Titre original: | Strange Darling |
Réalisateur: | JT Mollner |
Sortie: | Vod |
Durée: | 96 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Strange Darling réalisé par JT Mollner est un thriller psychologique labyrinthique qui allie une narration brute et provocante à l'esthétique raffinée de la cinématographie 35 mm. Willa Fitzgerald et Kyle Gallner mènent ce récit qui défie le genre avec des performances qui oscillent entre le profondément viscéral et l'intellectuellement troublant. La structure non linéaire du film et le chaos qui anime les personnages transcendent la thématique traditionnelle des tueurs en série, concevant ainsi un univers complexe de violence, de manipulation et d'exploration implacable de la fragilité humaine.
L'interprétation de The Lady par Willa Fitzgerald est une révélation, une performance déterminante dans sa carrière qui montre sa capacité à gérer les exigences émotionnelles et physiques d'un personnage qui subvertit constamment les attentes. Qu'elle badine avec séduction dans un bar ou qu'elle court dans la nature de l'Oregon en blouse cramoisie, Willa Fitzgerald domine l'écran avec une intensité magnétique. Son partenaire, Kyle Gallner, confère à The Demon une dualité inquiétante, à la fois menaçante et inexplicablement humaine. La performance de Kyle Gallner, qui oscille entre une vulnérabilité charmante et une agression terrifiante, fournit un contrepoint convaincant à la résilience énigmatique de Fitzgerald.
Le scénario de JT Mollner se nourrit de l'imprévisibilité de sa chronologie fracturée. Divisé en six chapitres non séquentiels, le film manipule les hypothèses du public avec précision. L'histoire s'ouvre plongeant les spectateurs dans une poursuite chaotique avant de revenir en arrière pour révéler les couches de tromperie et de brutalité qui sous-tendent le récit. Cette approche non linéaire permet non seulement de maintenir le suspense, mais aussi d'approfondir la résonance thématique du film, en obligeant les spectateurs à confronter leurs préjugés et leurs attentes en matière de victimisation, de culpabilité et de dynamique du pouvoir.
La photographie de Giovanni Ribisi est une réussite indéniable, car elle saisit le contraste saisissant entre la beauté bucolique des forêts de l'Oregon et la brutalité macabre de l'histoire. Entièrement tourné en 35 mm, le langage visuel évoque les sensibilités esthétiques du cinéma d'exploitation des années 1970 tout en conférant au film une qualité moderne, presque onirique. Qu'il s'agisse des teintes saturées d'une chambre de motel éclairée au néon ou de la clarté austère d'un champ éclairé par le soleil, le travail de Giovanni Ribisi est à la fois immersif et troublant, amplifiant la tension à chaque instant.
Les acteurs secondaires, dont Barbara Hershey et Ed Begley Jr, ajoutent une couche de charme surréaliste au récit. Leur brève apparition en tant que couple excentrique préparant l'apocalypse souligne la préoccupation thématique du film sur la précarité des liens humains et la fragilité de la sécurité. Même dans leur tranquillité domestique, il y a une menace sous-jacente, un rappel que le danger se cache souvent sous le vernis de la normalité.
Sur le plan thématique, Strange Darling explore les complexités de la dynamique des genres et les perceptions sociétales de la vulnérabilité et de la prédation. Mollner n'offre pas de réponses faciles, mais élabore un récit qui invite à l'introspection - et l'exige à l'occasion. Les subversions du film sont aussi désorientantes que stimulantes, poussant les spectateurs à reconsidérer leurs idées préconçues sur la moralité et la justice.
Pourtant, Strange Darling n'est pas exempt de défauts. Sa dépendance à l'égard des rebondissements chocs et des subterfuges narratifs vire parfois à l'auto-complaisance, risquant d'aliéner les spectateurs moins sensibles à ses ambitions stylistiques. De plus, son traitement de la politique de genre, bien qu'audacieux, marche sur une ligne précaire entre le commentaire incisif et la perpétuation involontaire de tropes problématiques. Cependant, ces défauts sont atténués par l'énergie incessante du film et l'audace de sa narration.
En tant que film de genre, Strange Darling est une réussite rare, un film qui se délecte de ses propres contradictions et complexités. La réalisation habile de JT Mollner, associée aux performances électrisantes de Willa Fitzgerald et Kyle Gallner, fait de ce film une entrée remarquée dans le monde des thrillers psychologiques contemporains. Qu'il vous laisse exalté ou déconcerté, Strange Darling est un film qui refuse d'être oublié, s'incrustant dans votre psyché comme les démons qu'il cherche à dépeindre.
Strange Darling
Écrit et réalisé par JT Mollner
Produit par Bill Block, Steve Schneider, Roy Lee, Giovanni Ribisi
Avec Willa Fitzgerald, Kyle Gallner, Barbara Hershey, Ed Begley Jr.
Directeur de la photographie : Giovanni Ribisi
Montage : Christopher Robin Bell
Musique : Craig DeLeon
Sociétés de production : Miramax, Spooky Pictures
Distribué par Magenta Light Studios
Dates de sortie : 22 septembre 2023 (Fantastic Fest), 23 août 2024 (États-Unis)
Durée : 96 minutes
Vu le 2 octobre 2024 (VOD)
Note de Mulder: