Chainsaws were singing

Chainsaws were singing
Titre original:Chainsaws were singing
Réalisateur:Sander Maran
Sortie:Vod
Durée:117 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Maria et Tom, récemment amoureux, sont séparés par l'attaque du Tueur. Pour se retrouver, ils doivent affronter non seulement le psychopathe au grand cœur, mais aussi tous les autres personnages impossibles qui rôdent dans la région.

Critique de Mulder

Chainsaws Were Singing du réalisateur Sander Maran est un e expérience cinématographique audacieuse qui mêle le théâtre musical, les thématiques de l'horreur et la comédie burlesque dans une œuvre estonienne chaotique. L'absurdité du film le propulse dans une catégorie à part, ce qui lui permet d'être aussi polarisé que mémorable. Avec des performances de Laura Niils, Karl-Joosep Ilves, Martin Ruus, Janno Puusepp et Rita Rätsepp, ce film est une célébration du cinéma DIY, caractérisé par une ambition folle et une narration imprévisible.

Chainsaws Were Singing ressemble à un mariage impie de Cannibal ! The Musical et The Texas Chainsaw Massacre. Dès la première scène, le film s'annonce par une joyeuse éclaboussure de sang et d'humour campagnard. Maria, interprétée par Laura Niils, subit une série d'événements malheureux - elle perd sa famille, son chien et son travail - avant que le destin ne la réunisse avec Tom, interprété par Karl-Joosep Ilves, un homme sur le point de mettre fin à ses jours. La brève romance du couple est interrompue de façon hilarante par le « tueur » de Martin Ruus, un psychopathe maniant la tronçonneuse et ayant une affinité pour la contemplation florale. Ce choc soudain de la romance et de la violence donne le ton des deux heures que dure le film.

Laura Niils confère à Maria une profondeur émotionnelle surprenante, tout en naviguant dans des moments burlesques et des situations exagérées. Karl-Joosep Ilves incarne Tom de manière charmante, bien qu'infortunée, dont la quête pour sauver Maria est à la fois héroïque et farfelue. Jaan, l'acolyte excentrique de Janno Puusepp, ajoute de la légèreté grâce à son humour pince-sans-rire et à son optimisme inébranlable. Quant au tueur de Martin Ruus, il est étonnamment complexe : il est à la fois un meurtrier vicieux et un artiste incompris, avec une histoire poignante livrée dans l'un des meilleurs numéros musicaux du film. Enfin, Rita Rätsepp domine l'écran dans le rôle de la mère abusive de Killer, incarnant la quintessence de la matriarche dominatrice avec une touche de menace comique.

L'un des éléments les plus frappants de Chainsaws Were Singing est son ambition musicale. Bien que le film ne comporte pas autant de chansons que son postulat le promet, les morceaux qu'il propose sont mémorables et apportent une touche d'originalité. Le remarquable solo de tronçonneuse, interprété par Martin Ruus, illustre l'humour décalé et l'esprit créatif du film. Ces intermèdes musicaux, souvent de nature satirique, renforcent l'absurdité du récit tout en offrant de brefs moments de sincérité qui laissent entrevoir des thèmes plus profonds tels que l'amour, la perte et l'identité. L'approche bricolée de Sander Maran est évidente dans chaque image, depuis le travail inventif de la caméra jusqu'aux effets gore pratiques. Les décors sanguinolents vont du grotesque hilarant à l'ingéniosité, soulignant l'engagement de Maran dans son métier. Malgré le faible budget du film, sa narration visuelle impressionne, avec des séquences comme la complainte lumineuse de Maria en prison ou la descente du film dans la cinématographie en noir et blanc, qui mettent en valeur l'expertise technique de Maran.

L'humour est l'élément vital de Chainsaws Were Singing, mais c'est aussi son talon d'Achille. Le film se délecte de l'absurdité, d'un culte Bukkake à des jumeaux incestueux, délivrant des blagues qui vont de l'audacieusement drôle au carrément écœurant. Le scénario de Sander Maran regorge de commentaires acerbes et satiriques sur les conventions de l'horreur, mais il s'enfonce parfois dans un territoire qui semble trop indulgent ou inutilement vulgaire. Le rythme de la comédie est inégal, et des séquences comme les longues mésaventures de Jaan dans la forêt ou les massacres interminables de Killer dépassent parfois le temps imparti. À près de deux heures, l'énergie frénétique du film commence à faiblir sous son propre poids, laissant les spectateurs dans l'attente d'une narration plus serrée et plus ciblée.

Sous le gore et les gags se cache une exploration sérieuse de l'humanité. La relation entre Tom et Maria, bien qu'absurdement précipitée, apporte à l'histoire un cœur tendre. De même, le portrait de Killer par Martin Ruus le transforme d'une simple caricature en une figure tragique façonnée par un cycle d'abus et de violence. Ces moments d'émotion, même s'ils sont peu nombreux, fondent le film et l'élèvent au-dessus de la simple parodie.
En fin de compte, Chainsaws Were Singing est un hommage à la créativité et à la passion du cinéma indépendant. Le parcours de la production, qui a duré dix ans, reflète le dévouement de Sander Maran, qui porte plusieurs chapeaux - réalisateur, compositeur, directeur de la photographie et bien d'autres - pour donner vie à sa vision. Le résultat est un film personnel et artisanal, dont chaque détail excentrique témoigne d'un amour profond pour le genre.

Chainsaws Were Singing n'est pas destiné à tout le monde. Son mélange de gore, de comédie musicale et d'humour irrévérencieux aliénera autant de spectateurs qu'il en enthousiasmera. Cependant, pour ceux qui peuvent embrasser son énergie chaotique et son absurdité implacable, il s'agit d'une expérience cinématographique singulière. Sander Maran a créé un film aussi imparfait que brillant - un joyau imparfait qui célèbre les joies de la narration et les possibilités débridées du cinéma DIY. Si ce n'est que Chainsaws Were Singing confirme sa place de classique culte en devenir.

Chainsaws Were Singing 
Écrit et réalisé par Sander Maran
Produit par Jan Andresson, Karl Ilves, Peeter Maran, Sander Maran
Avec Karl Ilves, Laura Niils, Martin Ruus, Janno Puusepp, Rita Rätsepp
Directeur de la photographie : Sander Maran
Montage : Sander Maran
Sociétés de production : Marani Bros
Distribué par NC
Date de sortie : NC
Durée : 117 minutes

Vu le 23 septembre 2024 (Fantastic Fest press screening)

Note de Mulder: