Titre original: | The Lord of the Rings : The War of the Rohirrim |
Réalisateur: | Kenji Kamiyama |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 134 minutes |
Date: | 11 décembre 2024 |
Note: |
Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim est un retour nostalgique à la Terre du Milieu qui explore le passé historique du Rohan avec un mélange unique de profondeur émotionnelle et d'images ambitieuses. Réalisé par Kenji Kamiyama, le film revisite l'univers de Tolkien pour raconter la légende de Helm Hammerhand, personnage central de l'histoire du Rohan, ainsi que la genèse du Gouffre de Helm, la forteresse qui devient synonyme de résilience dans Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours. Ancré par une narration captivante et un casting solide, le film résonne avec des thèmes puissants de sacrifice, de vengeance et d'héritage, mais son exécution incohérente l'empêche d'atteindre pleinement les sommets épiques qu'il s'efforce d'atteindre.
La vision de Kenji Kamiyama est audacieuse, développant la mythologie de Tolkien par le biais de l'animation. Se déroulant des siècles avant les événements de la trilogie du Seigneur des Anneaux, le film raconte une histoire autonome centrée sur le royaume assiégé du Rohan. Narré par Éowyn, à nouveau interprétée par Miranda Otto, le film rattache le récit à l'ensemble de l'histoire tout en lui conférant sa propre identité. La narration apporte une couche de gravité et de continuité émotionnelle, rappelant aux spectateurs les luttes intemporelles qui définissent la Terre du Milieu.
Au cœur de l'histoire se trouve Helm Hammerhand, le roi du Rohan, interprété avec une présence imposante par Brian Cox. Helm est un personnage complexe, incarnant la dualité d'un protecteur royal et d'un guerrier impétueux. Le récit rend compte de son désespoir alors qu'il se bat pour préserver son royaume contre Wulf, un chef vengeur des Dunlendings. Wulf, incarné par Luca Pasqualino, est un antagoniste fascinant qui est plus qu'un simple méchant. Ses motivations, enracinées dans la vengeance et l'ambition, lui donnent une profondeur qui rend le conflit central à la fois personnel et inévitable. L'interaction entre ces deux chefs, chacun animé par son propre sens de la justice, élève le récit au-delà d'une histoire conventionnelle opposant le bien au mal.
Héra, la fille de Helm, interprétée par Gaia Wise, est un ajout remarquable au monde de Tolkien. Son personnage est une création inspirée, mêlant courage, vulnérabilité et un sens inébranlable du devoir. Véritable noyau émotionnel du film, le parcours d'Héra, de fille loyale à guerrière déterminée, met en lumière les contributions souvent négligées des femmes dans la grande tapisserie de la Terre du Milieu. Son personnage établit des parallèles avec Éowyn, la demoiselle de bouclier qui a défié les attentes dans la trilogie originale, mais Héra est moins nuancée. Bien que son arc soit fascinant, il semble parfois sous-développé, le scénario s'appuyant sur son rôle de figure symbolique plutôt que d'explorer pleinement son individualité. Néanmoins, l'interprétation de Gaia Wise confère à Héra une détermination ardente qui en fait une présence inoubliable.
Visuellement, La Guerre des Rohirrim prend des risques audacieux en mélangeant l'animation 2D et 3D, créant ainsi un mélange stylistique aussi ambitieux qu'inégal. Les vastes paysages du Rohan, les forteresses enneigées et les batailles frénétiques sont souvent à couper le souffle, capturant la grandeur de la Terre du Milieu avec une perspective nouvelle. Cependant, l'exécution laisse à désirer dans plusieurs domaines, avec des transitions brutales entre les styles d'animation et des incohérences occasionnelles dans la conception visuelle. Les modèles de personnages et les décors manquent parfois des détails complexes et de la qualité que l'on peut attendre d'un récit se déroulant dans le monde richement imaginé de Tolkien, ce qui se traduit par des moments où la narration visuelle semble plate.
Malgré ses légers défauts visuels, le film excelle dans ses séquences d'action. Kamiyama chorégraphie les batailles avec une intensité viscérale, combinant des charges de cavalerie et des combats rapprochés pour créer un sentiment dynamique d'échelle et d'urgence. Ces moments sont renforcés par la partition évocatrice de Stephen Gallagher, qui combine des compositions originales et des échos des thèmes emblématiques d'Howard Shore. Des morceaux comme The Rider de Paris Paloma apportent une énergie à la fois contemporaine et intemporelle à la bande originale, soulignant le poids émotionnel de l'histoire sans pour autant éclipser les moments narratifs.
Sur le plan thématique, le film aborde le coût du leadership, le poids de l'héritage et les sacrifices nécessaires pour protéger son peuple. Le parcours tragique de Helm Hammerhand est une exploration poignante de ces idées, car ses choix sont motivés par un amour profond pour son royaume mais gâchés par son incapacité à tempérer sa rage. De même, l'arc de Héra reflète la résilience et la force des Rohirrim, montrant comment les individus s'élèvent pour répondre aux exigences de l'histoire. L'inclusion de Wulf en tant qu'antagoniste complexe ajoute une autre couche de profondeur thématique, car ses motivations forcent le public à s'interroger sur la justesse de la cause du Rohan et sur les cycles de violence qui perpétuent de tels conflits.
Cependant, le rythme du film nuit à son impact émotionnel. La première moitié est délibérée, construisant la tension et établissant les enjeux, mais la seconde moitié précipite les moments clés, sacrifiant le développement des personnages au profit du spectacle. Les séquences de combat, bien que palpitantes, éclipsent parfois les moments plus calmes et plus introspectifs qui auraient pu ajouter de la profondeur au récit. En outre, le recours à la nostalgie, avec des références flagrantes à la trilogie de Peter Jackson, semble parfois forcé, éloignant les spectateurs de l'histoire pour qu'ils reconnaissent ses liens avec la grande saga.
Le personnage de Wulf illustre à la fois les forces et les faiblesses du film. En tant que chef des Dunlendings, il est un adversaire redoutable dont la vendetta contre Helm est à la fois personnelle et politique. Le scénario le dépeint comme un personnage façonné par la perte et animé par un sentiment d'injustice, mais il n'explore pas pleinement les nuances de son point de vue. Ce manque de profondeur s'étend à l'ensemble de la construction du monde, car le film se concentre étroitement sur le conflit central sans le situer pleinement dans le paysage sociopolitique plus large de la Terre du Milieu.
Les moments les plus forts, en particulier ceux qui impliquent Héra, résonnent d'un puissant sens du sacrifice et de l'espoir. Sa transformation en un symbole de l'esprit durable du Rohan est à la fois poignante et triomphante, capturant l'essence des thèmes de Tolkien. La conclusion rattache l'histoire à la mythologie plus large de la Terre du Milieu, offrant une résolution satisfaisante bien qu'un peu prévisible.
Le Seigneur des Anneaux : La guerre des Rohirrim est un ajout digne de ce nom à la saga de la Terre du Milieu, malgré ses légères imperfections. Il offre une nouvelle perspective sur un monde bien-aimé, combinant des batailles épiques avec des moments intimes pour créer une histoire à la fois palpitante et émotionnelle. S'il n'atteint pas les sommets cinématographiques de la trilogie de Peter Jackson, il témoigne de la puissance durable de l'univers de Tolkien et de la richesse de ses histoires. Pour les fans de la Terre du Milieu, c'est un voyage qui vaut la peine d'être entrepris, offrant un aperçu de l'histoire du Rohan et de l'esprit indomptable de son peuple.
Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim (The Lord of the Rings : The War of the Rohirrim)
Réalisé par Kenji Kamiyama
Écrit par Jeffrey Addiss, Will Matthews, Phoebe Gittins, Arty Papageorgiou
Histoire de Jeffrey Addiss, Will Matthews, Philippa Boyens
D'après les personnages créés par J. R. R. Tolkien
Produit par Philippa Boyens, Jason DeMarco, Joseph Chou
Avec Brian Cox, Gaia Wise, Luke Pasqualino, Miranda Otto
Musique : Stephen Gallagher
Sociétés de production : New Line Cinema, Warner Bros. Animation, Sola Entertainment, WingNut Films
Distribué par Warner Bros. Pictures
Date de sortie : 11 décembre 2024 (France), 13 décembre 2024 (Etats-Unis)
Durée : 134 minutes
Vu le 9 décembre 2024 au Grand Rex
Note de Mulder: