The Electric State

The Electric State
Titre original:The Electric State
Réalisateur:Anthony Russo, Joe Russo
Sortie:Netflix
Durée:128 minutes
Date:14 mars 2025
Note:
Une adolescente réalise que son nouvel ami robot, doux mais étrange, lui a en fait été envoyé par son frère disparu. Elle et le robot partent à la recherche du garçon, découvrant ainsi une vaste conspiration...

Critique de Mulder

A mes parents qui m’ont transmis leur passion pour le cinéma

Il y a des films qui éblouissent par leurs effets, des films qui vous captivent par leur histoire, et puis il y a des films comme The Electric State, un film qui, contre toute attente, parvient à faire les deux tout en insufflant un noyau émotionnel qui persiste longtemps après le générique. C'est assurément le genre de film de science-fiction qui nous rappelle pourquoi nous aimons aller au cinéma : pour être transportés, émus et émerveillés par l'audace d'un monde rendu vivant par une narration visionnaire. On regrettera juste de ne pas avoir pu le découvrir sur un écran IMAX dans notre cinéma préféré.

Dès les premières images de The Electric State, on est immédiatement émerveillé. Le décor alternatif des années 1990, où des robots doués de conscience vivaient autrefois parmi les humains avant qu'une guerre dévastatrice ne les relègue en exil, est plus qu'une simple toile de fond : c'est un personnage à part entière. Le monde est tactile, habité et empreint d'un charme rétro-futuriste. Chaque plan regorge de petits détails qui invitent le public à explorer, qu'il s'agisse des panneaux publicitaires au néon abandonnés qui scintillent le long d'une autoroute désolée ou des restes rouillés de machines de guerre laissées à l'abandon dans le désert. C'est la preuve que la conception de la production et la construction d'un monde peuvent rehausser un récit, en créant un lieu aussi immersif que visuellement saisissant.

Au cœur de ce film se trouve Michelle, interprétée parfaitement par Millie Bobby Brown (Stranger Things), une adolescente rebelle et coriace qui refuse de se conformer à l'évasion anesthésiante du Neurocaster, un casque de réalité virtuelle qui a effectivement transformé la majeure partie de la population en spectateurs passifs de leur propre vie. Millie Bobby Brown, livre ce qui pourrait être sa performance la plus nuancée à ce jour. Michelle est complexe, émotionnellement à vif mais farouchement indépendante, portant le poids du chagrin de la perte de son frère tout en naviguant dans un monde qui a perdu son chemin. Lorsque Cosmo, un robot bagarreur aux allures de dessin animé, apparaît et prétend être contrôlé par son frère présumé mort depuis longtemps, l'aventure commence vraiment. C'est un scénario riche en enjeux émotionnels, et Millie Bobby Brown s'assure que le voyage de Michelle ne ressemble jamais à un simple dispositif scénaristique, mais plutôt à une quête profondément personnelle de connexion dans un monde qui a oublié comment vivre vraiment.

Chris Pratt interprète le personnage Keats, un contrebandier au cœur d'or réticent. C'est un rôle qui rappellera à certains spectateurs son personnage des Gardiens de la Galaxie, mais Chris Pratt apporte une énergie plus discrète et plus blasée qui donne à Keats un caractère distinct. Il n'est pas le voyou espiègle et insouciant : son cynisme a du poids, ses moindres gestes trahissent l'épuisement, ce qui rend son investissement émotionnel dans le voyage de Michelle d'autant plus convaincant. Ses plaisanteries avec Herman, le robot facétieux et métamorphe d'Anthony Mackie, insufflent au film humour et chaleur, offrant un contrepoids bien nécessaire aux nuances plus sombres du récit.

Le film s'épanouit grâce à ses seconds rôles, chaque personnage ajoutant de la richesse à l'univers. Ethan Skate, interprété par Stanley Tucci, est un méchant qui défie les attentes : ce n'est pas un antagoniste hargneux qui fait tournoyer sa moustache, mais un homme qui croit sincèrement sauver l'humanité, même si ses actions suggèrent le contraire. Giancarlo Esposito, dans le rôle de l'implacable colonel Bradbury, prouve une fois de plus pourquoi il est l'un des meilleurs acteurs de composition du moment, imprégnant ses scènes d'une menace silencieuse et d'une efficacité impitoyable. Puis il y a M. Peanut, interprété par Woody Harrelson, l'ancienne mascotte d'entreprise devenue chef révolutionnaire, un choix bizarre mais inspiré qui fonctionne d'une manière ou d'une autre, ajoutant une couche d'absurdité inattendue qui rend le monde encore plus unique.

Visuellement, The Electric State est une réussite indéniable. Les frères Russo, en collaboration avec le directeur de la photographie Stephen F. Windon, ont réalisé un film à la fois grandiose par son ampleur et intime dans son exécution. Contrairement aux palettes de couleurs sombres et délavées qui caractérisent de nombreux blockbusters modernes, ce film est baigné de teintes dorées et de paysages ensoleillés, ce qui donne à chaque séquence un éclat vibrant. L'action est cinétique mais cohérente, ne tombant jamais dans le piège de l'excès de CGI. La bataille décisive au siège imposant de Seattle de Skate est un spectacle grandiose qui rappellera à certains celui du film de Steven Spielberg Ready Player One : des robots qui se battent pour leur liberté, un dernier combat désespéré et une récompense émotionnelle qui résonne au-delà des simples explosions et du spectacle.

La bande originale d'Alan Silvestri est un retour nostalgique aux films d'aventure des années 80 et 90, évoquant l'esprit de Retour vers le futur tout en se forgeant sa propre identité. La musique, qui passe de Yoshimi Battles the Pink Robots des Flaming Lips à une interprétation au piano de Wonderwall réinventée de manière envoûtante, est à la fois un clin d'œil ludique au public et un moyen très efficace de créer l'ambiance. C'est un film qui comprend le pouvoir de la musique, non pas comme un bruit de fond, mais comme un élément essentiel du processus de narration.

Pourtant, ce qui distingue vraiment The Electric State, c'est son cœur. Sous le spectacle, sous les séquences de poursuite palpitantes et les révolutions de robots, se cache une histoire de famille, sur les liens indestructibles qui nous unissent, même face à des obstacles insurmontables. Les derniers instants du film sont un coup de poing dans le ventre, un mélange parfait d'espoir et de chagrin qui persiste longtemps après que l'écran soit devenu noir. Peu de films osent viser une véritable catharsis émotionnelle au milieu d'une aventure de science-fiction à haute teneur en adrénaline, et encore moins réussissent aussi bien que celui-ci.

Netflix a eu du mal à trouver une franchise à succès qui trouve un véritable écho auprès du public, mais The Electric State pourrait bien être la réponse. Il est audacieux, ambitieux et profondément humain. Dans un paysage cinématographique de plus en plus dominé par des choix sûrs et guidés par des algorithmes, ce film ose être différent, être étrange, être sentimental, être résolument original. C'est un rappel de ce que les films peuvent être lorsqu'ils visent plus que le simple spectacle, lorsqu'ils cherchent à raconter une histoire qui compte.

Ce film réussit à capturer la magie des meilleures épopées de science-fiction tout en se forgeant sa propre identité. C'est à la fois une lettre d'amour aux films d'aventure du passé et une nouvelle entrée palpitante dans le genre qui mérite d'être rappelée. The Electric State est l'un de ces rares films qui parvient à allier cœur, humour et sensations fortes avec une telle aisance. C'est une expérience qui nous rappelle pourquoi nous sommes tombés amoureux du cinéma, le pouvoir qu'ont les histoires de nous transporter, de nous inspirer et de nous faire sentir connectés même dans les moments les plus déconnectés.

The Electric State
Réalisé par Anthony Russo, Joe Russo
Scénario de Christopher Markus, Stephen McFeely
D'après The Electric State de Simon Stålenhag
Produit par Russell Ackerman, Chris Castaldi, Mike Larocca, Patrick Newall, Anthony Russo, Joe Russo
Avec Millie Bobby Brown, Chris Pratt, Ke Huy Quan, Jason Alexander, Woody Harrelson, Anthony Mackie, Brian Cox, Jenny Slate, Giancarlo Esposito, Stanley Tucci
Directeur de la photographie : Stephen F. Windon
Montage : Jeffrey Ford
Musique : Alan Silvestri
Sociétés de production : AGBO, Skybound Entertainment
Distribué par Netflix
Dates de sortie : 24 février 2025 (Grauman's Egyptian Theatre), 14 mars 2025 (États-Unis)
Durée : 128 minutes

Vu le 3 mars 2025 (screener presse)

Note de Mulder: