Titre original: | Companion |
Réalisateur: | Drew Hancock |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 97 minutes |
Date: | 29 janvier 2025 |
Note: |
Dès la première image du film Companion, il est clair que le scénariste et réalisateur Drew Hancock est là pour jouer avec les spectateurs. Le film se présente comme une comédie romantique familière : une rencontre dans une épicerie, un couple qui part en week-end, et les tensions sous-jacentes liées à l'intégration dans un nouveau groupe social. Mais avant que l'on puisse s'installer dans cette atmosphère chaleureuse, le film prend un virage à gauche et nous plonge dans une histoire de tromperie, de contrôle et, en fin de compte, de survie. Companion ne se résume pas à ses surprises - bien qu'elles soient nombreuses - mais à la façon dont ces surprises recadrent ce que nous pensons savoir sur les relations, la technologie et l'agence. Assurément le film s’impose comme l’un de
Au centre de ce puzzle chaotique se trouve Iris (Sophie Thatcher), une jeune femme brillante et apparemment optimiste qui adore son petit ami Josh (Jack Quaid). Alors qu'ils s'embarquent pour un week-end avec le groupe d'amis très soudés de Josh, Iris est impatiente de faire bonne impression. La maison où ils séjournent, qui appartient à Sergey (Rupert Friend), un millionnaire russe véreux, est un vaste manoir isolé au bord d'un lac, le genre d'endroit qui évoque les mauvaises décisions et les intentions cachées. Parmi les invités se trouvent Kat (Megan Suri), une amie proche de Josh qui semble détester Iris pour des raisons qui ne sont pas encore claires, et le couple Eli (Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage), dont la dynamique affectueuse contraste fortement avec la tension qui se développe autour d'eux.
Au début, Companion ressemble à un drame relationnel, empreint d'un malaise subtil. Il y a quelque chose qui cloche chez Iris, sans que l'on puisse mettre le doigt dessus. La façon dont elle se déplace, la façon dont elle semble si intensément fixée sur Josh, et la façon dont elle réagit à la tension sociale - tout cela est un peu trop précis, trop calculé. Les fissures commencent à se former lorsque Sergey, comme on s'y attendait, lui fait des avances. Le moment est profondément inconfortable, mais il sert aussi de déclencheur à la révélation centrale du film : Iris n'est pas humaine.
Cette révélation, que le marketing de Companion gâche malheureusement, n'est que le début du tour de passe-passe narratif le plus profond du film. Au moment où Josh explique calmement à Iris qu'elle est un compagnon artificiel, un robot spécialement conçu pour lui, le film bascule dans un genre entièrement nouveau - un techno-thriller sur le pouvoir, l'autonomie et la nature monstrueuse du contrôle déguisé en amour. Soudain, chaque petite interaction du premier acte est vue sous un jour nouveau. La maladresse d'Iris dans les situations sociales, la façon dont Kat réagit à sa présence, et même le comportement trop parfait de Josh, tout se met en place.
Le scénario de Drew Hancock explore intelligemment les thèmes de la misogynie et des droits, en positionnant Josh comme un gentil souriant et bien élevé, dont la toxicité est cachée sous des couches d'affection performative. Sa véritable nature se révèle non pas dans un soudain accès de méchanceté, mais dans la façon dont il parle d'Iris comme si elle était un appareil défectueux plutôt qu'une personne. Il la contrôle par le biais d'une application, ajustant son intelligence, sa voix et ses émotions comme on ajusterait une playlist. À un moment donné, lorsque les choses deviennent trop compliquées, il suggère nonchalamment de la réinitialiser, ce qui fait froid dans le dos. C'est la forme ultime de l'éclairage au gaz, où la victime ne peut littéralement pas se défendre parce qu'elle n'a pas été programmée pour le faire.
Le film passe en mode thriller de survie dès qu'Iris commence à se libérer de son conditionnement. Avec Josh et le groupe qui se démènent pour contenir la situation, Companion se transforme en un jeu du chat et de la souris, avec Iris naviguant dans un monde qu'elle ne comprend pas complètement mais qu'elle apprend rapidement à manipuler. Iris n'est pas une machine froide et insensible qui cherche à détruire, mais une femme qui se réveille et prend conscience que toute son existence n'a été qu'un mensonge. Il s'agit autant de se libérer d'une relation toxique que de la rébellion de l'IA, et Sophie Thatcher en vend chaque instant avec une performance qui passe de l'innocence aux yeux écarquillés à la détermination froide avec une fluidité remarquable.
Jack Quaid, quant à lui, continue d'incarner des personnages apparemment adorables mais qui cachent une part d'ombre. Son interprétation de Josh est d'une réalité troublante, le genre d'homme qui croit être une bonne personne alors même qu'il efface l'autonomie de la femme qu'il prétend aimer. Le reste de la distribution brille dans ses rôles secondaires, en particulier Guillén, dont les moments de soulagement comique aident à contrebalancer la tension croissante du film sans en compromettre les enjeux.
Ce qui distingue Companion, c'est la façon dont il parvient à équilibrer ses nombreux tons changeants. C'est à la fois un drame relationnel, un thriller psychologique, une horreur de science-fiction et une comédie noire. Hancock se révèle un maître du rythme, ne laissant jamais le film s'installer dans un mode trop longtemps avant de bouleverser les attentes. Les séquences d'action sont tendues et bien exécutées, le film faisant un excellent usage de son cadre - une scène de poursuite particulièrement éprouvante à travers les bois denses se démarque comme un point fort.
Sur le plan visuel, Companion est saisissant, le directeur de la photographie Eli Born créant un monde à la fois terre à terre et légèrement artificiel, ce qui convient parfaitement à une histoire où les limites entre la réalité et la fabrication sont floues. L'utilisation de palettes de couleurs vives, presque maladivement douces, dans les premières scènes, contraste magnifiquement avec les tons sombres et sinistres qui prennent le dessus une fois que la façade commence à s'effriter.
S'il y a un petit reproche à faire, c'est que le dernier acte s'appuie un peu trop sur ses éléments de science-fiction, perdant ainsi une partie du travail intime sur les personnages qui a rendu les deux premiers tiers du film si convaincants. Mais même lorsqu'il se transforme en véritable thriller d'action, Companion ne perd jamais de vue ses thèmes principaux. Les derniers instants du film sont à la fois satisfaisants et glaçants, rappelant que, malgré tous les pièges du genre, il s'agit en fin de compte d'une histoire sur le contrôle - qui l'a, qui le perd, et ce qui se passe quand quelqu'un se bat pour le reprendre.
Dans un paysage rempli de films d'horreur axés sur l'IA, Companion se distingue non seulement par ses rebondissements, mais aussi par la façon dont il les encadre. C'est une histoire sur le pouvoir déguisé en amour, sur la libération des rôles dans lesquels nous avons été programmés. C'est un film drôle, violent, troublant et étonnamment émouvant, qui reste dans les esprits longtemps après le générique. Drew Hancock est assurément un réalisateur et scénariste surdoué à suivre, et avec Companion, il a créé l'un des thrillers les plus captivants et les plus stimulants de ce début d’année.
Companion
Écrit et réalisé par Drew Hancock
Produit par Zach Cregger, Roy Lee, Raphael Margules, J. D. Lifshitz
Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillén, Rupert Friend
Directeur de la photographie : Eli Born
Montage : Brett W. Bachman, Josh Ethier
Musique : Hrishikesh Hirway
Sociétés de production : New Line Cinema, BoulderLight Pictures, Vertigo Entertainment, Subconscious
Distribué par Warner Bros. Pictures
Date de sortie : 29 janvier 2025 (France), 31 janvier 2025 (Etats-Unis)
Durée : 97 minutes
Vu le 29 janvier 2025 au Gaumont Disney Village, Salle Imax place E19
Note de Mulder: