Infernal affairs

Infernal affairs
Titre original:Infernal affairs
Réalisateur:Andrew Lau, Alan Mak
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:01 septembre 2004
Note:
Ming est une taupe dans la police de Hong Kong, implantée là par les bons soins du patron de la triade. Yan est un policier infiltré dans la triade depuis dix ans. Son casier judiciaire bien alourdi par les années est là pour témoigner de sa réussite. Parfaite symétrie des situations et des hommes : Ming et Yan sont également fatigués des rôles que leur font jouer, dans l'ombre, leurs patrons respectifs. Ming rêve de devenir un vrai policier. Yan est las de tuer au nom de la justice et voudrait pouvoir se retirer enfin.
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Infernal affairs constitue le premier volet d'une trilogie également composée d'un prologue (Infernal affairs II) et d'un épilogue (Infernal affairs III). Les intrigues des épisodes II et III ont été mises au point durant le tournage du premier film. Infernal affairs a donc remporté le prix du meilleur film, celui du meilleur réalisateur et celui du meilleur scénario aux 22èmes Hong Kong Film Awards. Infernal affairs fera l'objet d'un remake américain intitulé The Departed, réalisé par Martin Scorsese. Matt Damon reprendra le rôle de l'inspecteur ripoux dévolu dans l'original à Andy Lau, tandis que Leonardo DiCaprio succèdera à Tony Leung Chiu Wai dans le rôle du policier infiltré dans la triade.

Ce thriller est spectaculaire, tourmenté et machiavélique. C'est aussi minutieux qu'une toile d'araignée, aussi sec qu'un coup de trique, aussi vertigineux que trente tours de Hong Kong. Aucune graisse, un zest de muscles et un gros paquet de neurones pour ce jeu d'échecs existentiel, bourré de clins d'oeil à un genre, le film de flics, qui fit la réputation de Hongkong dans les années 80. Alors, précipitez-vous. Les deux acteurs sont époustouflants. Ce polar stylisé allie épaisseur psychologique et sens de l'abstraction géométrique. Sans oublier la présence de l'irrésistible Tony Leung. Ce thriller efficace et racé est le meilleur atout que le cinéma hong-kongais ait présenté au public international depuis longtemps.

Le cinéma de Hong Kong insuffle un nouveau courant dans le registre du polar. Plus sobre, plus cérébral, moins démonstratif mais tout aussi efficace et enthousiasmant. Le coup de coeur de cette rentrée, une éblouissante démonstration de maestria plastique et technique.

Film noir plus que film d'action, Infernal Affairs est aussi une tragédie. Tissant leur toile par de longs mouvements circulaires et de lents fondus enchaînés, Andrew Lau et Alan Mak nous enferment surtout dans une description angoissante, précise et géométrique de l'enfer sur terre.

Infernal Affairs se balade donc avec bonheur sur la frontière ténue entre le bien et le mal, entre l'honneur et la trahison, sans magnifier la violence ou verser dans un moralisme bon teint. Seul bémol, sa conclusion reste en deçà de la fantastique tension qui règne tout au long de cette oeuvre majeure.

Sous la forme d'un thriller à la réalisation efficace et haletante, qui privilégie les couleurs froides, dans un Hong Kong futuriste fait d'acier et de verre, ce film est aussi une belle illustration des contradictions que renferme chaque individu, sa constante lutte entre le bien et le mal en quelque sorte. Entre les scènes d'actions filmées au cordeau, à la violence contenue et nullement inutile, le réalisateur sait aussi prendre le temps d'asseoir ses personnages par des flash-back qui éclairent le présent et par des incursions dans leur vie privée. L'interprétation toute en finesses et sous-entendus, image de marque évidente du cinéma asiatique, ajoute encore au plaisir cérébral et jubilatoire pris à la vue de cet excellent opus.

A redécouvrir en DVD si vous avez raté son passage en salle….

Revu en DVD récemment et Vu précédemment le à la séance de salle au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Un policier parfaitement maîtrisé, ce succès hong-kongais d'il y a deux ans a depuis été suivi par deux autres films avec les mêmes personnages. Cet engouement pour des héros aussi complexes ne paraît guère étonnant, tellement ces derniers constituent la qualité majeure du film. Certes, il y a un souvenir agréable des films de Melville qui surgit lors des enquêtes et autres coups de filet. Toutefois, la structure heurtée du film, qui ne prend pas assez de temps pour aller d'un point à un autre et, surtout, la fin quelque peu interminable démontrent des lacunes scénaristiques que le style très travaillé ne cache que partiellement.
Non, la raison incontournable d'aller voir ce film est la complexité du personnage interpreté par Andy Lau. Alors que celui de Tony Leung Chiu Wai pâlit en comparaison, tellement il est bon et sans reproche, le commissaire figure parmi les méchants les plus ambigus de l'histoire du cinéma. Constamment tiraillé entre son appartenance au clan du mafieux et une aspiration finale au rachat et à la bonté, le rôle d'Andy Lau n'est jamais net et il ne quitte à aucun moment la zone d'ombre inquiétante qui l'entoure. Cette opacité qui le caractérise est servie parfaitement par les très beaux traits de lynx de l'acteur, un visage qui garde toujours un minimum de perfidie et la capacité d'une nouvelle trahison à chaque moment. Pratiquement inconnu en France, Andy Lau se révèle alors comme la découverte majeure de ce film, en attendant la sortie du Secret des poignards volants d'ici deux mois.

Vu le 30 septembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 24, en VO

Note de Tootpadu: