Novocaine

Novocaine
Titre original:Novocaine
Réalisateur:Dan Berk, Robert Olsen
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:26 mars 2025
Note:
Lorsque la fille de ses rêves est kidnappée, Nate, un homme ordinaire, transforme son incapacité à ressentir la douleur en une force inattendue dans son combat pour la retrouver.

Critique de Cookie

Comme chaque matin, le réveil sonne à 6h30 pour Nate Caine. Il est temps de se lever, de faire son jus de fruit, une musique dynamique nous accompagne tout en le découvrant. Le voici maintenant essayant de se frayer un chemin à bord de sa voiture dans les rues de San Diego pour se rendre à son travail. C’est un jeune homme célibataire sérieux, gentil, réservé, qui occupe un poste de Directeur Adjoint au sein d’une banque. Il est compatissant et n’hésite pas à faire un geste pour retarder les échéances de certains clients en difficulté.

Une routine qui va quelque peu changer avec une maladresse : un café renversé par Sherry, une jeune embauchée depuis quatre mois. Intriguée par son comportement renfermé, elle n’hésite pas à le questionner. Nous apprenons ainsi que Nate est atteint d’une maladie rare, la CIPA (insensibilité congénitale à la douleur avec anhidrose), ce qui le prive de toute sensation physique et l’oblige à prendre mille précautions pour éviter les blessures. Il ne peut pas manger d’aliments solides. Avec la patience et la spontanité de Sherry, il découvre les plaisirs simples d’un quotidien moins terne : un morceau de tarte, un sourire échangé, une discussion sincère. Elle, qui a connu une enfance difficile, trouve en lui un écho à sa propre solitude. Leur complicité grandit peu à peu.

Mais la quiétude de cette romance naissante est brutalement interrompue. Un matin, la banque est prise d’assaut par des braqueurs lourdement armés. L’assaut tourne au bain de sang, des policiers sont abattus, et Sherry est prise en otage. Nate, témoin impuissant de la scène, se retrouve face à un dilemme : attendre l’intervention des forces de l’ordre ou agir. Lui, l’homme prudent, celui qui évite tout risque, décide de prendre les choses en main et se lance dans une poursuite effrénée pour sauver celle qui a illuminé son existence.

Débute alors une métamorphose surprenante. Nate, si lent et réservé, devient audacieux, vindicatif. Rien ne l’arrête. Il vole une voiture, se sert d’une arme, affronte des hommes dangereux. Sans formation, sans expérience, il compense par son indifférence à la douleur. Plonger la main dans une friteuse bouillante, arracher une lame plantée dans sa jambe, se relever après un passage à tabac, il peut tout endurer, bien que son corps en subisse les ravages. Mais sa traque ne passe pas inaperçue, et la police commence à le considérer comme suspect dans le vol de la banque.

Jack Quaid incarne Nate avec une justesse remarquable. Son physique élançé, son air légèrement perdu, sa manière d’osciller entre maladresse et détermination font de lui un héros atypique, loin des figures classiques du cinéma d’action. Amber Midthunder apporte une énergie rafraîchissante à son personnage de Sherry, qui n’est pas qu’une demoiselle en détresse, mais une femme forte et combative. Leur duo fonctionne à merveille, apportant une humanité et une tendresse inattendues au récit.

Le film joue habilement sur les contrastes, entre humour noir et brutalité extrême. Certaines scènes sont aussi grotesques qu’ingénieuses, à l’image du moment où Nate doit feindre la douleur pour ne pas se faire démasquer. On rit, on grimace, et l’on est pris dans cette spirale d’événements qui ne cesse de monter en intensité. Les réalisateurs Dan Berk et Robert Olsen insufflent une énergie dynamique à cette course contre la montre, enchaînant les séquences d’action avec un sens du rythme impeccable.

Les effets spéciaux accentuent l’impact de chaque blessure, rendant certaines scènes à la limite du supportable. Les plus sensibles auront peut-être du mal à supporter certaines images. Par moment, l’humour vient alléger la tension, comme lorsque Nate fait appel à son ami virtuel Roscoe, un gamer qu’il n’avait jamais rencontré en vrai. Leur première rencontre détonne, Roscoe étant loin de l’image qu’il projetait en ligne, mais leur dynamique apporte une touche de fraîcheur bienvenue.

Si Novocaine séduit par son audace et son inventivité, il souffre de quelques longueurs dans son dernier acte. L’antagoniste principal, interprété par Ray Nicholson, manque de nuances et bascule parfois dans la caricature. Certains rebondissements, notamment une révélation tardive concernant Sherry, semblent artificiels, comme s’ils avaient été ajoutés pour maintenir un suspense superflu. Pourtant, le film parvient à rester captivant jusqu’au bout, porté par l’énergie de ses acteurs et la singularité de son concept.

Novocaine est un film qui surprend, qui bouscule les conventions du cinéma d’action tout en restant accessible et divertissant. Il y a quelque chose de touchant dans l’évolution de Nate, cette manière dont il passe d’un état de passivité à une affirmation de soi totale. Une histoire de renaissance, servie avec une bonne dose d’hémoglobine et une pincée de dérision.

Novocaine
Réalisé par Dan Berk, Robert Olsen
Écrit par Lars Jacobson
Produit par Joby Harold, Tory Tunnell, Drew Simon, Julian Rosenberg
Avec Jack Quaid, Amber Midthunder, Ray Nicholson, Jacob Batalon, Betty Gabriel, Matt Walsh
Directeur de la photographie : Jacques Jouffret
Monté par Christian Wagner
Musique de Lorne Balfe, Andrew Kawczynski
Sociétés de production : Infrared Pictures, Safehouse Pictures, Circle of Confusion
Distribué par Paramount Pictures
Date de sortie : 14 mars 2025 (États-Unis), 26 mars 2025 (France)
Durée : 110 minutes

Vu le 14 mars 2025 au Pathé Beaugrenelle, salle Dolby Cinéma

Note de Cookie:

Critique de Mulder

La frontière entre la douleur et le plaisir est ténue, et le film Novocaine la traverse allègrement avec la précision d'un combattant qui ne se rend même pas compte qu'il a été mis K.O. C'est un film qui tent à la perfection qui reprend la formule d'action éculée et lui injecte une dose d'absurdité, osant se demander : et si notre héros ne pouvait pas ressentir la douleur ? À première vue, cela peut sembler être une simple idée, mais entre les mains des réalisateurs surdoués Dan Berk et Robert Olsen, Novocaine devient un tour de montagnes russes exaltant, inoubliable et sanglant qui équilibre la brutalité avec des fous rires, tout en mettant en valeur le potentiel indéniable de Jack Quaid en tant que comédien principal et quel comédien.

Au cœur du film se trouve Nathan Caine (Jack Quaid), un directeur de banque adjoint atteint d'insensibilité congénitale à la douleur et d'anhidrose (CIPA), une maladie génétique rare qui le rend incapable de ressentir la douleur physique. On pourrait penser que cela pourrait faire de lui une sorte de super-héros invincible, mais Novocaine s'éloigne intelligemment de cette hypothèse. Nathan n'est pas un dur à cuire. C'est un solitaire maladroit et peu enclin à prendre des risques qui a passé sa vie à éviter tout ce qui pourrait lui faire du mal, précisément parce qu'il ne peut pas détecter les signes avant-coureurs d'une blessure. Son appartement est une forteresse de sécurité, chaque arête vive étant recouverte de balles de tennis, et son régime alimentaire se composant uniquement de plats mixés pour éviter de se mordre accidentellement la langue. Il est prudent au point de s'enfermer dans sa coquille.

Entrée de scène de Sherry (Amber Midthunder), la nouvelle caissière de banque, aussi sûre d'elle que Nathan est timide. Après un incident de café renversé (qui devrait être une rencontre amoureuse, mais qui est plutôt un rappel bizarrement amusant de l'état de Nathan), elle tente sa chance avec lui en l'invitant à déjeuner. Et puis, dans la tournure la plus inattendue des événements, elle lui fait goûter sa première part de tarte. Voir Nathan goûter pour la première fois au simple plaisir de la nourriture solide est étrangement émouvant - cela lui rappelle tous les petits plaisirs qu'il s'est refusés par peur. Dans un autre film, ce serait le début d'une comédie romantique décalée. Mais Novocaine a en tête un autre type d'histoire d'amour : celle entre un homme et sa transformation inévitable et brutale.

Le lendemain, ce bonheur retrouvé est anéanti lorsque la banque est cambriolée par un trio de criminels impitoyables. Les choses vont de mal en pis lorsque Sherry est prise en otage et que Nathan est soudainement contraint de sortir de sa zone de confort, en volant une voiture de police et en se lançant dans une course-poursuite à toute vitesse sans aucun plan. C'est là que Novocaine trouve vraiment son rythme, passant d'une romance doucement maladroite à un film d'action à plein régime avec un sens de l'humour pervers. Le film devient de plus en plus jubilatoire dans son déroulement implacable.

Jack Quaid est tout simplement phénoménal dans ce rôle. Il incarne Nathan avec un mélange attachant d'anxiété et de détermination, ce qui en fait un héros d'action improbable, constamment surpris par sa propre capacité à endurer des blessures inimaginables. Son insensibilité à la douleur ne fait pas de lui un surhomme, cela signifie simplement qu'il ne cesse de se relever, quel que soit le nombre d'os qu'il se casse ou de balles qu'il reçoit. L'un des meilleurs gags du film est de voir Nathan réagir avec une légère contrariété plutôt qu'avec une agonie alors qu'il subit des blessures qui mettraient sur la touche même les stars d'action les plus endurcies. Le film s'appuie fortement sur l'horreur corporelle, forçant le public à grimacer et à rire dans la même mesure alors que Nathan se débarrasse de mains frites, de blessures par balle et d'opérations chirurgicales impromptues réalisées avec des outils ménagers.

Novocaine exploite de manière hilarante et macabre l'état de son protagoniste, ce qui donne lieu à certaines des scènes de combat les plus créatives de ces dernières années au cinéma (oubliez le film Nobody, Novocaine s’impose comme modèle du genre). On retiendra en particulier une bagarre de cuisine où Nathan plonge sa main dans une cuve d'huile bouillante pour récupérer une arme, complètement imperturbable tandis que son adversaire recule d'horreur. Un autre moment fort est celui où il utilise des éclats de verre incrustés dans ses jointures comme des poings américains de fortune. C'est glorieusement absurde, et les réalisateurs savent exactement comment cadrer ces moments pour un impact maximal.

Certes Novocaine n'est pas parfait. Le film a parfois du mal avec les changements de ton, en particulier pendant la séquence du braquage de banque, qui est étonnamment sombre et discordante par rapport au reste du joyeux chaos du film. Les méchants, menés par un Ray Nicholson narquois, sont un peu trop monotones, se délectant de leur sadisme sans grande profondeur. Et bien que Amber Midthunder soit excellente dans le rôle de Sherry, le film la met sur la touche trop longtemps après qu'elle a été prise en otage, manquant ainsi l'occasion de lui donner plus de poids dans l'action.

Pourtant, malgré ces très petits faux pas, Novocaine est un véritable régal. Il part d'un concept original et le développe à toute vitesse, embrassant son propre absurde tout en offrant une action vraiment palpitante et une comédie mordante. Quaid se révèle être un acteur principal magnétique, portant sans effort le film grâce à son mélange de charme, de timing comique et d'engagement physique total dans le rôle. Ce n'est pas seulement un film sur un gars qui ne ressent pas la douleur, c'est un film sur le courage de vivre, même quand le monde ne cesse de vous écraser. Et parfois, ce courage ressemble à un directeur de banque dégingandé couvert de sang, souriant malgré son visage plein de bleus, déterminé à se relever une fois de plus.

Avec son mélange d'action cinétique, d'humour déchirant et d'une dose inattendue de cœur, Novocaine nous rappelle pourquoi nous aimons tant les films d'action. C'est le bordel, c'est chaotique et ça fait un mal de chien, mais dans le meilleur sens du terme. Alors attachez vos ceintures, tenez-vous bien et préparez-vous à grimacer et à rire dans la même mesure. Ne vous attendez pas à être engourdi après.C’est notre très gros coup de cœur de l’année et on a hâte de le revoir au cinéma.

Novocaine
Réalisé par Dan Berk, Robert Olsen
Écrit par Lars Jacobson
Produit par Joby Harold, Tory Tunnell, Drew Simon, Julian Rosenberg
Avec Jack Quaid, Amber Midthunder, Ray Nicholson, Jacob Batalon, Betty Gabriel, Matt Walsh
Directeur de la photographie : Jacques Jouffret
Monté par Christian Wagner
Musique de Lorne Balfe, Andrew Kawczynski
Sociétés de production : Infrared Pictures, Safehouse Pictures, Circle of Confusion
Distribué par Paramount Pictures
Date de sortie : 14 mars 2025 (États-Unis), 26 mars 2025 (France)
Durée : 110 minutes

Vu le 24 mars 2025 au Gaumont Disney Village, Salle 9 place A19

Note de Mulder: