Ad Vitam

Ad Vitam
Titre original:Ad Vitam
Réalisateur:Rodolphe Lauga
Sortie:Netflix
Durée:95 minutes
Date:10 janvier 2025
Note:
Après avoir échappé à une tentative de meurtre, Franck Lazarev doit retrouver sa femme Leo kidnappée par un mystérieux groupe d'hommes armés. Il est rattrapé par son passé et plongé dans une affaire d'Etat qui le dépasse.

Critique de Mulder

Le thriller d'action français Ad Vitam de Netflix, réalisé par Rodolphe Lauga et interprété notamment par Guillaume Canet, offre un mélange captivant, bien qu'inégal, de cascades palpitantes et de drame axé sur les personnages. Le film commence lorsque Franck Lazareff, un ancien agent d'élite du GIGN interprété par Guillaume Canet, se retrouve plongé dans une crise qui met sa vie en danger. Sa femme Léo, enceinte, est enlevée lors d'un cambriolage brutal, et Franck est accusé de meurtre. Cette séquence d'ouverture explosive donne immédiatement le ton, promettant une action et une tension émotionnelle incessantes. Cependant, au fur et à mesure que le récit se déroule, la structure du film, le rythme et la profondeur de la narration laissent à désirer, ce qui donne un film à la fois palpitant et étrangement inerte.

L'un des aspects les plus intrigants d'Ad Vitam est son ambitieuse structure non linéaire. L'histoire oscille entre le compte à rebours du présent pour sauver Léo et de longs flashbacks qui plongent dans le passé de Franck au sein du GIGN. Bien que cette approche vise à créer du suspense et à fournir les informations nécessaires, elle nuit réellement à la dynamique du film. Les séquences de flash-back, bien que riches en détails - les montages d'entraînement, les moments de cohésion de l'équipe et la romance naissante de Franck et Léo - sont si nombreuses qu'elles éclipsent l'urgence du présent. Lorsque le récit revient au présent, la tension accumulée dans les premières scènes s'est dissipée, et il est difficile de se réengager dans les enjeux.

La performance de Guillaume Canet dans le rôle de Franck est louable, mais elle manque réellement de la profondeur émotionnelle que l'on pourrait attendre d'un protagoniste confronté à une telle tourmente personnelle et professionnelle. Guillaume Canet, qui a également coécrit le scénario, excelle dans les aspects physiques de son rôle : escalade d'immeubles, combats intenses au corps à corps et poursuites à grande vitesse. Ces scènes d'action sont exécutées avec un réalisme impressionnant, en partie grâce à la préparation rigoureuse de Guillaume Canet et à l'engagement du film à présenter des cascades pratiques. Cependant, le stoïcisme de Franck, bien qu'il convienne à un ancien officier des forces spéciales endurci, laisse peu de place aux spectateurs pour se connecter à son sort à un niveau plus profond. Ses motivations sont claires - protéger sa famille et laver son nom - mais l'absence de troubles émotionnels visibles diminue l'impact de son voyage.

Stéphane Caillard, qui incarne Léo, offre une performance remarquable. Contrairement à de nombreuses demoiselles de films d'action, Léo est présentée comme un personnage capable et résistant, grâce à sa propre formation au GIGN. Les scènes où elle se bat lors de l'invasion de son domicile sont particulièrement convaincantes, ajoutant une couche de crédibilité à son personnage. Cependant, malgré sa détermination initiale, Léo passe la majeure partie de la seconde moitié du film en tant qu'otage passive, ce qui donne l'impression d'une occasion manquée de développer davantage son rôle. L'alchimie entre Stéphane Caillard et Guillaume Canet est palpable, en particulier dans les séquences de flash-back qui décrivent leur romance et leur vie commune au sein de l'unité d'élite de la police. Ces moments, bien que charmants, contribuent aux problèmes de rythme du film en détournant l'attention du conflit central.

Les acteurs secondaires, dont Nassim Lyes, Zita Hanrot et Alexis Manenti, apportent de la profondeur à l'univers d'Ad Vitam, dépeignant les anciens camarades de Franck avec authenticité et chaleur. Leur camaraderie est évidente dans les flashbacks, créant le sentiment d'une fraternité soudée qui souligne la tragédie de la situation actuelle de Franck. Johan Heldenbergh interprète l'antagoniste de manière menaçante, bien que les motivations de son personnage restent frustrantes et vagues. Le film fait allusion à une conspiration plus large impliquant la corruption au sein du GIGN et d'autres agences gouvernementales, mais il n'explore jamais complètement ces thèmes, laissant les spectateurs avec plus de questions que de réponses.

Visuellement, Ad Vitam est une réussite indéniable. La direction photographie de Vincent Mathias capture la beauté grinçante de Paris et de ses environs, des rues étroites de la ville aux toits étendus. Les séquences d'action sont bien chorégraphiées et filmées avec une conscience spatiale claire, ce qui permet aux spectateurs d'apprécier pleinement les cascades et les décors. Une séquence particulièrement mémorable implique Franck descendant en rappel le long du Sacré-Cœur, une cascade qui donne le vertige et qui illustre l'engagement du film envers les effets pratiques et les lieux réels.

Malgré ses points forts, Ad Vitam n'est pas exempt de défauts. Le scénario, coécrit par Lauga, Canet et David Corona, peine à trouver l'équilibre entre les scènes d'action et la narration axée sur les personnages. Le résultat est un film qui semble décousu, avec de longs passages d'exposition qui interrompent le flux de l'action. De plus, bien que les 95 minutes du film soient relativement rapides, le rythme irrégulier donne l'impression que le film est plus long qu'il ne l'est. Au moment de l'épreuve de force, l'excitation initiale est retombée, et la résolution semble plus obligatoire que satisfaisante.

Ad Vitam tente de combiner les sensations fortes des superproductions hollywoodiennes avec la résonance émotionnelle du cinéma européen. D'une certaine manière, il y parvient. Le film offre suffisamment de sensations viscérales pour divertir les amateurs d'action, et son exploration de thèmes tels que la loyauté, l'amour et la trahison ajoute une couche de complexité qui manque souvent aux films de genre. Cependant, son rythme inégal, ses personnages sous-développés et sa structure narrative alambiquée l'empêchent d'atteindre son plein potentiel.

Ad Vitam est une entrée solide, bien qu'imparfaite, dans le genre du thriller d'action. Il met en valeur la polyvalence de Guillaume Canet en tant qu'acteur et cinéaste, et offre suffisamment de moments d'adrénaline pour satisfaire les spectateurs occasionnels. Cependant, pour ceux qui recherchent une expérience plus cohérente et émotionnelle, le film risque de ne pas être à la hauteur. Le titre du film, qui signifie Pour la vie, évoque les liens et les idéaux durables qui animent les personnages. Malheureusement, bien que ces thèmes soient présents, ils ne sont pas pleinement réalisés, laissant Ad Vitam comme un film qui divertit dans l'instant mais qui s'efface de la mémoire peu après le générique.

Ad vitam
Réalisé par Rodolphe Lauga
Produit par Guillaume Canet, Jean Cottin
Écrit par Rodolphe Lauga, Guillaume Canet
Avec Guillaume Canet, Stéphane Caillard, Nassim Lyes, Zita Hanrot, Alexis Manenti, Johan Heldenbergh, Etienne Guillou-Kervern, Jamel Blissat, Maurice Chan, Schmitt Charly, Laurent Merillon
Musique : Amine Bouhafa
Directeur de la photographie : Vincent Mathias
Montage : Yann Malcor, Marion Monnier
Sociétés de production : Les Films du Cap
Distribué par Netflix (France, Etats-Unis)
Date de sortie : 10 janvier 2025 (France, Etats-Unis)
Durée : 95 minutes

Vu le 10 janvier 2025 sur Netflix

Note de Mulder: