Titre original: | That Christmas |
Réalisateur: | Simon Otto |
Sortie: | Netflix |
Durée: | 92 minutes |
Date: | 06 décembre 2024 |
Note: |
Ce Noêl-là (That Christmas) de Simon Otto représente un effort ambitieux pour traduire la trilogie de livres pour enfants bien-aimés de Richard Curtis en un long métrage d'animation. En entremêlant trois intrigues distinctes, chacune centrée sur les thèmes de l'amour, de la solitude et de la famille, le film se veut une célébration sincère des fêtes de fin d'année. Cependant, dans sa tentative d'équilibrer de multiples récits et une multitude de personnages, le film peine à trouver son rythme, sa profondeur émotionnelle et sa cohésion, laissant finalement sous-exploité son potentiel de charme intemporel des fêtes de fin d'année.
Au cœur de Ce Noêl-là (That Christmas) se trouve la pittoresque ville côtière de Wellington-on-Sea, une communauté soudée qui se prépare à vivre la période la plus merveilleuse de l'année. Au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, les spectateurs font la connaissance d'un ensemble d'acteurs, chacun faisant face à un ensemble de défis qui lui est propre. Le timide et socialement isolé Danny Williams, interprété par Jack Wisniewski, lutte contre les affres de la solitude alors que sa mère, jouée par Jodie Whittaker, travaille de longues heures en tant qu'infirmière, le laissant naviguer sur Noël en grande partie seul. Pendant ce temps, Sam Beccles (Zazie Hayhurst) et sa sœur jumelle Charlie Beccles (Sienna Sayer) sont aux prises avec la dynamique de la fratrie, Sam, réservée et consciencieuse, s'inquiétant des espiègleries de Charlie et de sa place sur la liste des méchants du Père Noël. Enfin, la fougueuse Bernadette McNutt (India Brown) se révèle être un leader inattendu lorsqu'une tempête de neige la laisse, elle et ses plus jeunes enfants, livrés à eux-mêmes pendant que leurs parents sont bloqués à l'extérieur de la ville.
Narré par le Père Noël, dont la voix est animée de manière experte par l'imposant Brian Cox, le film intègre ces récits disparates en une seule histoire autour du chaos et de la rédemption de Noël. Le personnage principal présente Wellington-on-Sea comme un lieu où se déroulent des événements extraordinaires, en particulier pendant les fêtes de fin d'année. Ce dispositif de cadrage confère un air de réalisme magique au récit, ancrant les éléments fantastiques dans la chaleur familière de la vie de la communauté. Cependant, si la narration du Père Noël apporte cohésion et charme, la structure générale du film semble surchargée et inégale, ce qui reflète sa tentative d'adapter trois livres en une expérience cinématographique singulière.
Le principal défi de Ce Noël-là réside dans sa portée ambitieuse. En jonglant avec de multiples sous-intrigues, le film risque de perdre sa concentration, et en effet, certains personnages et certaines histoires reçoivent moins d'attention que d'autres. L'histoire de Danny est le point d'ancrage émotionnel du film, explorant les thèmes de l'abandon, de la résilience et de l'amitié inattendue. L'évolution de sa relation avec Mme Trapper (Fiona Shaw), une enseignante sévère mais solitaire, est tendrement élaborée et fournit les moments les plus sincères et les plus poignants du film. Leur lien improbable, alimenté par un isolement partagé, se déploie avec subtilité et chaleur, offrant une représentation nuancée des liens humains pendant les fêtes de fin d'année.
L’arc du récit autour de Sam et Charlie, bien que charmant, semble précipité et manque de la profondeur émotionnelle nécessaire pour captiver pleinement le public. Le dilemme moral entourant le concept de « méchanceté » et la façon dont il façonne la perception d'une personne aux yeux du Père Noël est intriguant mais insuffisamment exploré. De même, le parcours de Bernadette en tant que gardienne improvisée d'un groupe d'enfants met en valeur son leadership plein d'entrain, mais s'appuie fortement sur l'humour burlesque et les clichés, ce qui diminue le poids de son arc. Ce déséquilibre narratif est aggravé par le rythme du film. Le premier acte introduit une multitude de personnages et de conflits, souvent au détriment de la clarté et de la concentration. Au fur et à mesure que l'histoire progresse, le passage constant d'une intrigue à l'autre perturbe le flux émotionnel, empêchant les spectateurs de s'investir pleinement dans l'une ou l'autre des intrigues. Alors que le point culminant tente de relier ces fils dans une résolution réconfortante, la convergence semble artificielle, rappelant la lutte du film pour réconcilier sa portée ambitieuse avec sa durée limitée.
Visuellement, Ce Noêl-là (That Christmas) est un régal pour les yeux, bien qu'il s'appuie davantage sur une esthétique conventionnelle que sur une innovation révolutionnaire. L'expérience de Simon Otto en tant qu'animateur sur How to Train Your Dragon est évidente dans le rendu détaillé de Wellington-on-Sea, de ses rues enneigées à ses maisons douillettes et à sa place animée. L'animation excelle à capturer l'esprit de fête, avec des lumières de Noël scintillantes, des flocons de neige tourbillonnants et des intérieurs chaleureusement éclairés qui créent une atmosphère accueillante. Cependant le design des personnages est moins réussi. Bien que fonctionnels, ils n'ont pas le caractère distinctif et le charme nécessaires pour les rendre vraiment mémorables. Les traits exagérés, tels que les nez bulbeux et les expressions trop simplistes, ne cadrent pas avec les environnements richement texturés, ce qui entraîne une incohérence visuelle qui nuit à l'expérience globale. En outre, le style d'animation, bien que soigné, ne parvient pas à repousser les limites du médium, ce qui donne au film une impression de sécurité visuelle plutôt que d'innovation.
Ce Noêl-là (That Christmas) saisit les complexités douces-amères de la saison des fêtes. Il reconnaît que Noël n'est pas universellement joyeux et explore les luttes de ses personnages avec sincérité et compassion. Le sentiment d'abandon de Danny, l'anxiété de Sam face au comportement de sa sœur et la quête de Bernadette pour faire ses preuves reflètent tous les multiples facettes de l'expérience des fêtes de fin d'année. La volonté du film de s'engager dans ces réalités émotionnelles le différencie des films de vacances plus saccharines. Cependant, cette profondeur émotionnelle est souvent sapée par un recours excessif à l'humour et au spectacle. Les gags à l'eau de rose, bien que divertissants pour le jeune public, ne sont pas à leur place dans des moments qui exigent un véritable pathos. Le ton comique du film, associé à sa tendance à résoudre les conflits de manière trop nette, diminue l'impact de ses thèmes les plus profonds. En conséquence, Ce Noêl-là (That Christmas) se sent souvent pris entre deux identités : une exploration sincère des difficultés liées aux fêtes de fin d'année et une comédie familiale légère.
L'influence de Richard Curtis est indéniable tout au long du film. Qu'il s'agisse des intrigues entrelacées, des dialogues pleins d'esprit ou des sous-entendus sentimentaux, Ce Noêl-là (That Christmas) porte les marques de son style de narration. Pourtant, alors que ces éléments fonctionnaient brillamment dans des films comme Love Actually, ils semblent moins cohérents dans ce format animé. Le penchant de Curtis pour l'humour métaphorique, y compris un clin d'œil autoréférentiel à Love Actually, ressemble plus à une distraction qu'à un ajout intelligent, ce qui nuit à l'authenticité du film. L'écriture de Curtis brille davantage dans les moments plus calmes, comme l'échange poignant de notes autocollantes entre Danny et sa mère ou les réflexions solitaires de Mme Trapper dans sa maison vide. Ces scènes résument le potentiel du film à émouvoir le public, démontrant que moins, c'est souvent plus lorsqu'il s'agit de raconter une histoire.
Ce Noêl-là (That Christmas) est un film qui déborde de bonnes intentions, mais dont l'exécution laisse à désirer. Ses thèmes sincères et ses moments de chaleur authentique en font un film qui vaut la peine d'être vu, en particulier pour les familles à la recherche d'une évasion festive. Cependant, sa lourdeur narrative, son rythme inégal et son ton incohérent l'empêchent d'atteindre les sommets des classiques des fêtes de fin d'année comme Klaus ou Le Polar Express. Pour les jeunes publics, l'humour et les images vibrantes peuvent suffire, mais pour ceux qui recherchent une connexion émotionnelle plus profonde, les lacunes du film peuvent laisser à désirer.
Malgré ses défauts, Ce Noêl-là (That Christmas) nous rappelle la magie et le désordre des fêtes de fin d'année, une période où convergent l'amour, le rire et une touche de chaos. Bien qu'il ne devienne pas un favori éternel, il réussit à délivrer un message d'espoir et de solidarité qui résonne au-delà de ses imperfections. Pour cette seule raison, il s'agit d'un ajout bienvenu au canon grandissant du cinéma de Noël.
Ce Noël-là (That Christmas)
Réalisé par Simon Otto
Écrit par Richard Curtis, Peter Souter
D'après Ce Noêl-là (That Christmas) and Other Stories de Richard Curtis
Produit par Nicole P. Hearon, Adam Tandy
Avec Brian Cox, Fiona Shaw, Jodie Whittaker, Bill Nighy
Montage : Sim Evan-Jones
Musique de John Powell
Sociétés de production : Netflix Animation, Locksmith Animation, DNEG Animation
Distribué par Netflix
Dates de sortie : 19 octobre 2024 (BFI London Film Festival), 4 décembre 2024 (Netflix, États-Unis), 6 décembre 2024 (Netflix, France).
Durée : 92 minutes
Vu le 6 décembre 2024 sur Netflix
Note de Mulder: