendu photoréaliste semble quelque peu déconnecté de l'esthétique par ailleurs réaliste du film. Contrairement au classique d'animation, où les nains débordaient de personnalité et de charme, ils semblent ici être une expérience d'art numérique qui ne porte pas vraiment ses fruits. On se retrouvée à regretter l'expressivité dessinée à la main de l'original, où chaque mouvement exagéré, chaque mouvement de moustache et chaque lueur dans les yeux de Simplet ajoutaient des couches à leur humour et à leur cœur.

Cependant, le remake brille par sa réinterprétation de la Méchante Reine. Gal Gadot incarne le rôle avec une élégance glaciale, sa performance étant imprégnée de vanité et de menace silencieuse. La Reine reste une force de la nature, motivée par sa peur d'être éclipsée. Bien que ses motivations aient été légèrement élargies pour ajouter de la profondeur à sa paranoïa, l'essence de sa méchanceté reste intacte. La séquence de transformation, où elle se déguise en vieille sorcière, reste l'un des moments les plus saisissants du film sur le plan visuel, un véritable clin d'œil à l'intensité obsédante de l'original. Cependant, son numéro musical, bien qu'ambitieux, n'a pas le charisme inoubliable et furtif de classiques tels que Poor Unfortunate Souls ou Be Prepared.

Musicalement, Blanche neige  se retrouve dans un équilibre délicat entre le passé et le présent. Les nouvelles compositions de Pasek et Paul insufflent au film une énergie digne de Broadway, mais leur présence éclipse souvent le charme intemporel des chansons originales. Whistle While You Work et Heigh-Ho font leur retour, bien que dans des arrangements réinventés qui ne capturent pas tout à fait le même esprit contagieux. On a l'impression que le film est tiraillé entre le respect de ses racines et le désir de s'affirmer comme quelque chose de nouveau. C'est dans ces moments d'indécision que Blanche-Neige semble le plus instable, s'efforçant d'être à la fois nostalgique et contemporaine, mais ne s'engageant jamais pleinement dans l'une ou l'autre de ces directions.

L'ajout de Jonathan (Andrew Burnap) en tant que nouvel amour potentiel est l'un des éléments les plus controversés du film. Remplaçant le prince charmant classique, Jonathan est un personnage espiègle, à la Robin des Bois, qui ajoute une touche de plaisanterie ludique au voyage de Blanche-Neige. Sa dynamique avec Blanche-Neige est rafraîchissante et égalitaire, évitant le trope dépassé d'une princesse sauvée passivement. Si sa présence ajoute à la tentative de modernisation du film, elle souligne également l'une des plus grandes difficultés du film : sa tentative d'intégrer des sensibilités contemporaines dans une histoire si profondément ancrée dans la tradition.

Malgré ses quelques faux pas, Blanche-Neige n'est pas dénué de moments de véritable émerveillement. La performance de Rachel Zegler est lumineuse, capturant la chaleur et l'optimisme qui définissent Blanche-Neige en tant que personnage. La cinématographie évoque parfois des images à couper le souffle, rappelant l'élégance picturale des arrière-plans du film original. Et, surtout, le film ne perd jamais de vue son message central : le triomphe de la gentillesse et du courage sur la vanité et la cruauté.

Pourtant, alors que le générique défilait, one ne peut s 'empêcher de ressentir un sentiment persistant de léger manque. Peut-être était-ce l'absence de cette magie à l'ancienne de Disney, celle qui a fait de Blanche-Neige et les Sept Nains un chef-d'œuvre intouchable. Ou peut-être était-ce la façon dont l'identité du film semblait prise entre le passé et le présent, sans jamais vraiment embrasser l'un ou l'autre. Blanche-Neige d'animation reste un film auquel on revient avec le même émerveillement enfantin que j'avais il y a toutes ces années, lorsque j'ai vu pour la première fois les nains barboter dans cette scène de baignoire bouillonnante et chaotique. Cette adaptation en prises de vues réelles, malgré sa beauté et son ambition, ne tiendra probablement pas la même place dans notre cœur. Mais peut-être, juste peut-être, sera-t-elle le Blanche-Neige d'une nouvelle génération, tout comme l'original l'était pour la mienne.

Blanche-Neige
Réalisé par Marc Webb
Écrit par Erin Cressida Wilson
D'après Blanche-Neige et les Sept Nains de Disney par Ted Sears, Richard Creedon, Otto Englander, Dick Rickard, Earl Hurd, Merrill De Maris, Dorothy Ann Blank, Webb Smith et Blanche-Neige des frères Grimm
Produit par Marc Platt, Jared LeBoff
Avec Rachel Zegler, Andrew Burnap, Gal Gadot
Directeur de la photographie : Mandy Walker
Montage : Mark Sanger, Sarah Broshar
Musique : Jeff Morrow (musique originale), Larry Morey et Frank Churchill (chansons),  Pasek et Paul (nouvelles chansons)
Sociétés de production : Walt Disney Pictures, Marc Platt Productions
Distribué par Walt Disney Studios
Dates de sortie : 12 mars 2025 (Alcazar de Ségovie), 19 mars 2025 (France), 21 mars 2025 (États-Unis)
Durée : 109 minutes

Vu le 20 mars 2025 au Gaumont Disney Village, Salle IMAX place E16

Note de Mulder: