Titre original: | The Rule of Jenny Pen |
Réalisateur: | James Ashcroft |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 103 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
The Rule of Jenny Pen de James Ashcroft est une exploration implacable de l'horreur et de la vulnérabilité du vieillissement, dans le cadre sinistre d'un établissement de soins néo-zélandais. Avec un scénario coécrit par James Ashcroft et Eli Kent, basé sur la nouvelle d'Owen Marshall, le film fusionne l'horreur psychologique et l'humour noir pour livrer un commentaire sombre mais convaincant sur la dynamique du pouvoir, la maltraitance des personnes âgées et les réalités inéluctables du déclin physique et mental. Bien que le film ait ses défauts, sa profondeur thématique et les performances exceptionnelles de Geoffrey Rush et John Lithgow en font un ajout important, bien que polarisant, au genre de l'horreur.
L'histoire tourne autour du juge Stefan Mortensen, interprété par Geoffrey Rush, qui est contraint de s'installer dans la maison de soins Royale Pine Mews après avoir subi une attaque cérébrale débilitante. L'interprétation de Stefan par Geoffrey Rush est complexe et profondément humaine ; il dégage un mélange d'arrogance, de vulnérabilité et de désespoir alors que sa présence autrefois dominante est érodée par son corps défaillant. Le physique de Rush, de sa démarche instable à ses troubles de l'élocution, donne de la crédibilité au déclin de son personnage, créant ainsi un protagoniste empathique. Cependant, son sort prend une tournure sinistre avec l'introduction de Dave Crealy, interprété avec une menace effrayante par John Lithgow. Dave, un autre pensionnaire, utilise une marionnette de poupée nommée Jenny Pen pour exercer son contrôle et terroriser l'établissement. La performance de John Lithgow dans le rôle de Dave est d'une efficacité déconcertante, mêlant charisme et malveillance pour créer un méchant dont la cruauté silencieuse est aussi troublante que son sadisme pur et dur.
La marionnette Jenny Pen devient un symbole de pouvoir et de manipulation incontrôlés, ses orbites vides et lumineuses lui conférant une aura malveillante. La présence grotesque de la marionnette renforce les éléments surréalistes du film, brouillant la frontière entre le tourment psychologique et l'horreur surnaturelle. Avec Dave et Jenny Pen, James Ashcroft explore la dynamique de l'intimidation, la violence entre personnes âgées servant d'allégorie horrifiante aux déséquilibres de pouvoir dans la société. Le cadre - une maison de soins où le personnel est indifférent et les résidents impuissants - amplifie la tension claustrophobique du film. L'isolement et l'impuissance de Stefan évoquent les peurs universelles de l'abandon et de la perte d'autonomie, ce qui rend sa lutte contre Dave non seulement physique mais aussi existentielle.
L'une des forces du film réside dans sa capacité à affronter les indignités du vieillissement sans réduire ses personnages âgés à de simples caricatures. James Ashcroft saisit les complexités du processus de vieillissement, de la fragilité physique au fardeau émotionnel de la dépendance, avec une honnêteté sans faille. Pourtant, cette authenticité rend le film difficile à regarder. La description de la maltraitance des personnes âgées est poignante, et l'absence de conséquences des actes de Dave accentue le sentiment de désespoir. Le public, comme Stefan, se demande pourquoi le personnel reste insensible à une cruauté aussi flagrante, un choix narratif qui souligne la négligence systémique à laquelle sont souvent confrontées les personnes âgées.
Si The Rule of Jenny Pen excelle par ses performances et sa résonance thématique, il pêche par son rythme et sa cohésion narrative. La durée de 109 minutes du film semble étirée, avec des scènes répétitives qui diluent l'impact du conflit central. L'acte final, bien qu'intense, n'a pas la résolution qui avait été promise par la construction du film. Au lieu de cela, la conclusion semble s'éterniser, ce qui diminue l'impact émotionnel global. Les critiques ont également souligné des incohérences dans le ton du film, avec son mélange d'horreur surréaliste et de drame réaliste qui s'entrechoquent parfois au lieu de se compléter.
Malgré ces défauts, The Rule of Jenny Pen reste un film saisissant sur le plan visuel et sonore. La conception sonore déformée et la cinématographie décalée plongent le public dans la perspective désorientée de Stefan, tandis que l'éclairage sinistre confère à Jenny Pen une présence presque surnaturelle. L'art technique renforce l'atmosphère troublante du film, garantissant que les moments les plus dérangeants persistent longtemps après le générique. Geoffrey Rush et John Lithgow livrent des performances qui définissent leur carrière et qui constituent le point d'ancrage du film. La transformation de Geoffrey Rush, qui passe d'un juge sûr de lui à un homme brisé et vulnérable, est déchirante, tandis que l'interprétation de Dave par John Lithgow est un chef-d'œuvre de chaos contrôlé. La dynamique entre ces deux acteurs élève le film, rendant leur combat psychologique et physique à la fois captivant et profondément inconfortable.
The Rule of Jenny Pen n'est pas un film facile à regarder, ni un film qui plaira à tout le monde. Sa noirceur implacable et son sujet inconfortable en font une expérience difficile, mais pour ceux qui sont prêts à s'engager dans ses thèmes, il offre une exploration du vieillissement, de la cruauté et de la résilience qui donne à réfléchir. James Ashcroft a conçu un film d'horreur qui va au-delà des frayeurs pour sonder les peurs les plus profondes qui accompagnent le vieillissement. Bien qu'il n'atteigne pas le même niveau de brillance que son œuvre précédente, Coming Home in the Dark, il s'agit d'une œuvre cinématographique audacieuse et troublante qui confirme qu'Ashcroft est un cinéaste qui n'a pas peur de s'attaquer à des sujets difficiles. The Rule of Jenny Pen témoigne du pouvoir de l'horreur en tant que vecteur de commentaire social, nous rappelant que parfois les monstres les plus effrayants ne sont pas surnaturels mais humains. Il pousse les spectateurs à affronter leur propre malaise face au vieillissement et à la vulnérabilité, ce qui en fait un film qui reste dans les esprits longtemps après la fermeture de l'écran.
The Rule of Jenny Pen
Réalisé par James Ashcroft
Produit par Catherine Fitzgerald, Orlando Stewart
Écrit par James Ashcroft, Eli Kent
Avec John Lithgow, Geoffrey Rush, Nathaniel Lees, Thomas Sainsbury, Ian Mune, Maaka Pohatu, Yvette Parsons, Holly Shanahan
Cinématographie : Matt Henley
Montage : Gretchen Peterson
Sociétés de production : Light in the Dark Productions
Distribué par IFC Films (Etats-Unis)
Date de sortie : 7 mars 2025 (États-Unis)
Durée : 103 minutes
Vu le 7 décembre 2024 au Max Linder Panorama
Note de Mulder: