Titre original: | Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl |
Réalisateur: | Nick Park, Merlin Crossingham |
Sortie: | Netflix |
Durée: | 79 minutes |
Date: | 02 janvier 2025 |
Note: |
Le retour de Wallace et Gromit dans le film d’animation La palme de la vengeance est une réussite totale. Réalisé par Nick Park et Merlin Crossingham, ce long métrage d'aventure marque une continuation remarquable de l'héritage bien-aimé d'Aardman Animations, en ramenant le charmant duo de Wallace, l'inventeur excentrique, et Gromit, son fidèle et infiniment débrouillard beagle. Près de vingt ans après leur dernier long métrage, ce film réussit à revitaliser la franchise tout en tissant un récit d'une grande résonance qui explore l'impact de la technologie sur les relations humaines, le travail et la créativité.
Le film Wallace et Gromit : La palme de la vengeance se veut être une suite réfléchie et complexe du chef-d'œuvre de 1993 The Wrong Trousers, qui réintroduit Feathers McGraw, le pingouin antagoniste silencieux et sinistre qui s'est imposé comme l'un des méchants les plus mémorables du cinéma d'animation. Feathers, qui prépare sa vengeance depuis un zoo transformé en prison, saisit l'occasion de transformer la dernière invention de Wallace, le Norbot, en une arme de chaos massif. Ce qui commence comme une charmante histoire de mésaventure domestique se transforme rapidement en un casse de grande envergure impliquant une armée de gnomes robotiques malveillants, un vol de bijoux et une série de confrontations délicieusement absurdes entre le passé et le futur.
Le récit du film est un mélange harmonieux d'humour, d'action et d'émotion sincère. La création par Wallace du Norbot - un gnome intelligent conçu pour simplifier les tâches de jardinage - est un dispositif narratif brillant qui évoque les angoisses contemporaines liées à l'intelligence artificielle et à l'automatisation. Le Norbot, avec son attitude joyeuse et troublante et son efficacité implacable, devient un symbole de la déconnexion qui peut survenir lorsque la recherche de commodité de l'humanité l'emporte sur la valeur de l'effort authentique. Gromit, toujours sceptique et silencieusement sage face à la naïveté de Wallace, incarne le malaise du public lorsqu'il voit son jardin soigneusement entretenu se transformer en une exposition stérile et symétrique, dépourvue des imperfections de la vie.
La relation entre Wallace et Gromit reste la pierre angulaire émotionnelle du film, et elle est explorée ici avec profondeur et nuance. La confiance bien intentionnée mais inconsciente de Wallace dans ses inventions contraste avec le désir tranquille de Gromit d'être reconnu et d'avoir une véritable compagnie. Cette tension est exacerbée lorsque la préoccupation de Wallace pour Norbot et les éloges qu'il reçoit de leurs voisins commencent à éroder leur lien. Cependant, au fil de l'histoire, l'affection mutuelle et la résilience du couple transparaissent, pour aboutir à une réaffirmation réconfortante de leur partenariat. Ce noyau émotionnel est habilement entremêlé de moments de comédie, de suspense et d'action, ce qui permet au film de plaire à un public de tous âges.
Visuellement, Wallace et Gromit : La palme de la vengeance est une totale réussite. Le style de stop-motion propre à Aardman Animations est parfaitement mis en valeur, chaque image étant méticuleusement conçue pour mettre en valeur la beauté tactile de l'animation en pâte à modeler. L'attention portée aux détails est extraordinaire, des empreintes digitales visibles sur les surfaces des personnages aux décors complexes qui allient le charme pittoresque de la Grande-Bretagne à l'absurdité de l'imagination. L'utilisation d'images de synthèse subtiles, telles que les effets d'eau réalistes lors de la course-poursuite sur le canal, ajoute de la profondeur et du dynamisme aux images sans pour autant éclipser l'esthétique artisanale qui définit la franchise. Chaque élément, de l'éclairage à l'animation des personnages, contribue à l'atmosphère riche et immersive du film.
L'une des caractéristiques les plus remarquables du film est son humour, qui est toujours aussi vif et varié. Le scénario, coécrit par Nick Park et Mark Burton, regorge de jeux de mots astucieux, de gags visuels et de références culturelles qui s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes. Parmi les moments forts, citons la lecture ironique de Virginia Woof et John Stilton par Gromit à l'heure du coucher, ainsi que la transformation hilarante et inquiétante de Norbot, qui passe du statut de compagnon utile à celui de force maléfique sous le contrôle de Feathers McGraw. Ces moments de légèreté sont contrebalancés par les séquences plus dramatiques et pleines de suspense du film, qui évoquent l'esprit des films d'espionnage et de casse classiques tout en conservant le charme unique d'Aardman.
Feathers McGraw est un méchant pour l'éternité, et son retour dans Wallace et Gromit : La palme de la vengeance n'est rien de moins qu'emblématique. Malgré son absence de dialogue, Feathers attire l'attention par son expression impénétrable, son regard perçant et ses plans méticuleusement calculés. Sa présence élève les enjeux du récit, créant un antagoniste convaincant dont la menace silencieuse contraste brillamment avec l'optimisme maladroit de Wallace et le pragmatisme déterminé de Gromit. Les scènes mettant en scène Feathers sont parfaitement exécutées, mêlant tension et comédie pour créer des moments aussi mémorables que divertissants.
Les personnages secondaires, tels que l'inspecteur en chef Albert Mackintosh (interprété par Peter Kay) et le sincère PC Mukherjee (Lauren Patel), ajoutent de la profondeur et de l'humour à l'histoire, fournissant un contrepoint vivant à l'action centrale. Ces personnages, ainsi que l'ensemble dynamique des habitants de la ville, contribuent à la riche tapisserie de personnalités et de points de vue du film. Le dialogue est plein d'esprit et engageant, capturant les idiosyncrasies de l'humour britannique tout en restant accessible à un public international.
Sur le plan thématique, le film est une exploration poignante de l'intersection entre la tradition et l'innovation. Il célèbre la valeur de l'effort humain (et canin), la beauté de l'imperfection et l'importance durable des relations authentiques dans un monde de plus en plus automatisé. Le parcours de Wallace, qui reconnaît les limites de ses créations technologiques, sert de métaphore aux défis auxquels est confrontée la société dans son ensemble, rappelant avec espoir que le progrès et l'humanité ne s'excluent pas nécessairement l'un l'autre.
Wallace et Gromit : La palme de la vengeance est sans contexte un triomphe de la narration, de l'artisanat et du cœur. Il capture l'essence de ce qui rend la franchise si appréciée tout en offrant une perspective nouvelle et pertinente qui résonne dans le monde d'aujourd'hui. Que vous soyez un fan de longue date ou un nouveau venu dans la série, ce film est à voir absolument - une bonne aventure qui réaffirme l'attrait intemporel de Wallace et Gromit. Alors que le générique défile, on ne peut s'empêcher d'espérer qu'il ne faudra pas attendre une autre décennie avant de découvrir le prochain chapitre de leur extraordinaire voyage. Pour l'instant, nous pouvons nous délecter de la joie pure et du talent artistique d'un film qui nous rappelle pourquoi ces personnages restent des icônes durables de l'animation.
Wallace et Gromit : La palme de la vengeance (Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl)
Réalisé par Nick Park, Merlin Crossingham
Écrit par Mark Burton
Histoire de Nick Park, Mark Burton
D'après Wallace & Gromit de Nick Park
Produit par Richard Beek
Avec Ben Whitehead, Peter Kay, Lauren Patel, Reece Shearsmith
Musique : Lorne Balfe (partition), Julian Nott (thèmes)
Société de production : Aardman Animations
Distribué par BBC (Royaume-Uni), Netflix (monde entier)
Dates de sortie : 27 octobre 2024 (AFI), 25 décembre 2024 (BBC), 3 janvier 2025 (Netflix)
Durée : 79 minutes
Vu le 24 décembre 2024 (screener Netflix)
Note de Mulder: